(CROISSANCE AFRIQUE)-Au cœur de vives turbulences financières, le Nation Media Group, pilier de l’industrie médiatique au Kenya, est actuellement confronté à un tournant majeur de son histoire. La récente démission de son PDG, Stephen Gitagama, souligne l’ampleur des défis auxquels le groupe est confronté. Dans un paysage médiatique en rapide évolution, cette démission met en lumière des enjeux structurels et stratégiques cruciaux pour l’avenir du groupe.
Stephen Gitagama a annoncé qu’il quitterait ses fonctions de PDG de Nation Media Group à la fin du mois de juillet 2024, marquant la fin d’une ère pour l’un des plus importants conglomérats médiatiques d’Afrique. Cette annonce, vue par beaucoup comme un symptôme des difficultés internes du groupe, pose un nouveau défi pour l’entreprise qui doit désormais trouver un successeur capable de naviguer dans une période d’incertitude notable.
Le départ de Gitagama survient dans un contexte particulièrement compliqué pour le Nation Media Group qui a procédé au licenciement d’une vingtaine d’employés entre mai et juin 2024, illustrant la période d’instabilité que traverse l’entreprise. Cette 5ème vague de licenciements depuis 2020 témoigne des efforts de restructuration entrepris par le groupe face à une conjoncture défavorable.
Licenciements et instabilité au sein du groupe
Les récentes coupes dans le personnel, ainsi que les informations suggérant que 80 % des membres du Conseil d’administration prévoient de quitter le groupe d’ici la fin de 2024, accentuent le sentiment d’incertitude au sein de Nation Media Group. Ces perturbations internes soulignent la nécessité d’une refonte stratégique pour assurer la pérenité de l’entreprise.
Problèmes financiers et baisse des revenus publicitaires
Confronté à une érosion de ses revenus publicitaires et à une baisse de l’attractivité de ses éditions en format papier, notamment son fleuron le Daily Nation, Nation Media Group a enregistré une perte de 1,6 million USD pour l’exercice 2023. Cette situation financièrement préoccupante met en exergue les défis auxquels la presse écrite est confrontée à l’ère du numérique.
En réponse à ces turbulences, le groupe a récemment annoncé une stratégie de digitalisation, incluant la mise en place de paywalls, afin de s’adapter à l’évolution des modes de consommation de l’information. Cette orientation vers le numérique semble être un pivot crucial pour le groupe, cherchant à redynamiser son modèle d’affaires et à offrir des contenus adaptés aux nouvelles attentes de son audience.
Déclin de la presse écrite en Afrique
Le cas de Nation Media Group n’est pas isolé. Le déclin de la presse écrite, accéléré par la transition numérique, est un phénomène observé à l’échelle continentale. La nécessité de repenser les modèles économiques des médias est désormais un enjeu majeur, soulignant l’importance de l’innovation et de l’adaptation dans un secteur en constante évolution.
Notons que la démission de Stephen Gitagama s’inscrit dans un contexte de mutation profonde pour le Nation Media Group et, plus largement, pour l’industrie de la presse en Afrique. Alors que le groupe s’emploie à naviguer dans cette période de transformation, l’issue de ces changements déterminera son aptitude à rester un acteur clé dans le paysage médiatique africain.
Pour rappel, l’avenir de Nation Media Group, à la croisée des chemins entre tradition et innovation numérique, sera déterminant non seulement pour ses employés et sa direction mais aussi pour le public qui suit ses publications.
Korotoumou Sylla