(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Burkina Faso, l’Association interprofessionnelle du coton (AICB) affiche une ambition renouvelée pour le coton génétiquement modifié, visant à améliorer la productivité de cette culture essentielle.
Ce retour aux OGM est perçu comme une opportunité pour rattraper les rendements décevants et se positionner face à d’autres producteurs mondiaux. La expertise de Modeste Aboe, sur le sujet, souligne l’importance de cette initiative, en particulier après les débats entourant l’abandon des OGM en 2016/2017.
L’ambition de l’AICB de se réengager dans la culture de coton OGM est motivée par la nécessité d’augmenter la productivité. Les producteurs burkinabés sont confrontés à des rendements nettement inférieurs par rapport à ceux d’autres pays comme la Chine, le Brésil et l’Inde. Ainsi, l’AICB s’oriente progressivement vers l’adoption des technologies biotechnologiques comme solution à ces défis.
Le principal argument pour l’abandon des OGM était la qualité des fibres produites. En effet, le coton génétiquement modifié présentait des fibres plus courtes, jugées de moindre qualité que celles du coton conventionnel. Toutefois, les experts estiment qu’une nouvelle évaluation des OGM pourrait se révéler bénéfique à condition de mieux gérer les variétés cultivées.
La comparaison des rendements agricoles révèle un fossé important : les pays comme la Chine et le Brésil obtiennent des rendements de 2 à 2,5 tonnes par hectare grâce aux OGM. En revanche, au Burkina Faso, les rendements tournent autour d’une tonne par hectare, et certains pays voisins enregistrent même moins de 700 kg par hectare, soulignant la nécessité de changements dans la filière.
La culture de coton OGM pourrait significativement améliorer les rendements en plus d’optimiser des paramètres technologiques comme la longueur et la ténacité des fibres. Ces améliorations pourraient également avoir un impact positif sur la qualité du produit final, rendant le coton burkinabé plus compétitif sur le marché mondial. Le soutien à l’utilisation des OGM est donc stratégique pour répondre aux exigences du marché et des producteurs.
Le coton africain est reconnu pour sa qualité grâce à des pratiques de culture durables, souvent manuelles. Cela lui permet de maintenir des standards élevés dans la filière textile. La valorisation de cette réputation est essentielle pour attirer les filateurs qui recherchent des fibres respectueuses de l’environnement tout en offrant des caractéristiques techniques satisfaisantes.
Cependant, l’apport de la biotechnologie suscite des réserves. Certains observateurs soulignent que les effets positifs des OGM ne suffisent pas à eux seuls pour transformer la filière. Un développement équilibré et réfléchi est donc nécessaire pour tirer pleinement parti des avantages offerts par ces technologies.
Le cas du Nigéria illustre les défis rencontrés par certains pays malgré l’adoption des OGM. Bien que le Niger ait approuvé la culture commerciale du coton Bt en 2018, sa production reste marginale par rapport à ses voisins. Cela met en lumière l’importance d’un cadre stratégique cohérent pour que l’adoption des OGM soit réellement fructueuse.
Notons que le retour vers le coton génétiquement modifié par l’AICB pourrait marquer une étape cruciale pour l’avenir de la filière cotonnière au Burkina Faso. Cela représente une opportunité d’amélioration significative des rendements tout en respectant l’identité et la réputation du coton africain sur le marché mondial.
Zangouna KONE