(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Mali, le Forum de Bamako est devenu une référence incontournable pour la réflexion et le dialogue entre acteurs clés d’Afrique. Sous l’impulsion de son fondateur, Abdullah Coulibaly, cet événement a réussi à s’imposer comme un espace d’échange convivial et de liberté d’expression.
Au fil des années, il a attiré des milliers de participants issus d’horizons variés, notamment des chefs d’entreprise, des politiciens, des universitaires, des membres de la société civile et des représentants des médias. Initialement centré sur le Mali, le Forum a élargi son influence pour se positionner en tant que plateforme reconnue à l’échelle ouest-africaine, continentale et internationale. Sa mission est d’analyser les enjeux clés du développement en Afrique et de fournir des recommandations pertinentes aux décideurs politiques ainsi qu’aux acteurs du secteur privé et de la société civile.
Dès ses débuts, cet événement de haut niveau a bénéficié de la participation de figures éminentes, dont des chefs d’État, premiers ministres, ministres et entrepreneurs. À l’occasion de cette 25e édition, un hommage particulier sera rendu à toutes ces personnalités ayant contribué à l’essor du Forum.
Au cours de ces 25 années, le Forum de Bamako a observé d’importantes transformations sur le continent, ponctuées par une multitude de crises politiques, économiques, sociales et sécuritaires. Ces défis, d’une ampleur considérable, menacent l’unité et la prospérité de l’Afrique tout en soulignant son rôle de plus en plus significatif sur la scène géopolitique mondiale.
Aujourd’hui, l’Afrique est un acteur clé des dynamiques globales, confrontée à de profondes mutations économiques, climatiques, technologiques et sécuritaires. Ces évolutions redéfinissent les relations internationales et offrent à l’Afrique des opportunités stratégiques uniques, tout en posant des défis complexes à relever.
À l’horizon 2025, le monde est en pleine mutation, marqué par des rivalités entre grandes puissances, des crises régionales, des enjeux climatiques et des avancées technologiques rapides. Ces questions ont des répercussions directes sur l’Afrique, un continent riche en ressources.
Le Forum de Bamako se définit ainsi non pas comme un espace politique, mais comme un lieu privilégié pour réfléchir et anticiper les défis futurs auxquels l’Afrique devra faire face. Il a pour objectif d’apporter des éclairages pertinents et des recommandations stratégiques pour guider le continent dans sa quête de développement et de stabilité.
La rivalité entre les puissances mondiales pour avoir un accès et influencer l’Afrique revêt des enjeux significatifs. La Chine, les États-Unis, l’Union européenne, la Russie, la Turquie, l’Inde et d’autres acteurs s’affrontent pour l’accès aux ressources naturelles, à un marché en expansion et à une population jeune.
Particulièrement, la Chine est devenue le principal partenaire commercial de l’Afrique, avec des échanges bilatéraux atteignant 254 milliards de dollars en 2022. Son initiative « Nouvelle Route de la Soie » vise à renforcer les échanges économiques, les investissements et l’influence géopolitique de la Chine à l’échelle mondiale, se traduisant par d’importants investissements dans les infrastructures africaines.
Face à cette influence croissante, les États-Unis ont lancé l’initiative « Build Back Better World » (B3W), et l’Union européenne a introduit « Global Gateway », cherchant à soutenir des infrastructures durables en Afrique, tout en tentant de limiter l’influence chinoise.
L’Inde et la Turquie cherchent également à développer leurs échanges commerciaux avec l’Afrique et à investir dans ses secteurs industriels. Cela pourrait apporter des opportunités, mais pourrait aussi comporter des risques de dépendance économique et de perte de souveraineté pour les pays africains.
La guerre en Ukraine a par ailleurs des conséquences majeures pour l’Afrique, grand exportateur de céréales, notamment de blé. Cette conjoncture géopolitique mondiale affecte les approvisionnements alimentaires et les prix des produits de base en Afrique, révélant l’interconnexion entre les événements mondiaux et régionaux.
Cette crise souligne l’importance cruciale pour l’Afrique de renforcer son autonomie alimentaire et de moderniser son agriculture afin de réduire sa dépendance aux importations alimentaires. En 2023, le conflit en Ukraine a entraîné une augmentation de 23% des prix alimentaires en Afrique, exacerbant l’insécurité alimentaire dans des pays tels que l’Égypte, le Soudan et la Somalie, mettant ainsi en péril la sécurité alimentaire de millions de personnes en Afrique subsaharienne.
Ce conflit a également provoqué une grave crise énergétique, entraînant une hausse des prix de l’énergie, notamment du pétrole et du gaz, alors qu’un grand nombre de pays africains sont importateurs. Cela a eu un impact négatif sur leurs économies et freiné leur développement. De plus, l’incertitude économique mondiale résultant de cette guerre a conduit à une baisse des investissements étrangers en Afrique et à une diminution de l’aide au développement et humanitaire, qui s’est en grande partie tournée vers l’Ukraine.
Par ailleurs, la transition mondiale vers les énergies renouvelables, essentielle pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, a engendré de nouvelles dépendances et des tensions géopolitiques autour des minéraux rares nécessaires aux technologies vertes.
Notons que l’Afrique détient environ 30% des réserves mondiales de ces minéraux, tels que le cobalt, le lithium, le graphite, le platine, les terres rares et le cuivre, qui sont essentiels pour la fabrication de batteries de véhicules électriques.
Daouda Bakary KONÉ