(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Mali, la compagnie canadienne Barrick Gold a annoncé avoir conclu un accord historique avec le gouvernement malien afin de résoudre un différend complexe qui perdurait depuis près de deux ans concernant ses opérations minières en Afrique de l’Ouest, un secteur crucial pour l’économie du pays.
Selon des sources proches du dossier, rapportées à Croissance Afrique, « l’accord a été signé mercredi 19 février 2025, et il est maintenant soumis à l’approbation formelle du gouvernement malien, signe d’une volonté mutuelle de rétablir la coopération. Une annonce officielle pourrait être faite dès jeudi, marquant potentiellement un tournant dans les relations entre le géant minier et le gouvernement malien ».
La société minière canadienne, basée à Toronto, avait été en désaccord avec le Mali depuis 2023, suite à l’application d’un nouveau code minier, qui accordait une part plus importante au gouvernement malien dans les profits issus de l’exploitation de l’or, mettant en lumière les tensions croissantes autour des ressources naturelles et de la souveraineté économique.
Dans le cadre de cet accord, « Barrick s’engage à verser 275 milliards de francs CFA, soit environ 438 millions de dollars, au gouvernement malien, un geste qui pourrait non seulement apaiser les revendications économiques, mais aussi renforcer les infrastructures locales par des investissements liés à ces fonds », selon l’agence Reuters.
En contrepartie, cet accord devrait permettre la libération de ses employés qui avaient été retenus, révélant les conséquences du conflit sur les vies humaines, ainsi que des mesures concernant la saisie d’or et la reprise des activités de la mine de Loulo-Gounkoto, un site vital pour la production d’or en Afrique.
Aussi, les actions de Barrick ont enregistré une hausse de 1 % à la Bourse de Toronto à 13 h 55 HNE, illustrant l’optimisme des investisseurs face à cet accord. Par ailleurs, une délégation regroupant une quinzaine de représentants des ministères maliens, de la présidence, et de la société de conseil Iventus a terminé une inspection de trois jours du complexe minier de Barrick, une démarche qui témoigne de la diligence du gouvernement malien à assurer la conformité des opérations minières.
À la fin de la semaine précédente, le gouvernement malien avait donné à Barrick un ultimatum d’une semaine pour reprendre ses opérations, soulignant la pression économique grandissante sur le pays. Cet accord représente une opportunité non seulement pour dynamiser les activités de Barrick, mais aussi pour restaurer la confiance entre les deux parties, surtout à un moment où les prix de l’or atteignent des sommets historiques, malgré le fait que les investisseurs n’aient pas encore vu un impact positif équivalent sur la performance des actions de la société.
Lors d’une récente interview avec Reuters, Mark Bristow, le PDG de Barrick, a souligné que la fermeture de la mine était préjudiciable pour les deux parties, entraînant des pertes significatives pour le Mali en termes de revenus chaque semaine d’inactivité, tout en affectant l’approvisionnement d’or sur le marché mondial.
Pour rappel, il a également précisé que Barrick avait versé 460 millions de dollars au gouvernement malien l’année dernière et aurait pu contribuer près de 550 millions de dollars au Trésor public cette année si les opérations n’avaient pas été suspendues.
Notons qu’en raison de cet arrêt temporaire de la mine malienne, Barrick a réduit ses prévisions de production d’or pour l’année en cours entre 3,2 millions et 3,5 millions d’onces, tandis que la production l’année précédente avait atteint 3,9 millions d’onces et 4,1 millions d’onces en 2023, signalant les risques significatifs encourus tant par l’entreprise que par l’économie malienne dépendante de cette ressource.
Daouda Bakary KONÉ