(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Mali, la tension monte entre Bamako et Barrick Gold, le géant canadien de l’or. Après la saisie de trois tonnes d’or sur le site de Loulo-Gounkoto et l’émission d’un mandat d’arrêt contre le PDG Mark Bristow, les autorités maliennes ont maintenant ordonné la fermeture du bureau de la société à Bamako, en raison d’un prétendu non-paiement d’impôts.
Cette information, qui a été confirmée par plusieurs sources proches de la compagnie minière à Croissance Afrique et relayée par plusieurs médias, marque une escalade significative dans le différend fiscal et juridique entre le Mali et l’une des plus grandes entreprises minières mondiales. Bien que Barrick Gold conteste les accusations, la société n’a pas encore réagi à cette dernière décision, continuant de nier toute irrégularité.
Ce conflit prolongé découle d’une divergence persistante sur le partage des revenus miniers et le respect des obligations fiscales. Bamako exige le paiement de près de 305 milliards FCFA (environ 500 millions USD) au titre d’arriérés fiscaux, une somme que Barrick Gold considère comme injustifiée. Bien qu’un premier versement de 85 millions USD ait été effectué en 2024 dans le cadre d’un accord, les autorités maliennes ont rapidement signalé son non-respect.
Dans un pays où l’or représente une part cruciale de l’économie, soit un quart du budget de l’État et 75 % des recettes d’exportation, la junte multiplie les efforts pour maximiser les retombées locales de l’industrie extractive. L’adoption d’un nouveau code minier en 2023, plus exigeant en matière de transparence et de participation de l’État, s’inscrit dans cette dynamique.
Cependant, cette fermeté, considérée par certains comme un acte de souveraineté économique, présente des risques. Elle soulève des préoccupations quant à la stabilité réglementaire du pays, alors que plus de 8 000 emplois dépendent des activités de Barrick Gold.
Notons que les observateurs estiment qu’un juste équilibre doit être trouvé entre la protection des intérêts nationaux et la nécessité de maintenir la confiance des investisseurs étrangers.
MARIAM KONE