Le gouvernement du Mali a été informé de la convocation de l’ambassadeur du Mali en Mauritanie, le 08 mars 2022 au ministère des affaires étrangères, de la coopération et des mauritaniens de l’extérieur pour lui signifier l’assassinat de citoyens mauritaniens survenu sur le territoire malien, vers la frontière commune entre les deux pays. Le gouvernement du Mali a réagi à cette action par un communiqué le mercredi 9 mars passé.
La tension diplomatique entre le Mali et son voisin, la Mauritanie, intervient à un moment où notre pays subit des sanctions de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) et de l’UEMOA (Union économique monétaire ouest africaine) avec la fermeture des frontières terrestres et aériens. Pour contourner ces mesures prises à l’encontre du Mali, le corridor mauritanien est choisi par les autorités pour le transport de ses marchandises notamment le coton fibre dont plusieurs camions ont fait le départ le 25 février passé. Dans cette situation, faut-il penser à une main invisible dont l’objectif serait de saboter la montée en puissance des Forces armées du Mali (FAMa) dans la lutte contre le terrorisme depuis un certain temps ? Ou encore freiner les bonnes relations entre ces deux pays afin d’affaiblir le pouvoir de Bamako ? En tout cas c’est troublant.
Etant donné qu’en dehors de la CEDEAO, les relations sont beaucoup tendues entre le Mali et certains de ses partenaires notamment la France suite à l’expulsion de son ambassadeur au Mali. Egalement, de façon unilatérale, la France à travers sa force militaire « Barkhane » présente au Mali depuis 2013 avait décidé de quitter certaines de ses positions au nord du Mali. Ce qui avait amené l’actuel premier ministre Choguel Kokalla Maïga de dire à la tribune des Nations Unies que la « France a abandonné le Mali en plein vol ». Dans un passé récent, les autorités du Mali ont demandé à cette même force de quitter le territoire malien sans délai. Cette décision est intervenue suite à une décision des autorités françaises de retirer ses combattants au Mali mais de façon progressive.
Le même incident était intervenu le 17 janvier dernier auquel sept (7) citoyens mauritaniens avaient perdu la vie entre Tarabakoro et Akor, dans la région de Nara au Mali. Le gouvernement du Mali avait décliné toute responsabilité de ses militaires qui agissent avec professionnalisme dans la lutte contre le terrorisme. Il est intervenu 24h, après une visite de travail d’une délégation du pouvoir de Bamako effectuée à Nouakchott. Pourquoi de tel incident intervient chaque fois que les deux pays tentent de renforcer les liens de leur coopération ? D’autres même avancent une implication des éléments russes du groupe Wagner dans ces assassinats. Alors que les autorités de Bamako ont toujours avoué à l’opinion nationale et internationale que notre pays n’a signé aucun contrat avec cette société de sécurité privée russe. Cependant chaque jour les maliens assistent à des informations non vérifiées qui ternissent l’image de leurs militaires sur les théâtres des opérations dans le but de les démoraliser. Ces fausses informations sont la plupart diffusées sur les réseaux sociaux. Comme le cas d’une vidéo la semaine passée montrant des individus calcinés qui serait le travail des militaires maliens dans la zone de Diabaly à Niono. Au jour d’aujourd’hui, personne n’a pu prouver la véracité de ces images.
A la suite du récent incident, le président de la Transition du Mali, colonel Assimi Goïta a échangé avec son homologue de la Mauritanie Mohamed Ould Cheick El-Ghazouani. Une enquête a été ouverte pour faire la lumière sur cette situation. Pour raffermir davantage la fraternité et la coopération entre les deux pays notamment dans le domaine de la gestion des frontières communes, de la défense et de la sécurité des personnes et des biens, Bamako a décidé d’envoyer une mission de haut niveau à Nouakchott.
Ibréhima Koné