(CROISSANCE AFRIQUE)-Au quatrième trimestre de l’année 2024, les aéroports situés sur le territoire congolais, et plus particulièrement ceux de Brazzaville, la capitale, et de Pointe-Noire, la principale ville portuaire, se sont affirmés comme un véritable corridor monétaire stratégique, avec un impressionnant montant total de 67,4 milliards de FCFA transportés physiquement par les passagers quittant le territoire national.
Conformément aux données fournies par le Rapport sur les mouvements de fonds dans les frontières, il a été révélé que 393 voyageurs ont déclaré transporter des sommes d’argent liquide, ce qui correspond à une moyenne remarquable d’environ 171 millions de FCFA transportés par chaque passager. Ces flux financiers, qui ont été officiellement déclarés, offrent un aperçu précieux de l’ampleur et de la dynamique des mouvements financiers transfrontaliers qui ont lieu dans la région, et confirment de manière indiscutable le rôle stratégique que jouent ces aéroports dans la circulation des capitaux à l’échelle régionale.
Il est particulièrement notable que la très grande majorité des fonds, représentant 97% du total, soit plus de 55,9 milliards de FCFA, a été transportée depuis l’aéroport international Maya-Maya de Brazzaville, indiquant ainsi une concentration exceptionnelle des sorties de capitaux à partir de ce point névralgique. En revanche, l’aéroport de Pointe-Noire, quant à lui, ne représente qu’un modeste 3% des flux financiers observés, soulignant une disparité significative dans la distribution des mouvements de capitaux.
Les déclarations effectuées par les passagers à l’arrivée et au départ à ces aéroports montrent que ceux-ci transportent principalement de l’argent liquide dans le cadre de leurs voyages, ce qui accentue l’importance des infrastructures aéroportuaires congolaises en tant que vecteurs essentiels pour les transactions économiques transnationales et pour l’économie locale dans son ensemble. Les sorties de devises déclarées se dirigent essentiellement vers un total impressionnant de 47 destinations à travers le monde, mais il est particulièrement évident que certains axes ont une influence et une importance nettement plus marquées que d’autres.
En premier lieu, la Chine émerge comme la destination phare, regroupant le plus grand nombre de voyageurs transportant des devises, avec un impressionnant 34,7% des flux, suivie de près par le Liban qui attire 16,7% de ces mouvements économiques, tandis que Dubaï se classe également de manière significative avec 13,4%. Toutefois, si l’on considère plutôt la valeur totale des fonds transportés par ces voyageurs, le Cameroun s’avère être le véritable leader, captant à lui seul une part écrasante de 81,5% des montants déclarés, contrastant fortement avec les 9,7% attribués à la Libye et avec la Chine qui ne représente qu’une minuscule fraction de 1,5%.
Ces divers mouvements financiers soulèvent des enjeux cruciaux et préoccupants pour le Congo, illustrant une série de défis à relever. En effet, le fait que 359 passagers aient transporté plus de 5 millions de FCFA, qui constitue le seuil réglementaire de déclaration fixé au sein de l’espace CEMAC, confirme de manière indiscutable que les aéroports congolais ont véritablement évolué en véritables carrefours stratégiques pour l’entrée et la sortie des capitaux.
Notons que cette dynamique économique met ainsi en lumière une réalité complexe où le cash conserve une place prépondérante, tout en soulevant des questions essentielles concernant la traçabilité des mouvements de fonds, la conformité aux réglementations en vigueur, ainsi que la nécessaire surveillance des flux financiers, des aspects qui méritent d’être examinés de près par les autorités locales et les acteurs économiques.
Moussa KONÉ

