(CROISSANCE AFRIQUE)-Les récentes restrictions sur les exportations de karité par le Burkina Faso et le Mali ont engendré des répercussions profondes sur le marché du karité au Bénin.
En septembre et octobre, ces interdictions ont perturbé la chaîne d’approvisionnement en Afrique de l’Ouest, entraînant une flambée des prix. Le rapport de N’kalô, publié le 24 octobre, révèle que les tarifs bord-champ ont triplé, atteignant des niveaux sans précédent. Cette situation met en lumière l’importance du karité dans l’économie béninoise et les vulnérabilités liées à la dépendance vis-à-vis de l’approvisionnement voisin.
Les interdictions d’exportation au Mali et au Burkina Faso étaient motivées par divers facteurs, notamment des préoccupations économiques et environnementales. Ces pays, qui font partie des principaux producteurs de karité, ont décidé de restreindre leurs envois vers l’étranger pour protéger leur marché intérieur.
Cette décision a créé un déséquilibre sur le marché régional, provoquant une course à l’approvisionnement de la part des acheteurs béninois. Le contexte géopolitique a également joué un rôle dans ces décisions restrictives.
Avec la réduction des flux de karité en provenance des pays voisins, le Bénin a subi des pénuries significatives. Les petits producteurs et les transformateurs locaux se retrouvent en difficulté pour obtenir les noix de karité nécessaires.
La hausse soudaine des coûts a également exacerbé la crise d’approvisionnement, rendant la situation encore plus précaire. Les entreprises doivent maintenant s’adapter rapidement pour survivre dans ce nouvel environnement économique défavorable.
Les prix bord-champ au Bénin ont connu une hausse drastique, oscillant entre 450 et 490 FCFA/kg, selon la région. Cette augmentation est particulièrement marquée dans des départements comme le Borgou, Atacora et les Collines. L’inflation des prix est alarmante, comparée aux précédentes tendances où les tarifs étaient beaucoup plus stables.
Les producteurs locaux se voient contraints d’augmenter leurs prix, ce qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur les ventes et la consommation locale.
En comparaison avec d’autres pays de la région, les prix au Bénin sont beaucoup plus élevés. Par exemple, en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Nigeria, les prix oscillent entre 215 et 350 FCFA/kg. Cette divergence souligne la complexité de la situation au Bénin, où la hausse des prix pourrait réduire sa compétitivité à l’exportation. Les acteurs du marché devront donc surveiller de près cette dynamique pour ajuster leurs stratégies commerciales.
Les petites unités de transformation rencontrent des difficultés majeures face à l’escalade des prix du karité. Avec des marges bénéficiaires déjà serrées, l’augmentation des coûts des amandes les contraint à revoir leur modèle économique. Malgré un prix de vente du beurre de karité stable, les coûts plus élevés des matières premières pourraient entraîner des ruptures d’approvisionnement. Les conséquences de cette situation pourraient également se répercuter sur les chômeurs et les travailleurs informels liés à cette filière.
Notons que les perspectives pour le marché du karité en Afrique de l’Ouest sont incertaines à court terme. Alors que la demande pour le karité reste élevée, l’approvisionnement est de plus en plus compromis.
Pour rappel, les analystes prévoient de nouvelles hausses de prix, accentuant les défis pour les petits acteurs du secteur. Toutefois, les opportunités d’innovation et de diversification restent présentes, et la consolidation des chaînes d’approvisionnement pourrait offrir des solutions durables pour l’avenir.
Abdoulaye KONE