(CROISSANCE AFRIQUE)- Au Mali, le poids de la masse salariale dans les recettes fiscales constitue un autre point d’achoppement inquiétant. Surtout qu’avec un ratio de 51,1%, le poids de la masse salariale dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, dépasse largement la norme de 35% préconisée par l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), traduisant une mauvaise gestion des finances publiques.
« À présent, il y a des difficultés pour mobiliser ces ressources. Les 60 millions de dollars qui avaient été annoncés ne sont pas encore décaissés », se désole le patron de l’hôtel des finances, invoquant des conditions imposées par la Banque mondiale.
C’est pourquoi, la Banque Mondiale recommande à l’Etat du Mali l, la baisse de la masse salariale, qui, selon les normes de convergence macroéconomiques, requièrent que la masse salariale ne dépasse pas 35% des recettes fiscales.
La preuve, en 2023, la masse salariale atteignait presque 49,6% et les prévisions autour de 51,1% en 2024, renseigne les données officielles du ministère malien de l’Économie et des finances.
Ainsi, le Mali, dans un contexte d’inflation mondiale croissante, démontre une capacité remarquable à contenir l’inflation à un taux impressionnant de 2,5%, malgré le plafond de 3% recommandé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Cette performance se détache sur fond de crises économiques où plusieurs pays luttent pour maintenir des taux d’inflation modérés. Cette réussite illustre une politique économique et monétaire rigoureuse mise en œuvre par le gouvernement malien, visant à protéger le pouvoir d’achat des citoyens tout en favorisant un environnement propice à l’investissement.
Parallèlement à cette maîtrise de l’inflation, la trajectoire de la dette publique du Mali suscite des inquiétudes. En effet, celle-ci a grimpé de 40% à 51,6% du Produit Intérieur Brut (PIB) depuis 2020, restant néanmoins en dessous du seuil de 70% fixé par l’UEMOA.
Par ailleurs, cette augmentation, bien qu’elle soit contenue dans les limites conventionnelles, reflète une situation préoccupante quant à la soutenabilité financière à long terme du pays. Cette situation limite considérablement la capacité du pays à réaliser des investissements nécessaires à son développement économique et social.
L’actuelle controverse avec la Banque mondiale, liée au décaissement d’une aide financière, souligne les défis auxquels le Mali est confronté en matière de gestion fiscale. Sortir de cette impasse nécessite un élargissement de l’assiette fiscale, comme le suggère l’institution de Bretton Woods, afin de mieux répartir les ressources entre les secteurs et stimuler investissement et emploi.
Cette proposition souligne l’importance de réformer la structure fiscale existante pour parvenir à un équilibre plus juste et durable. La structure fiscale actuelle, où 5% des contribuables maliens acquittent 95% des impôts, révèle un déséquilibre fiscal conséquent.
Cette concentration fiscale, pesant sur les épaules des industriels et opérateurs économiques, est renderue encore plus difficile par les problèmes structurels comme ceux liés à l’alimentation électrique. Ces difficultés, en plus de freiner le développement économique, exacerbent la situation fiscale déjà tendue du pays.
Toutefois, la maîtrise de l’inflation à 2,5% au Mali est certes louable, mais elle ne doit pas occulter les défis majeurs auxquels le pays fait face, notamment en termes de gestion de la dette publique et d’efficience des dépenses publiques.
Notons que le poids excessif de la masse salariale sur les recettes fiscales, couplé à une structure fiscale déséquilibrée et aux défis de la gestion financière, appelle à des mesures réformatrices urgentes pour assurer un développement économique durable et inclusif.
Pour rappel, l’amélioration de la gestion financière et l’élargissement de l’assiette fiscale sont cruciaux pour renforcer la résilience économique du Mali face aux chocs externes et internes.
Zangouna KONÉ