(CROISSANCE AFRIQUE)-Juriste de formation et entrepreneure sociale Sita Rebecca Soulama est une africaine dévouée qui mène depuis 2013 un combat pour la valorisation des métiers de service à la personne. Titulaire d’une maitrise en droit des affaires, obtenu à l’Université de Ouagadougou au Burkina Faso et d’un DESS en droit du cyberespace Africaine obtenu à l’Université Gaston Berger de Saint Louis au Sénégal et depuis juin 2022, d’un CAP Accompagnant Educatif Petite Enfance obtenu en France dans le cadre de sa reconversion professionnelle. Sita, est également Secrétaire Générale du BURKINAPMEPMI, et Point Focal du Salon des Banques et PME de l’UEMOA. Aujourd’hui, elle a accordé un entretien dans les colonnes du magazine Croissance Afrique. Lisez plutôt.
1-Présentez-vous à nos lecteurs
Sita Rebecca Soulama : Je suis Sita Rebecca SOULAMA, burkinabè, juriste de formation et entrepreneure sociale. Je suis maman de 02 garçons. Je suis titulaire d’une maitrise en droit option droit des affaires obtenu à l’Université de Ouagadougou au Burkina Faso, d’un DESS en droit du cyberespace Africaine obtenu à l’Université Gaston Berger de Saint Louis au Sénégal, et depuis juin 2022, d’un CAP Accompagnant Educatif Petite Enfance obtenu en France.
Mettant à profit ma formation académique, j’ai créé depuis octobre 2010 un cabinet de conseil assistance juridique aux Petites et Moyennes Entreprises (PME) dénommé DILOMA CONSEILS et parallèlement je suis enseignante vacataire en droit. Avant de lancer mon cabinet de conseil juridique j’ai pu acquérir pendant trois (03) années, des expériences professionnelles en tant que juriste dans deux cabinets d’avocats et une société anonyme évoluant dans la monnaie électronique.
2-Parlez-nous d’une histoire inspirante qui vous a poussé à vous lancer dans l’entrepreneuriat et dans le domaine que vous avez choisi.
Sita Rebecca Soulama : C’était en 1999-2000, ma première année d’université qui fut d’ailleurs une année invalidée à l’Université de Ouagadougou, j’ai suivi d’autres camarades pour passer les concours de la fonction publique pour la première fois. Mais le test psycho technique servi m’a découragée et je me suis promise de me concentrer désormais sur mon parcours en faculté de droit, avoir ma maitrise en droit et bosser comme juriste d’entreprise.
En 2007, étant juriste stagiaire, je suis devenue maman pour la première fois et je me suis rendue compte des difficultés d’avoir une aide qualifiée qui pouvait m’épauler lorsque je devais m’absenter aller à mon travail. J’ai, comme il était de pratique, fait appel à une jeune fille du village mais très vite, je me suis confrontée à son incapacité à répondre aux besoins de l’enfant en mon absence. J’ai ainsi commencé à mûrir l’idée de changer quelques choses dans ce domaine d’aide domestique. En 2010, j’ai quitté mon poste de juriste d’entreprise et bien que je ne sache pas ce que renferme le terme entrepreneur qui était réservé aux patrons des BTP, j’ai pu enregistrer mon entreprise de conseil assistance juridique aux PME.
En 2013 avec ma seconde maternité, ce qui n’était qu’une idée, pris forme. Je voulais rompre avec les habitudes des familles de recourir aux jeunes filles inexpérimentées et non qualifiées pour les épauler dans l’entretien des enfants. J’ai lancé donc une étude de marché auprès des agents de santé de premières lignes (accoucheuses auxiliaires, des agents itinérants de santé, des infirmiers brevetés, garçons et filles de salles) qui sont en attente de passer les concours d’intégration à la fonction publique. Le projet consistait à les former comme assistante maternelle et les placer dans les familles. C’est ainsi qu’a été mis en place l’entreprise FAM (FOYER D’ASSISTANCE MATERNELLE). Incomprise dans ma vision, l’entreprise FAM n’a pas pu décoller. Par le biais du programme de soutien à l’entreprenariat féminin « L’occitane pour elles », et ses partenaires dont la Fabrique, incubateur d’entreprises sociales, mon projet été incubé et de là a germé un nouveau modèle économique mis en œuvre depuis 2018 à travers L’auxiliaire. Ainsi la nouvelle entreprise dénommée L’auxiliaire est un centre de formation aux métiers de la petite enfance, métiers d’aide-ménagère et d’auxiliaire de vie sociale.

