(CROISSANCE AFRIQUE)-L’annonce d’une grève de 72 heures par le comité syndical UNTM de la mine d’or de Fekola, exploitée par B2Gold-Mali, marque un moment décisif dans la lutte pour les droits des travailleurs au Mali.
Cette action, prévue du 15 au 17 juillet 2024, est le résultat d’un mécontentement croissant face à une série de demandes non satisfaites par la direction de Fekola S.A. Le secrétaire général Soungalo Traoré et ses collègues mettent ainsi en lumière les défis persistants face aux conditions de travail et les attentes des travailleurs de la mine.
Le préavis de grève émane d’une assemblée générale extraordinaire qui a souligné plusieurs points d’achoppement. Les syndicalistes de Fekola expriment leur frustration quant au dégel des accords précédemment conclus et l’inaction de la direction face aux multiples propositions améliorant les conditions de travail. Ces doléances s’articulent autour de l’amélioration de la couverture médicale, de la réduction du personnel expatrié, et de la sécurité de l’emploi pour les travailleurs locaux.
Des Revendications Précises
Application des accords sur les évaluations de performance.
Couverture médicale intégrale et sans délai.
Allocation annuelle pour l’accompagnement scolaire des enfants des employés.
Réduction du nombre d’expatriés et promotion de l’emploi local.
Octroi de contrats à durée indéterminée pour les postes permanents.
Cessation de l’emploi précaire via des agences d’intérim.
Cette mobilisation syndicale soulève des questions cruciales sur l’impact de la gestion du personnel au sein de Fekola S.A, notamment concernant la préférence accordée jusque-là au personnel expatrié au détriment des travailleurs locaux. Cette situation a engendré une atmosphère de travail tendue et a mis en évidence la nécessité d’un équilibre plus juste, favorisant davantage l’inclusion des compétences locales et la stabilisation des emplois.
Le gouvernement malien, conscient des enjeux, a récemment adopté un projet de décret visant à promouvoir le contenu local dans le secteur minier. Cette initiative vise à améliorer la part des entreprises et des travailleurs locaux dans les retombées économiques des mines, tout en assurant une approche plus durable de l’exploitation minière au Mali.
Ce contexte réglementaire nouveau pourrait servir d’appui aux revendications des travailleurs de Fekola, en alignant les intérêts de la mine avec ceux de la communauté locale et du développement national.
Alors que la grève prévue à Fekola approche, les yeux sont tournés vers la direction de B2Gold-Mali et les autorités gouvernementales pour répondre aux demandes légitimes des travailleurs. Ce conflit souligne l’importance cruciale des réformes en matière de droits des travailleurs et de contenu local dans le secteur minier au Mali.
Notons qu’il est impératif que les deux parties parviennent à un accord satisfaisant, ouvrant la voie à des pratiques plus équitables et durables. Ce moment pourrait bien marquer un tournant décisif pour l’avenir du travail et de l’exploitation minière au Mali.
Zangouna Koné
