(CROISSANCE AFRIQUE)-En juillet 2024, le Niger a marqué un tournant dans la gestion de ses ressources naturelles en retirant à la compagnie minière canadienne GoviEx Uranium le permis d’exploitation du gisement d’uranium de Madaouéla.
Cette décision, aux airs de revendication souveraine, répond au non-respect par GoviEx des délais fixés pour le démarrage de l’exploitation. Ce geste n’est pas isolé et s’inscrit dans une série de mesures affectant les acteurs étrangers sur le sol nigérien, témoignant d’une volonté de reprise de contrôle sur les ressources minières critiques.
Le permis d’exploitation du gisement d’uranium de Madaouéla a été retiré après que GoviEx n’ait pas respecté l’échéance fixée pour commencer le projet. La compagnie détenait ce permis depuis 2015 et s’est vue refuser une extension de délai qu’elle espérait pour 2025. L’ultimatum fixé par Niamey n’ayant pas été honoré, le retrait du permis est venu sanctionner ce manquement aux obligations.
GoviEx a émis un communiqué dans lequel elle affirme que la décision de retrait des droits miniers par le Niger n’a pas été faite en accord avec la procédure établie par le code minier. La firme canadienne a clairement manifesté son intention de contester cette décision, envisageant de porter l’affaire devant les juridictions nationales et internationales compétentes.
Cette perspective de litige souligne la tension entre le gouvernement nigérien et les entreprises étrangères autour de l’exploitation des ressources du pays. Ce n’est pas la première fois que le Niger décide de retirer des permis d’exploitation à des compagnies étrangères.
Quelques semaines avant l’affaire GoviEx, le pays avait déjà retiré un permis d’exploitation au groupe français Orano, actif au Niger depuis plus de cinquante ans. Ces décisions successives soulignent la volonté du Niger de renégocier les termes de l’exploitation de ses ressources minérales, dans un contexte où la souveraineté sur les ressources naturelles devient un enjeu central.
La révocation du permis de GoviEx pose des questions quant aux implications économiques pour le Niger. GoviEx était en voie de sécuriser un prêt de plus de 200 millions de dollars pour le projet, un investissement considérable qui aurait pu stimuler le développement économique et social du pays. L’annulation pourrait donc avoir un impact négatif non seulement sur GoviEx mais aussi sur l’économie nigérienne, mettant en lumière les défis accompagnant la gestion des ressources minérales.
Des indiscrétions suggèrent que ces révocations de permis pourraient avantager des compagnies russes, dans un contexte où Niamey souhaite renforcer sa coopération avec la Russie. Cette orientation pourrait marquer un changement significatif dans les dynamiques géopolitiques et économiques de la région, avec potentiellement de nouvelles opportunités et défis pour le Niger et ses partenaires.
Notons que le Niger se positionne de manière stratégique sur l’échiquier mondial en reprenant le contrôle de ses ressources naturelles. Les récents retraits de permis d’exploitation cristallisent les tensions entre aspirations nationales et intérêts étrangers, ouvrant un nouveau chapitre dans la gouvernance des ressources minérales du pays. Les implications de ces démarches, tant sur le plan économique que géopolitique, seront observées de près par les acteurs régionaux et internationaux.
Zangouna KONE
