Au Mali, l’Observatoire Citoyen sur la Gouvernance et la Sécurité (OCGS) a tenu une conférence débat sous le thème : « Les élections à venir : défis et perspectives » le samedi 25 septembre 2021 à Bamako. A l’issue des échanges, plusieurs panélistes ont donné leur avis sur les élections prochaines à venir. Il s’agit notamment de l’ancien premier ministre Moussa Mara, du constitutionnaliste Makan Moussa Sissoko, Dr Ibrahima Sangho, acteur de la société civile malienne.
Cette rencontre s’est déroulée dans le cadre de la 12ème édition de « Conversations Citoyennes », qui a été initiée par le chercheur Baba Dakono. A sa prise de parole, le constitutionnaliste Makan Moussa Sissoko a rappelé qu’en démocratie la seule voie pour accéder au pouvoir reste les élections, ajoutant que cette condition met obligatoirement en compétition les partis politiques dont leur but est la conquête du pouvoir. « Sans élections, pas de démocratie ».
C’est pourquoi, pour une participation importante des électeurs aux différentes élections au Mali, Makan Moussa Sissoko n’a pas manqué d’inviter les partis politiques à jouer leur rôle en éduquant leurs militants. Par ailleurs, le constitutionnaliste recommande aux autorités d’adopter le système d’inscription volontaire sur la liste électorale.
Au Mali, ils votent pour l’argent
A son tour, Moussa Mara, panéliste et ancien premier ministre malien, expliquera que « les maliens votent pour l’argent et non pour les projets des candidats. Quand vous regardez cette atmosphère de précampagne présidentielle aujourd’hui, certains sont candidats parce qu’ils ont de l’argent », précisant qu’une fois aux postes de responsabilités, la population peut se retourner facilement contre eux parce qu’ils n’ont pas d’offres politiques. L’une des solutions pour exhorter les maliens au vote est la « culture politique », a-t- il expliqué. Par ailleurs, Moussa Mara a invité les élites du Mali à s’impliquer dans la politique depuis la base pour le développement du pays.
Du point de vue de Dr Ibrahima Sangho, le comportement des hommes politiques au Mali en est une des causes de la faible participation des citoyens aux différents scrutins. Au Mali, les partis de la majorité et ceux de l’opposition peuvent se retrouver sur les mêmes listes pendant les élections législatives alors que ces deux camps s’opposent les uns contre les autres pendant la présidentielle. Pour lui, ce comportement met en cause leur crédibilité aux yeux des citoyens. La langue de communication qui est le français et la pléthore des partis politiques sans offres politiques en sont aussi des facteurs, selon lui.
Réformes électorales
« S’attaquer à la place de l’argent », propose Moussa Mara qui exige un budget détaillé de tous les candidats pendant les campagnes électorales. L’ancien premier ministre recommande également, désormais qu’on introduise la copie du projet de campagne du candidat dans le dossier de candidature. Et pour éviter certains conflits post-électoraux, il recommande l’affichage des résultats bureau de vote par bureau de vote.
Elections et insécurité
« En démocratie, il est mieux d’avoir un président par les élections que par la rue », soutient Makan Moussa Sissoko. Pour lui, les élections sont possibles au Mali et affirme que la mission principale d’une transition reste « l’organisation des élections ». Ce qui amène le constitutionnaliste à donner le cas du Burkina Faso qui a pu organiser sa présidentielle l’année passée.
Quant à la création de l’organe unique de gestion des élections, il affirme qu’il ne peut pas être créé en moins de 3 ans et celle-ci doit être conditionnée à la révision constitutionnelle.
Est-ce que les conditions seront meilleures si on prolonge la Transition ? S’interroge Moussa Mara et pense que 80% des électeurs maliens aujourd’hui peuvent voter malgré l’insécurité. « Le territoire est différent des électeurs », soutient-il.
IB KONE