3-Quelle est l’importance et l’impact de l’entrepreneuriat selon vous ?
Sita Rebecca Soulama : Pour une femme, je pense que l’entrepreneuriat permet plus facilement de concilier sa vie professionnelle et sa vie familiale parce qu’elle a une certaine liberté dans la gestion de son agenda, quoi qu’entreprendre demande plus de sacrifice. L’entrepreneuriat permet aussi à la femme d’être autonome financièrement. On ne saurait parler d’émancipation de la femme sans son autonomie financière. L’entrepreneuriat en plus de rendre autonome financièrement la femme, permet de créer de l’emploi pour la jeunesse et d’absorber le surplus de ressource humaine que l’Etat à lui seul ne peut absorber.
4-Qu’est-ce que vous aimeriez apporter à la jeunesse ?
Sita Rebecca Soulama : C’est d’avoir une formation professionnelle pour un emploi décent. Mon domaine d’activité (formation aux métiers de service à la personne), permet à la population burkinabè majoritairement jeune et féminine d’avoir un emploi décent avec un plan de carrière et une sécurité sociale comme tout autre travail. Il suffit d’avoir le goût du travail, que ce soit pour soi-même en tant que auto employeur ou pour quelqu’un d’autre comme salarié (intra preneur…)
5-Qui sont ces personnes qui vous inspirent et pourquoi ?
Sita Rebecca Soulama : Enfant, auprès de ma mère, j’ai toujours admiré son courage et son abnégation au travail. Avec elle, j’ai appris que le travail ne tue pas. Et je ne manque pas d’ironiser avec mes jeunes cousines ou nièces qui me côtoient : travaillez, car il y a un repos éternel qui nous attend où personne ne viendra nous déranger.
Au campus j’ai été inspirée par deux ainées prénommées que j’admirais de loin pour les boulots d’hôtesse d’accueil qui les permettaient d’être autonomes dans le milieu estudiantin. Très vite j’ai cherché à intégrer des agences d’hôtesses d’accueil et de promotion de produits et même à évoluer par la suite en solo avec une petite équipe sous ma coupe. Ce qui m’a d’ailleurs valu le surnom de SITA GOMBO en son temps.
Spirituellement j’ai été inspirée par mon père spirituel Pasteur Mamadou Philippe KARAMBIRI et au cours d’un de ses messages, il a exhorté la jeunesse à « être une solution pour les autres et non un problème ». Cet appel que j’ai entendu en 2010, j’en ai fait mien et depuis, je ne cherche qu’à être une solution pour les autres et non un problème.
6-Dites-nous, les citations qui vous inspirent ?
Sita Rebecca Soulama : Parmi les citations qui m’inspirent, il y a celle de Feu Capitaine THOMAS SANKARA qui a dit « La vraie émancipation de la femme est celle qui la responsabilise ». Cette citation est pour moi la logique que l’émancipation de la femme passe par son autonomie financière.
Aussi il y a cette citation d’un auteur que j’ai oublié qui a dit « Sois le meilleur quoi que tu fasses ». C’est une citation que j’ai retenue lors d’une étude de texte depuis le collège. L’auteur expliquait que si tu décides d’être balayeur de rue, sois le meilleur balayeur de rue qui soit, de sorte que les passants s’arrêteront pour dire : ici vit un balayeur de rue.
7-Vous pouvez nous donner une citation inspirante venant de vous-même ?
Sita Rebecca Soulama : Engage-toi dans ce que tu aimes, c’est là que tu réussiras et que tu t’épanouiras.
Donc j’ai du mal à comprendre souvent les personnes qui multiplient les concours dans des domaines aussi variés que différents.
Mon conseil pour la jeunesse qui désire entreprendre, c’est de s’ouvrir à l’entourage, il y en a qui vont t’encourager, d’autres te décourager, mais en t’ouvrant tu pourras bénéficier de conseils de devanciers. Sache surtout que tu n’es pas seul à penser à ce projet car par jour il y’a des milliers de pensées qui viennent de l’homme. Tu n’es pas le seul à penser à ce projet mais c’est celui qui persévèrera et qui apportera sa touche personnelle qui aura réussi.
