En 2013, lors de l’intervention française Serval, j’avais donné une interview dans le journal français « le Monde », je disais que nous avions cru à la fin de notre pays.
Six ans après, j’avoue garder la même crainte, le pays est dans une délicate situation et la rupture de l’équilibre peut être globale à tout moment.
La nature de la crise malienne n’est pas facile à définir, elle peut être classée dans la catégorie des situations enchevêtrées.
Mais la division profonde des maliens est la pire menace qui pèse sur le pays et pour renverser cette tendance, un changement global de posture s’impose.
Il ne s’agit pas uniquement de se donner la main, mais de faire preuve de responsabilité et de travailler ensemble dans l’intérêt du pays.
Je n’appelle pas à un simple dialogue politique, mais à un sursaut national, à travers la responsabilisation les meilleurs et en écoutant les populations en détresse. Ne serait-ce que pour amorcer un véritable programme de développement.
Je conseille une véritable prise de conscience, une meilleure compréhension des menaces, et des atouts en face. Cela pour redonner confiance aux populations sur les capacités de l’Etat à favoriser le vivre mieux.
Le rétablissement de la confiance, la réduction de l’extrémisme religieux, la reconquête des cœurs, n’est possible qu’avec des résultats pertinents et durables.
Le changement de mentalité de l’élite est l’autre condition indispensable. Les cadres doivent d’abord arrêter les préjugés et favoriser les collaborations, l’esprit de discernement doit l’emporter.
De nombreux talents mènent entre eux une sorte de guerre froide sur des bases fallacieuses, alimentant ainsi une démarche de destruction collective.
Parmi les dirigeants, nul ne doute qu’il y a des intelligences, mais force est de reconnaître que certains ont privilégié leur maintien à celui du pays.
L’engagement doit être le maître-mot, le Mali a besoin d’actions positives en continu.
Les autorités du pays doivent appeler les maliens à l’aide, ce n’est pas une faiblesse, bien au contraire, le véritable chef est celui qui fait appel à son peuple. Le gouvernement doit reconnaitre la complexité et la difficulté de la situation.
Par endroit, il existe des relents génocidaires, l’économie est en berne, les militaires sont peu formés, sans oublier la désolation environnementale. Face à toutes ces situations, un appel à l’aide serait apprécié et pris en compte. Les maliens sont de nature généreuse, surtout lorsqu’il s’agit d’une cause nationale, souvenez-vous du soutien envers l’armée entre 2012 et 2013, ou encore, l’organisation de la conférence nationale en 1992.
Appeler à l’aide et être intransigeant avec les moins productifs, constitueraient un début de solution face à la situation. La responsabilisation des meilleurs permettra de lutter de facto contre les facteurs déstabilisateurs.
L’apaisement ne viendra que de la production de résultats, le pouvoir ne doit en aucun cas favoriser une logique de confrontation, au détriment des luttes pour le progrès.
Il est important de sortir de l’éternelle campagne politique pour fixer des objectifs au pays, à commencer par la mobilisation des ressources humaines.
Je conseille de sortir de cette vision strictement politique et d’ouvrir la porte à tous les maliens en capacité de « faire » tout simplement, nous avons l’obligation d’inventer notre propre modèle et de servir d’exemple à d’autres, comme l’ont été les commissions vérité, justice, réconciliation, initiées par l’Afrique du Sud, ou les « gacaca » rwandais.
BST
Source : Croissanceafrique.com