(CROPISSANCE AFRIQUE)-Le ministre de l’industrie et du commerce du Mali, Moussa Alassane Diallo a présenté sa vision du secteur de l’industrie et du commerce aux acteurs privés le samedi 19 août 2023, au conseil national du patronat du Mali. A l’issue duquel, il a abordé sa vision, les orientations stratégies. Dans son exposé, le Ministre a d’abord fait savoir sa vision et les orientations stratégiques.
Il a souligné que cette vision est adossée à celle définie par le Président de la Transition, Colonel Assimi GOITA, qui a instruit à la nouvelle équipe de mettre les populations au centre des préoccupations du Gouvernement et de veiller au strict respect des principes édictés pour la conduite de l’action gouvernementale : « Le respect de la souveraineté du Mali, le respect des choix stratégiques et des choix de partenaires opérés par le Mali, la prise en compte des intérêts vitaux des populations dans les décisions prises ».
Ensuite, il fait état des lieux de sa vision. Pour Moussa Alassane Diallo, l’industrie et le commerce sont des secteurs clés dans le développement économique et social de toute nation. « C’est pourquoi ils méritent une attention particulière afin de jouer pleinement leur rôle dans la croissance du pays », a-t-il déclaré.
Le ministre a fait savoir les principaux défis et entraves majeurs en matière de développement industriel et commercial du Mali : « défi de l’amélioration du climat des affaires, le défi de la transition écologique et climatique, le défi de la compétitivité dans un environnement toujours concurrentiel, le défi de la résilience dans un monde en crise géopolitique et géostratégique, le défi des ressources humaines et celui des compétences, le défi de la digitalisation et du numérique (e-commerce), le défi de la fluctuation des prix des matières premières sur les marchés internationaux, le défi de l’accès au financement des PME malgré la mise en place par l’Etat du Fonds de Garantie pour le Secteur Privé, le défi de la promotion de l’investissement direct étranger, le défi des synergies entre l’industrie et le commerce », a-t-il cité avant de signaler que « voici là exposés mais sans toutefois être exhaustifs quelques défis majeurs auxquels est confronté le développement industriel et commercial de notre pays ».
Face à ces défis, dit-il, « il nous appartient d’apporter des réponses concrètes à très court terme pour traiter les difficultés auxquelles les secteurs de l’industrie et du commerce sont confrontés quotidiennement et pour améliorer les circuits d’approvisionnement, de stockage et de conservation, et ensuite proposer les réformes structurelles de long terme qui seront de nature à préparer dès aujourd’hui les secteurs de l’industrie et du commerce dans la perspective de transformer durablement la base de l’économie malienne ».
Il s’agira notamment de : « mettre en évidence l’ensemble des problématiques et défis auxquels sont confrontés les secteurs de l’industrie et du commerce du Mali; proposer un cadre permanent de concertation et de dialogue entre le département, le CNPM, la CCIM et tous les acteurs organisés en faitières ou associations concourant au développement du tissu industriel et commercial de notre pays et dont les retours d’expériences et les propositions concrètes d’amélioration enrichiront la démarche du département; définir les devoirs, les responsabilités et les attentes des parties prenantes dans la réussite de la transformation industrielle du Mali et dans le développement d’un tissu commercial sain et concurrentiel; mettre enfin en place un mécanisme de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre de tout ce dispositif », a-t-il expliqué.
Il a en effet évoqué les mesures concrètes que son département compte engager.
Quant au titre des mesures à très court terme, selon lui, « d’assurer la stabilité et la régularité de la chaîne d’approvisionnement en denrées de première nécessité tout au long de l’année et sur l’ensemble du territoire dans une démarche d’anticipation et de planification, lutter contre l’inflation qui casse la croissance, augmente le taux de chômage et détruit l’épargne d’où une paupérisation des populations, préserver le pouvoir d’achat des ménages et des particuliers, particulièrement les couches les plus vulnérables ».
Parlant d’au titre des mesures à moyen terme : « Accélérer les réformes structurelles qui seront de nature à promouvoir le secteur privé par la prise en charge des résolutions et recommandations du forum de Ségou de la CCIM du 30 et 31 mars 2023, du mémorandum du CNPM-REAO du 28 avril 2023, du livre blanc de l’OPI et de toutes les préoccupations exprimées par les acteurs organisés en faitières ou les associations ; encourager les acteurs du secteur du commerce à investir dans l’industrie afin de créer plus de valeur ajoutée et d’emplois ; favoriser une plus grande contribution des secteurs de l’industrie et du commerce dans la formation du produit intérieur brut ; relancer les investissements de long terme pour soutenir le développement des infrastructures ; fédérer les synergies et mutualiser les moyens des secteurs de l’industrie et du commerce pour créer une plus grande complémentarité ».