8-Quels sont les caractères qui vous définissent dont vous en êtes fière, car sans ces caractères vous auriez abandonné face aux difficultés.
Sita Rebecca Soulama : Je suis engagée et je n’ai pas peur de travailler. De femme de ménage à directrice en passant par coursière, secrétaire, commerciale, comptable et aujourd’hui un peu d’infographie, il n’y a pas ce poste je redoute et qui me bloque dans mon avancement. Je le fais en remerciant le Seigneur de m’avoir rendue capable de faire ça moi-même. L’entrepreneur est celui qui doit être polyvalent.
Persévérante et déterminée, j’aime terminer ce que je commence. Créative, pour moi, apporter une touche personnelle dans tout ce que l’on fait, donne un sens à ce que Dieu dit de moi : je suis unique. Ordonnée, avec moi le cours d’économie domestique au collège Sainte Thérèse de Banfora est resté gravé pour toujours : « chaque chose à sa place chaque place à sa chose ». Libre dans ma tête je n’aime pas me sentir dépendre de quelqu’un, de l’Homme dans les narines duquel il n’y a qu’un souffle de vie. Joyeuse, j’aime la bonne ambiance, la bonne humeur dans mon entourage pour plus d’efficacité.
9-Face aux échecs quelles aptitudes vous adoptez ?
Mon attitude face à l’échec c’est de garder la foi que demain sera meilleur plus qu’aujourd’hui. Mon Dieu ne m’abandonnera pas et il n’est pas un Dieu qui donne des épreuves qui soient au-dessus de nos forces. Il faut toujours rester focus pour relever les défis qui se posent à nous.
Il faut savoir que mon idée de projet pour la professionnalisation des métiers de service à la personne a connu de grandes instabilités surtout pour ce qui est du modèle économique et où j’ai dû fermer mes premiers bureaux. C’est un domaine embryonnaire dans mon pays voire en Afrique où l’entraide familiale était le socle. Mais aujourd’hui, force est de constater que cette entraide s’est estompée laissant la femme, mère, actrice de développement dans l’appréhension de concilier vie familiale et vie professionnelle.
10- Quand vous réussissez dans une chose, comment vous réagissez ? Quelles sont vos petites ou grandes réussites dont vous êtes fières ?
Sita Rebecca Soulama: Quand je réussi dans une chose, je suis fière mais je garde la tête sur les épaules en rendant toute la gloire à mon Dieu. Je n’oublie pas que chaque jour est un défi. Je suis fière d’entreprendre dans le combat pour la valorisation des métiers de service à la personne. Et voir que des personnes croient en ma vision et en mes qualités personnelles d’entreprendre me galvanise davantage.
Je suis fière d’avoir été :
- En 2016, lauréate de la première édition du concours l’occitane pour elles, un programme visant à encourager l’entreprenariat des femmes.
- En 2016, lauréate de la spatule de l’éducation lors du Salon international de la femme de Ouagadougou
- En 2019, lauréate de la 1ère édition du concours AFIDBA, un programme d’incubation accélérée mis en place par l’Agence Française de Développement pour les entreprises inclusives et digitales
- En 2020, lauréate CHALLENGE DIGITAL AFRICA 1000 à l’occasion du sommet France-Afrique qui devrait se tenir à Bordeaux mais annulé du fait du Covid 19
Je suis fière et reconnaissante envers les structures qui m’ont fait confiance dont le projet d’appui aux étuveuses de riz (PAERIZ) avec qui nous avons pu former et accompagner les étuveuses à implémenter des mini- garderies au sein de leur centre d’étuvage de riz. Le ministère en charge de la jeunesse à travers le projet d’emploi des jeunes et développement des compétences PEJDC, nous a permis de faire une formation de renforcement de compétences des personnels des structures d’accueil de jeunes enfants. La Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina et ses partenaires nous ont permis de former 105 aides ménagères dans 4 régions du Burkina pour améliorer l’employabilité des personnes déplacées internes. L’association Home Kisito qui nous a confié la formation de leur personnel de crèche et orphelinat et l’association GEPETTO INTERNATIONAL en France qui a accompagné le centre d’accueil et d’écoute des personnes âgées de Bobo-Dioulasso à former des auxiliaires de vie pour mieux accompagner les personnes âgées.
