(CROISSANCE AFRIQUE)- En Afrique, plusieurs observateurs estiment que les aides étrangères ne sont plus la solution viable face aux besoins croissants de développement du continent. La preuve, les données officiels ont indiqué que le déficit annuel de financement des Objectifs de développement durable (Odd) du continent a atteint 1 300 milliards de dollars. C’est pourquoi, les dirigeants africains sont de plus en plus conscients quant aux limites des modèles fondés sur les dons.
«L’aide ne comblera pas le fossé. Nous devons cesser d’exporter des matières premières et d’importer la pauvreté», a déclaré Claver Gatete, secrétaire général adjoint de l’Onu et secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (Cea). Il a plaidé pour un investissement accru dans la fabrication, les industries vertes et les entreprises dirigées par des jeunes. Plus de 80 % des exportations africaines restent non transformées, un modèle qu’il a qualifié d’insoutenable.
Il faut signaler que ces information émanent d’une session de haut niveau en marge du Forum politique de haut niveau des Nations unies de 2025. A l’issue des travaux, les dirigeants africains ont appelé à des réformes structurelles pour élargir la mobilisation des ressources nationales, construire des chaînes de valeur régionales et s’éloigner de l’exportation de matières premières brutes.
Ce Forum politique de haut niveau de 2025 sur le développement durable a eu lieu à New York, Etats Unis. Cet événement, coprésidé par le gouvernement de l’Ouganda et la Cea, portait sur la traduction de la Déclaration de Kampala (adoptée lors du Forum régional africain pour le développement durable (Fradd) en actions concrètes.
Cea rapporte que la première ministre ougandaise Robinah Nabbanja a déclaré que le continent était «dangereusement hors trajectoire», tout en soulignant les progrès réalisés dans son pays, notamment la baisse de la mortalité maternelle, les avancées en matière d’égalité des sexes et l’augmentation des allocations budgétaires nationales liées aux Odd.
«La Déclaration de Kampala est concrète», a déclaré Mme Nabbanja. «Nous sommes fiers d’accueillir cette discussion et de l’amener vers sa mise en œuvre.» L’Ouganda a présidé le bureau du Fradd en 2025 et a introduit des mesures visant à aligner la planification nationale sur les cadres régionaux et mondiaux. Malgré cela, les pressions liées à la dette, l’accès limité aux financements concessionnels et le coût élevé du capital restent des obstacles majeurs pour de nombreuses économies africaines.
Notons que le soutien de la Cea à la création d’une agence africaine de notation de crédit, estimant que les pratiques actuelles de notation internationale déforment les risques et limitent l’accès à des financements abordables. Il a également appelé à intensifier les mécanismes de financement mixte, à émettre des obligations en monnaie locale et à numériser les systèmes fiscaux pour améliorer l’efficacité et la conformité.
Mariam KONE