Pour le Ministre Alassane Diallo, l’industrie apparait comme un secteur vital et impératif pour assurer la souveraineté nationale et le commerce se présente comme le principal facteur de promotion sociale et de bien-être des populations.
« L’évaluation et la relecture de notre politique industrielle en cours est fondée sur la promotion et le développement des industries tournées vers la transformation de la production nationale, notamment des produits agricoles », a-t-il souligné.
Pour lui, l’objectif ultime recherché est la satisfaction de la demande intérieure par la production nationale.
Il a par ailleurs expliqué que face aux problèmes structurels de pénurie des denrées de premières nécessités sur les marchés, en lieu et place des réponses conjoncturelles actuellement axées sur les importations, il s’agira pour les acteurs d’apporter des réponses structurelles qui seront de nature à couvrir les déficits par la production nationale « d’où la mise en œuvre des programmes agricoles d’aménagement des terres et de mise à niveau de l’outil industriel », a-t-il indiqué.
Dans la même dynamique, affirme-t-il, une campagne d’information, de sensibilisation et d’éducation industrielle sera menée en collaboration avec les associations des consommateurs pour promouvoir la consommation nationale : « les maliens nourrissent les maliens ».
« La croissance économique durable et inclusive du Mali se fera avec les industries ou ne se fera pas, c’est pourquoi la promotion du secteur de l’industrie pour notre pays n’est pas une urgence mais une exigence », a-t-il déclaré.
Plus généralement, le commerce sert de débouché à l’industrie, notamment pour les PME de l’agro-alimentaire et un prolongement de l’artisanat.
Dans son exposé le ministre a soulevé la thématique des petites et moyennes entreprises et petites et moyennes industries.
Pour un meilleur accompagnement des PME-PMI, selon lui, il y’a lieu d’apporter des réponses structurelles aux problématiques : « Commercialisation des produits ; statut juridique des entreprises ; les obstacles à l’accès au crédit bancaire ; pistes de solutions ; développer l’accès des PME-PMI à la commande publique ; promouvoir les joint-ventures ».
Ainsi, selon lui, il apparait que la promotion des PME-PMI constitue un véritable facteur de développement économique et social de notre pays.
En effet, pour lui, la réussite et la viabilité de toute politique de promotion en faveur des PME-PMI demeure subordonnée aux facteurs « amélioration de l’environnement institutionnel, réglementaire, fiscal et juridique, encadrement technique, suivi et formation des promoteurs, organisation de la commercialisation et débouchés des produits, solidité, compétitivité et pérennité des entreprises, produits et services de qualité, financement ».
Il a déclaré que lorsque ces questions sont résolues, alors les PME-PMI peuvent être un puissant moyen et accélérateur du développement économique de notre pays.
Parlant du partenariat public privé, il a indiqué que le cadre de concertation Etat-secteur privé peut être un lieu approprié pour conduire des réflexions afin d’identifier et de réaliser deux projets structurants en partenariat public-privé qui seront de nature à : provoquer un effet multiplicateur et durable sur le développement économique et social.
Abordant de la lutte contre la fraude et la concurrence déloyale, le Ministre de l’industrie et de commerce a déclaré que la fraude et la concurrence déloyale constituent une vraie menace pour l’économie malienne. « La Direction Générale du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence sera totalement mobilisée pour faire face à ce fléau », a-t-il déclaré.
S’agissant du respect des normes et de la règlementation, il dira que toutes les activités économiques s’inscrivent dans un cadre défini par la puissance publique. « J’invite les opérateurs économiques à inscrire leurs actions dans le respect des normes et des règles édictées par la puissance publique », a-t-il invité. Le non-respect des normes et des règles selon lui, entraîne à terme un désintérêt des consommateurs.
Au compte du mécanisme de suivi, le Ministre Moussa Alassane Diallo compte redynamiser les équipes pluridisciplinaires au sein du département qui seront chargées d’animer le cadre de concertation, suivre et rendre compte à des périodicités régulières de la mise en œuvre des recommandations issues de nos différentes rencontres et échanges. « Cela en soi est déjà un partenariat public privé qu’il faut entretenir dans la durée », a-t-il conclu.
Hamadoun Alphagalo