(CROISSANCE AFRIQUE)-La langue par définition est un moyen de communication et un element d’identité d’un peuple ou d’une communauté.
Sur le plan économique et des échanges commerciaux, les langues nationales africaines n’ont pas une portée internationale.
Elles sont essentiellement vernaculaires .
Or, pour échanger, commercer, traiter avec d’autres pays , il faut nécessairement que les parties communiquent en une langue conventionnelle, comprise et parlée par chacune.
Au Mali, aucune langue nationale ne dispose de ces caractères.
Au plan national, la langue, même si elle peut être un instrument de souveraineté , elle reste avant tout un élément d’identification de la communauté qui l’en parle.
Dans le contexte malien, il est risqué de donner la primauté juridique (officielle) à une langue bien que generalement parlée par une bonne partie de la population du pays.
Dans des pays à faible diversité ethnique comme le Rwanda, le Togo où il n’y pas plus de 3 langues nationales, cela parait possible.
Comment obliger constitutionnellement le Sarakolé à utiliser la langue Songhoï et inversement comment le Kidalois devrait communiquer officiellement en bambara ?
Ce choix , ne peut demeurer que politique alors que le débat reste fortement culturel d’où le risque d’affaiblir l’unité nationale plutôt que de la renforcer.
Ne tombons pas sous le charme semantique du concept de souveraineté sans en explorer le contenu.
La vraie souveraineté , devrait consister à apporter des reponses aux multiples problèmes fondamentaux, a satisfaire les services sociaux de base, à trouver des stratégies de développement les mieux adaptées à notre situation et à travailler pour atteindre ce but.
Pour ce faire, le rôle de la langue me semble secondaire.
Si le Mali parvient à répondre efficacement aux problèmes de l’insécurité et de la lutte antiterroriste , à atteindre l’autosuffisance alimentaire, à obtenir l’autonomie énergétique, à doter les hôpitaux publics de plateaux techniques satisfaisants , à reformer le systeme educatif , à reformer la justice, à reduire considérablement les inégalités sociales et économiques, à punir severement la corruption et la delinquance financière, il n’y a aucune raison que nous ne parvenons pas à la souveraineté. .
Avouons-le , les langues vernaculaires ne peuvent pas développer un pays dont la situation géographique et économique le rend dependant de l’extérieur.
Pour accroître la production agricole, nous avons besoin de commander de l’engrais soit en Chine ou en Inde. Nos langues n’ont pas de rôle à jouer sur ce terrain.
Pour faire une émission d’obligation sur le marché financier, l’Etat n’utilise le Français ou l’anglais.
Ce sont des faits.
L’article 31 de l’avant-projet de la constitution dans sa formulation actuelle est la meilleure.
Par Bassirou Ben Doumbia, Citoyen Malien