La commission vérité justice et réconciliation (CVJR) a tenu le samedi 11 juin 2022 au centre international de conférence de Bamako (CICB) sa 5ème audience publique non judiciaire. Au cours de laquelle plusieurs victimes ont faits des témoignages très émouvants sur les violences sexuelles faites aux femmes. Mariage forcé, viol, viol collectif, esclavage sexuel etc. sont entre autres les natures de ces violences. Chacune de ces victimes représente des centaines de cas similaires. Pour des raisons de sécurité, les victimes ont témoigné à l’anonymat.
Des récits très émouvants
La victime numéro 1 est une femme veuve âgée de 54 ans originaire de Ségou. Elle a été victime d’un viol collectif en 2012 à Gao par un groupe armé. C’est pendant l’occupation de cette ville du nord du Mali que des hommes armés ont fait irruption dans son domicile où elle vivait avec son mari, ses enfants, son beau-frère et un colocataire. Tous ont été ligotés avant de violer toutes les femmes qui s’y trouvaient. Depuis ce jour, son mari a disparu et jusqu’à nos jours aucun membre de la famille n’a de ses nouvelles. Ces actes ont poussé son enfant âgé de 15 ans de s’exiler dans un pays voisin. Son beau-frère ne pouvant pas supporter est décédé après. Cette dame ne souhaite pas que de tels actes inhumains et dégradants soient commis à d’autres femmes.
La victime numéro 2 est une femme divorcée âgée de 40 ans de Tombouctou. Juste après son divorce en 2012 pendant l’occupation de Tombouctou par des groupes armés, elle a été remariée de force à un responsable de groupe armé. Ce dernier est venu l’enlever avec 07 hommes armés laissant derrière elle sa vieille maman malade et son bébé. Ce mariage forcé a duré 06 mois avec un enfant qui a aujourd’hui 09 ans. Cet enfant est victime de stigmatisation à l’école. Elle était gardée par 02 hommes armés à chaque fois que le monsieur se déplaçait. Elle a été victime de stigmatisation pendant qu’elle était enceinte.
Elle, la victime numéro 6 est une femme âgée de 48 ans originaire de Ségou. La victime est partie en aventure à Kidal depuis 1995 où elle s’est mariée. Elle y est restée jusqu’aux évènements de 2012. Après le massacre d’Aguelhok son mari avait décidé que sa famille retourne à Gao. Soudain, les hommes armés ont fait irruption chez eux puis les ont dépossédés de biens en disant que ces biens ont été gagnés à Kidal et resteront à Kidal. La victime a été agressée violemment par les assaillants lorsqu’elle s’est opposée à l’enlèvement de sa moto Jakarta. A défaut de la violer, ils ont introduit le bout de leur fusil dans son organe génital et l’ont retiré avec force. Ce qui a provoqué la déchirure d’une partie de cet organe. La famille a fini par quitter Kidal pour la région de Ségou. La victime souffre encore de la stigmatisation de la part de ses coépouses.
Elle est âgée de 23 ans, de Tombouctou, la victime numéro 9 est une femme célibataire. Elle a subi des violences sexuelles en 2015 sur la route de Tombouctou à la quête du travail. La victime a été enlevée de force dans le véhicule par 07 hommes dont 06 de teint clair. Elle a été emmenée loin des autres passagers et a été violée à tour de rôle avant d’être abandonnée dans un état déplorable. Le chauffeur est parti la chercher pour l’emmener auprès des autres. A cause de ce viol collectif, la victime a perdu sa virginité. Ainsi, arrivée à Tombouctou, elle a été acceptée par une femme comme aide-ménagère. Un mois après, il a été révélé qu’elle est en début de grossesse. Les voisins demandaient à sa patronne de la libérer sous prétexte qu’on ne garde pas une aide-ménagère enceinte. Mais sa patronne a accepté de la garder avec sa grossesse. La victime a bénéficié de ce soutien même après son accouchement. L’enfant est une fille qui a 06 ans aujourd’hui. Ce qui angoisse la victime aujourd’hui, c’est le fait qu’elle ne peut pas retourner dans son village.
Ibréhima Koné