(CROISSANCE AFRIQUE)-La Côte d’Ivoire, reconnue mondialement pour sa filière d’hévéa hautement développée, se positionne aujourd’hui au coeur d’une transformation écologique remarquable.
À la croisée des chemins entre la production traditionnelle de caoutchouc naturel et l’avènement des biocarburants, l’initiative du groupe pétrogazier italien Eni pour collecter 50 000 tonnes de graines d’hévéa dans le pays dès l’année 2024 marque un tournant décisif.
Cette ambition vient concrétiser les opportunités nouvelles que représentent les biocarburants pour les producteurs d’hévéa, ouvrant ainsi de nouveaux horizons pour la filière.
Le fondement de cette opération inédite repose sur un accord d’approvisionnement établi en juillet 2023 entre Eni et la Fédération des Producteurs d’Hévéa de Côte d’Ivoire (FPH-CI). Par ce partenariat stratégique, les deux entités se lancent dans une collecte de grande envergure, dont l’objectif fixé à 50 000 tonnes de graines d’hévéa pour l’année 2024, reflète l’ampleur de leur engagement en faveur d’une économie plus verte.
Les graines ainsi collectées sont destinées à être transformées localement en huile végétale avant d’être acheminées vers des bioraffineries pour la production de biocarburant. L’utilisation de la biomasse pour générer de l’énergie représente une innovation majeure, permettant non seulement de diversifier les sources d’énergie mais aussi de réduire l’empreinte carbone du secteur.
Selon les estimations avancées par les responsables de la FPH-CI, le potentiel de récolte pourrait largement dépasser les attentes, avec au moins 93 000 tonnes de graines d’hévéa pouvant être collectées, contre une volonté d’achat initial de 50 000 tonnes par Eni. Cette capacité démontre le potentiel encore inexploité de la filière hévéacole i
L’opération de collecte se structure autour de 184 sociétés coopératives, identifiées comme centres de collecte et 25 secteurs villageois, soulignant l’importance de la collaboration communautaire. Cette approche garantit une collecte efficace et favorise l’inclusion économique des communautés locales dans les chaines de valeur globales du secteur de l’hévéa.
Traditionnellement, les graines d’hévéa en Côte d’Ivoire sont utilisées pour la culture de pépinières et la production de nouveaux plants. L’initiative d’Eni vient non seulement valoriser ces graines pour une finalité énergétique mais encourage également la diversification et la durabilité des usages dans un secteur clé pour l’économie ivoirienne.
Notons que l’initiative lancée par Eni en Côte d’Ivoire représente bien plus qu’une simple opération de collecte de graines d’hévéa. Il s’agit d’un véritable projet de développement durable qui allie efficacement économie traditionnelle et innovation écologique.
Pour rappel, en positionnant la filière hévéa au coeur des solutions de transition énergétique, Eni et la Côte d’Ivoire se projettent comme des acteurs clés d’un futur plus vert. L’impact de cette initiative, tant sur le plan économique qu’écologique, pourrait bien inspirer d’autres secteurs à emboîter le pas vers une approche plus durable et responsable.
Zangouna KONE