11- Qu’est-ce vous pouvez ajouter pour inspirer toujours et encourager celle ou celui qui va vous lire ?
Ne soyons pas amis de la paresse, nous devons sortir des sentiers battus, ne pas faire comme tout le monde. Dieu nous a créés avec nos talents, valorisons-les pour ne pas mourir comme un numéro matricule.
Une anecdote, je me rappelle un jour quand j’ai fait des sandwichs pour vendre, un de mes clients que j’assistais sur le plan juridique, s’est indigné : toi une juriste qui vend des sandwichs ? Je lui ai répondu : tu peux te comparer à Mac Donald ? C’est un vendeur de sandwichs, qui a bien réussi dans ce domaine. Donc si tu as envie d’entreprendre et tu ne sais pas comment faire, par faute de moyen, tu peux commencer par ce que tu sais faire (cuisine, garde bébé, ménage, comptabilité, conseil, communication…) commence à mettre à profit ce que tu sais faire et qui ne te demandent pas d’argent.
Il y’a en qui sont convaincus que l’entreprenariat c’est uniquement dans les veines, oui peut-être, car beaucoup d’histoires d’entrepreneurs, ont commencé depuis qu’ils sont tout petit. En effet je me rappelle, déjà dès au primaire où j’ai vendu l’eau en gobelet, les tubercules bouillies, les dimanches jour de marché de Banfora, j’ai confectionné des petits paniers aux côtés de ma mère artisane de paniers aussi, que je vendais aux voyageurs les soirs au passage du train. Au lycée, j’ai vendu les pois sucrés et j’ai financé mes premières vacances à Abidjan. A l’université, j’ai été hôtesse d’accueil et de promotion dans les évènementiels (séminaires, festivals, salons et conférences). Je dirai que j’ai toujours été entrepreneure dans l’âme. Mais aujourd’hui, il y a des plateformes sur l’entreprenariat qui sont formatrices.
Enfin, il faut avoir un rêve, un rêve fou. Oui le rêve est permis et c’est le rêve qui devient réalité. Du dos d’ânes à l’avion, n’est-ce pas le rêve d’aller plus vite et loin qui a guidé l’homme ?
Mon mien c’est pouvoir accompagner la femme à qui incombent les tâches domestiques sous les cieux burkinabè voire africains, à concilier vie professionnelle et vie familiale aisément avec la maternité. Pour cela, elle doit pouvoir exercer sereinement une activité génératrice de revenue, avoir un emploi décent. La cible étant moins nantie, nous lançons un appel à toute personne sensible à la question de l’employabilité des jeunes et des femmes pour la prise en charge des formations car le domaine de service à la personne est créateur d’emploi au regard des demandes que nous recevons des familles et des structures presque chaque jour. Ça me fait très mal ne pas pouvoir trouver une aide domestique formée pour ces femmes qui sont dans le besoin.
Je conclu par ceci : « pour l’autonomisation de la femme, pour l’épanouissement de la petite enfance, pour l’employabilité de la jeunesse, soutenez le projet L’auxiliaire ».
Propos Recueilli Par Daouda Bakary KONE
Au regard du tout ce parcours éffectué de Madame Sita Rebecca SOULAMA , nous disons déjà qu’elle peut être compté parmis les héroïne qui font la fierté de tout un peuple en generale ,et en particulier des Femmes . Car avoir cet esprit d’acier n’est pas favorable à tout un chacuns . D’abord ce qui rend prisonnier nous les individus tout categories cinfondu , (, la peur , le trac, la timidité, le stresse ), tout ça ,souvent lié au regard d’autruit . Bref . Nous encourageons Cette Dame pour ses idees innovatrice , que Dieu benisse ,LA CROISSANCE AFRIQUE en passant par l’Auxilière, sa qualité de juriste, conseillière, et toutes les entreprises qu’elles coordonne. Nous vous souhaitons bon debut de semaime avec cette expression rassurante de Madame Sita Rebecca SOULAMA :««je n’ai pas peur de travailler. De femme de ménage à directrice en passant par coursière, secrétaire, commerciale, comptable et aujourd’hui un peu d’infographie, il n’y a pas ce poste je redoute et qui me bloque dans mon avancement.»»
J’ai aimé tête d’affiche