(CROISSANCE AFRIQUE)-À la fin de l’année 2024, la dette publique en France a atteint un montant impressionnant de 3 305 milliards d’euros, une somme qui suscite de vifs débats tant au sein de l’opinion publique que dans les cercles politiques. Selon les données publiées par l’Insee le 27 mars, l’endettement public s’est élevé à 113 % du produit intérieur brut (PIB), établissant un record hors période de crise.
Cette progression alarmante ne semble pas être un accident de parcours, car la tendance à la hausse pourrait se poursuivre jusqu’en 2030, en grande partie à cause du réarmement imminent en Europe, qui entraînera des dépenses supplémentaires dans une région confrontée à des menaces géopolitiques croissantes.
Aussi, le besoin d’une sécurité accrue pourrait peser lourdement sur les finances publiques, accentuant davantage cette spirale d’endettement.Historiquement, la dette publique française a franchi des seuils marquants : elle était supérieure à 100 milliards d’euros en 1981, a dépassé 1 000 milliards en 2003, puis a atteint 3 000 milliards en 2023.
Cet élan inexorable se traduit par une politique d’emprunt qui se renforce au fil des ans; en 2024, elle a encore augmenté de 203 milliards d’euros, un indicateur inquiétant des choix budgétaires réalisés par l’État. Ce phénomène soulève des interrogations sur la viabilité de ces niveaux d’endettement à long terme et sur les mesures qui doivent être prises pour inverser cette tendance, notamment en équilibrant les dépenses publiques avec les recettes fiscales.
Par ailleurs, il est crucial de considérer cette progression dans le contexte de l’activité économique. En 1974, l’endettement de l’État, des collectivités locales et de la Sécurité sociale ne représentait que 14,5 % du PIB, ce qui nous donne un aperçu saisissant de l’évolution des politiques économiques françaises.
Toutefois, les déficits budgétaires successifs, alimentés par des crises économiques et des politiques de relance, ont conduit à une explosion de ce ratio, atteignant 114,9 % en 2020, à la suite de la crise du Covid-19 et des mesures d’urgence gouvernementales pour prévenir une récession potentiellement dévastatrice.
Bien que la dette ait connu une légère diminution au cours des trois années suivantes, des signes alarmants sont de retour, la dette ayant recommencé à augmenter de manière significative en 2024, grimpant de 109,8 % à 113 % du PIB en seulement un an, marquant un nouveau record. Cette dynamique soulève des craintes quant à la capacité du pays à financer ses engagements futurs sans recourir excessivement à l’emprunt.
Alors même que le Premier ministre François Bayrou qualifie cette situation de « grand ennemi » national, la question demeure : jusqu’où cette dette continuera-t-elle à croître ? Quelles seront les conséquences pour les générations futures si cette tendance n’est pas inversée ? Des interrogations qui restent sans réponse.
Entre la nécessité de financer des services publics essentiels et le besoin pressant de maîtriser l’endettement, le gouvernement est confronté à un défi monumental. La société civile, quant à elle, s’inquiète tout autant, craignant que cette dette croissante n’entraîne des coupes dans les budgets sociaux, une augmentation des impôts ou des réformes impopulaires.
Notons que l’avenir économique de la France dépendra de ses choix stratégiques dans les années à venir, alors que le pays navigue dans un paysage incertain mais déterminant pour sa prospérité.
Daouda Bakary KONÉ