(CROISSANCE AFRIQUE)- Au Burkina Faso, les autorités annoncent un investissement de 300 milliards de FCFA soit (environ 534,6 millions de dollars) dans un vaste projet de réaménagement des barrages urbains 1, 2 et 3. Cet investissement est justifié par l’ampleur des travaux, mais aussi par le potentiel socioéconomique qu’il représente.
« C’est un projet de transformation urbaine et environnementale, un levier de développement endogène », a déclaré Boukaré Sabo, directeur général de l’AEN. L’atelier qui a réuni des représentants de plusieurs ministères, des collectivités territoriales et des services techniques, a permis de poser les bases d’une feuille de route claire, censée guider l’exécution opérationnelle du projet.
Porté par l’Agence de l’Eau du Nakanbé (AEN), sous la tutelle du ministère en charge de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement, ce chantier stratégique entend faire des plans d’eau de la capitale, un atout écologique, un pôle touristique, mais aussi un levier économique. A travers cette initiative, les autorités veulent offrir une nouvelle image à Ouagadougou, tout en répondant aux impératifs écologiques et aux besoins sociaux d’une population urbaine en pleine croissance. Il s’agit d’un test grandeur nature de la politique de développement endogène promue par le gouvernement de la transition.
Réalisés en 1963, ces trois barrages ont longtemps assuré l’approvisionnement en eau potable de la ville, avec une capacité totale initiale estimée à près de 14,96 millions de m³. Cependant, des décennies d’urbanisation anarchique, de maraîchage incontrôlé, d’occupations illégales et de pollution croissante, ont fortement dégradé ces ouvrages. Résultat : insalubrité chronique, prolifération de la jacinthe d’eau, et perte de valeur écologique dans un périmètre pourtant stratégique, en lisière de la forêt classée de Bangr-Weoogo.
Le 10 juillet 2025, lors d’un atelier stratégique, le ministre Roger Baro a réaffirmé la vision du gouvernement : ‘’Il ne s’agit pas seulement d’un chantier hydraulique. C’est un poumon écologique qu’il faut savoir valoriser ». Fidèle à la volonté du président, le projet vise à rendre les barrages navigables et à transformer leurs abords en zones d’activités économiques et touristiques durables.
Notons que le projet actualisé prévoit le curage et l’entretien des bassins ; l’aménagement pour la navigation ; la création d’infrastructures touristiques et sportives ; la construction de ponts et de voies d’accès. L’objectif est non seulement de restaurer les fonctions originelles des barrages, notamment l’approvisionnement en eau potable (utilisé en appoint de janvier à mai), mais aussi de leur conférer de nouvelles vocations économiques, cohérentes avec le programme national de refondation urbaine.
Pour rappel, la réussite de ce projet dépendra toutefois de l’adhésion des riverains, de la coordination inter institutionnelle et surtout, de la capacité à mobiliser les financements nécessaires tout en garantissant une gestion durable des ouvrages réhabilités.
Abdoulaye KONÉ