(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Mali, les autorités ont pris des mesures pour reprendre le contrôle du complexe aurifère de Loulo-Gounkoto, géré par Barrick Mining, et relancer son activité, ce qui est en contradiction avec les intentions de la société canadienne.
Ainsi, le tribunal de commerce malien a autorisé l’État à prendre le contrôle de la mine de Loulo-Gounkoto en la plaçant sous administration provisoire pour six mois. Cette décision fait suite à des tensions persistantes concernant les impôts, la répartition des parts et l’application du nouveau code minier malien.
Aussi, le différend s’est intensifié depuis l’adoption du nouveau code minier au Mali en 2023. Les autorités maliennes estiment que la convention minière qui régissait Loulo a expiré en avril 2023, ce qui soumettrait la mine à la nouvelle législation. De son côté, Barrick affirme que ses filiales maliennes sont protégées par les conventions minières existantes, qui ne devraient pas être soumises à des changements législatifs rétroactifs.
Avant la mise sous administration provisoire, le Mali avait déjà pris plusieurs mesures, notamment le blocage des exportations d’or de la mine, l’arrestation de certains employés et la saisie de plusieurs tonnes d’or. Ces actions ont conduit Barrick à suspendre temporairement ses opérations à la mine en janvier 2025.
Barrick Mining s’oppose fermement à cette décision, la qualifiant de « coup de force » et a annoncé son intention de faire appel. La société a également engagé une procédure d’arbitrage international auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) de la Banque mondiale, demandant des mesures provisoires pour empêcher toute nouvelle intervention du Mali jusqu’à la résolution du litige.
Loulo-Gounkoto est une mine d’or stratégique, étant la plus grande du Mali et représentant une part significative de la production mondiale de Barrick (environ 14%). La suspension des opérations a un impact important sur les prévisions de production de Barrick. Pour le gouvernement malien, la mine représente une source de revenus potentiellement colossale, surtout avec les cours de l’or à des niveaux records.
Bien que les relations soient tendues, Barrick a exprimé sa volonté de négocier un accord mutuellement acceptable avec le gouvernement malien, tout en défendant ses droits et l’intégrité de son investissement. La situation reste donc très complexe, avec des implications économiques et juridiques importantes pour les deux parties.
Zangouna KONÉ