Selon les chiffres d’avril 2021 du Fonds monétaire international (FMI), la croissance du PIB a reculé de 2,2% en 2020, mais elle devrait rebondir à 3% en 2021 et 3,6% en 2022, sous réserve de la reprise économique mondiale post-pandémique. Le Fmi explique que la reprise économique de la Sierra Leone après l’épidémie d’Ebola (plus de 14 100 cas, 3 900 décès et une perte de revenus équivalente à 29% du PIB du pays selon l’OMS) et après la baisse des prix du minerai de fer a été plus lente que prévu.
En 2019, la croissance du PIB de la Sierra Leone s’était accélérée à 5,5% du PIB tirée par les activités agricoles, minières et de construction. Cependant, la pandémie de Covid-19 a une fois de plus dégradé les conditions sanitaires et économiques. La même année, les progrès réalisés dans le cadre du mécanisme élargi de financement soutenu par le FMI ont contribué à stabiliser l’économie, mais la situation s’est aggravée à cause de la pandémie de Covid-19.
Pour cela, le FMI explique qu’un plan de réponse sanitaire a été mis en place pour lutter contre la pandémie, recevant 7,5 millions USD de financement de la Banque mondiale, tandis que la banque centrale a poursuivi une politique monétaire accommodante, abaissant le taux d’intérêt de 16,5% à 15% en mars 2020.
Par ailleurs, il signaler que la crise liée à la pandémie de Covid-19 a conduit le gouvernement à augmenter les dépenses publiques et a engendré une diminution des recettes, conduisant ainsi à une augmentation de la dette publique. La Sierra Leone est classée comme présentant un risque élevé de surendettement.
Ensuite, malgré les efforts déployés ces dernières années pour atténuer la progression de la dette publique, elle s’est élevée à 71,9% du PIB en 2020 et devrait rester élevée en 2021 (70,4%) et 2022 (69,3% – FMI). En 2021, le gouvernement devrait se concentrer sur des politiques qui augmentent les recettes publiques pour limiter le déficit public.
Pour rappel, le FMI a fourni 143 millions USD au titre de sa facilité de crédit rapide pour soutenir la réponse de la Sierra Leone au virus en juin 2020 et l’inflation reste élevée (15,7% en 2020) et devrait rester au-dessus du critère de convergence de 10% de la CEDEAO cette année « 15,5% » et 2022 « 12,3% » (donnée officielle du FMI) et le déficit du compte courant s’établissait à -15% du PIB en 2020.
Pourtant, suite à la pandémie, l’activité des industries extractives (62% des exportations) a été affectée par la faiblesse de la demande mondiale. Le secteur agricole (57,4% du PIB et 54,4% de la population active) s’est légèrement contracté en ligne avec la baisse de la demande mondiale de cacao et de café.
Les services ont été les plus durement touchés par la crise, notamment en raison des restrictions sur les voyages internationaux et nationaux. Le Fmi affirme que le gouvernement de ce petit pays continuera à mettre en œuvre le Plan national de développement (PND), qui donne la priorité à la stabilité macroéconomique, au développement des infrastructures et au maintien des programmes sociaux clés (éducation gratuite, santé, protection sociale). Le programme national de transformation agricole 2019/2023 vise à doubler la production agricole.
Notons que le chômage (4,6% de la population active en 2020 selon la Banque mondiale, estimation modélisée par l’OIT), les niveaux élevés de pauvreté (en particulier dans les zones rurales) et le manque d’infrastructures, la corruption ainsi que les troubles sociaux continuent d’entraver le développement économique du pays.
Il faudra signaler également que le chômage des jeunes atteint 50% et plus de 90% de la population a un emploi précaire. L’indice de développement humain classe la Sierra Leone 181e sur 189 pays. Retenons que le pays doit ouvrir la voie dans la période post-Ebola et post-Covid-19, qui a été marquée par une augmentation de la pauvreté et des tensions sociales, exacerbées par l’inflation et les mesures d’austérité.
Zangouna Koné