Le monde est en crise. Les inégalités s’ exacerbent. La pauvreté ne cesse de grimper avec son lot de désolation.
Dans un tel contexte, de grands groupes mondiaux évoluant dans des secteurs de rente comme la banque, les télécommunications et l’industrie pharmaceutique annoncent des résultats financiers mirobolants.
La question est de savoir s’ il est admissible voire tolérable dans un contexte mondial de pauvreté absolue d’assister à de telles super performances et de les rendre aussi visibles grâce à une communication à outrance.
Je demeure convaincu que ces gros profits annoncés reflètent des dysfonctionnements dans la manière dont l’économie mondiale est dirigée par le capitalisme.
Contrairement à beaucoup d’économistes du 19ème siècle, nous pensons honnêtement que l’économie est un système de vases communicants et un jeu à sommes nulles.
Si de grosses entreprises arrivent à faire de tels super profits c’est qu’il y’a des imperfections quelque part dans le systeme: exemple: elles ne rémunèrent pas assez certains facteurs de production situés en amont ( achats de marchandises ou de matières, consommations intermédiaires, salaires, impôts et taxes ) L’anomalie peut aussi cacher des strategies de surfacturation des prestations fournies aux consommateurs ( exemples conditions de crédit appliquées à la clientèle ou marges réalisées sur le litre de carburant ou sur le prix de vente facturé aux officines de pharmacie)
Des lors, les règles comptables universelles devraient normalement être revues de manière à les adapter au contexte et à mieux encadrer les capacités à faire des profits des géants mutinationnaux.
La récente décision mondiale consistant à taxer de 15% minimum les bénéfices des entreprises à compter de fin 2023 semble aller dans la bonne direction mais insuffisante.
En effet, les profits peuvent être minorés par diverses stratégies d’optimisation fiscale, de transferts de rémunération intergroupes ou de fausses déclarations.Vu l’occurence de ces différents facteurs, les effets d’une taxe complémentaire de 15% pourraient être limités.
Au regard de tout ce qui précède, nous proposons les axes suivants
1 remettre en pole position la comptabilité analytique et la rendre obligatoire à toutes les entreprises mondiales. Dans le contexte d’inflation actuel, les pouvoirs publics devraient veiller à la pertinence des coûts annoncés.
2 introduire une limite à ne pas dépasser sur le ratio bénéfice sur chiffre d affaire. Celui -ci devrait être défini et corrigé bi annuellement en fonction des nouveaux paramètres de l’environnement.
3 encadrer les règles de la RSE en exigeant des entreprises de consacrer un % minimum obligatoire de leur bénéfice aux collectivités..
4 Inventer dans le lexique économique mondial la notion d’entreprise vitale (exemple les Gafam et entreprises du Cac 40) et amener les États à rentrer dans leur capital social.
Magaye GAYE
Économiste International