(CROISSANCE AFRIQUE)- Au Gabon, le gouvernement a récemment pris une décision importante lors du Conseil des ministres qui s’est tenu le 4 décembre dernier, en validant l’instauration d’une nouvelle taxe forfaitaire sur l’habitation, une mesure qui sera appliquée à partir de l’année 2026.
Cette taxe concernera non seulement les logements résidentiels, mais également ceux à vocation professionnelle, conformément à une classification méthodique par zones qui permettra de faire en sorte que la contribution fiscale soit proportionnelle au niveau de vie et au standing des différents quartiers de la nation.
Dans une première phase d’application, les zones rurales bénéficieront d’une exemption, probablement pour tenir compte de leurs conditions économiques souvent plus précaires. L’exécutif gabonais espère générer des recettes avoisinant les 2,8 milliards de francs CFA grâce à cette initiative, un rendement qui, bien qu’il soit considéré comme modeste à l’échelle du budget national, est pourtant jugé nécessaire dans le cadre d’un effort plus vaste visant à élargir l’assiette fiscale, dans le contexte plus global du pacte fiscal républicain qui cherche à instaurer une plus grande équité dans la contribution financière des citoyens.
Cependant, cette mesure a déjà suscité des réactions mitigées au sein de la population gabonaise, particulièrement dans un contexte marqué par une inflation persistante et des pressions financières croissantes sur les ménages locaux. Le choix d’associer cette nouvelle taxe à la facture mensuelle d’électricité, avec la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG) désignée comme opérateur de collecte, renforce le sentiment parmi les citoyens que ce prélèvement sera automatique et difficile, voire impossible, à contester. Cette approche soulève des inquiétudes sur la manière dont cela pourrait affecter les ménages déjà en difficulté financière, les plaçant ainsi dans la situation délicate de devoir faire face à un paiement obligatoire qui pourrait aggraver leur fardeau économique.
Au-delà du coût supplémentaire significatif que nécessite cette initiative, la question de la transparence dans l’utilisation des fonds alloués revient également avec une insistance persistante dans un contexte où les recettes générées par les secteurs pétrolier, minier ou fiscal continuent de souffrir d’une exécution jugée comme étant insuffisamment lisible et accessible aux citoyens. Cela suscite des interrogations profondes sur la capacité de l’État à fournir des garanties concrètes que les montants collectés seront réellement affectés à l’amélioration des services de proximité, tels que le transport public, l’éducation et la santé, ainsi qu’à la revalorisation de l’environnement urbain, comme le stipule la justification officielle fournie aux parties prenantes.
Pour l’administration fiscale, l’objectif principal demeure le renforcement de l’équité dans le domaine de la contribution financière, afin de s’assurer que chacun participe de manière juste et proportionnée aux efforts collectifs. Dans cette optique, les zones les plus aisées de la société supporteront la plus grande part de la taxe imposée, tandis que les quartiers populaires devraient, idéalement, rester peu impactés, afin de ne pas aggraver davantage les inégalités existantes.
Cette approche, expliquent en détail les services concernés et les experts en fiscalité, vise à mobiliser un plus grand nombre de contribuables ayant un pouvoir d’achat plus solide, dans le but de financer des services publics essentiels dont l’ensemble de la population doit pouvoir bénéficier et profiter pleinement. Toutefois, l’absence de détails sur la manière dont cet argent sera géré et distribué reste un point d’interrogation majeur qui doit être abordé avec rigueur et sérieux pour rassurer les citoyens sur l’utilisation effective de leurs contributions.
L’entrée en vigueur de cette réforme prévue pour 2026 interviendra à un moment crucial où les autorités, face à des défis économiques majeurs, s’efforcent de rééquilibrer les finances publiques tout en cherchant à réduire leur dépendance excessive aux revenus générés par les ressources extractives, qui ont souvent été instables et imprévisibles.
Dans ce contexte, il est essentiel de souligner que la réussite de cette réforme sera fortement conditionnée par la capacité du gouvernement à persuader les citoyens et les parties prenantes que l’instauration de cette taxe supplémentaire apportera des résultats tangibles et positifs, susceptibles de bénéficier à l’ensemble de la société. À cet égard, la manière dont le gouvernement communiquera sur les affectations budgétaires, ainsi que l’établissement de mécanismes de suivi clairement visibles et transparents, jouera un rôle déterminant pour apaiser les inquiétudes légitimes des contribuables et instaurer un climat de confiance autour de cette nouvelle contribution fiscale.
Notons qu’il est également important de rappeler que cette nouvelle taxe survient à peine quelques mois après la réception mitigée de la Contribution Foncière Unique (CFU), ce qui ajoute une couche d’appréhension vis-à-vis de l’acceptabilité de nouvelles charges fiscales par la population.
Abdoulaye KONÉ

