Mme Aïssata Touré COULIBALY, Présidente des femmes chefs d’entreprise du Mali « Chef d’entreprise, c’est un vrai métier et la formation, c’est 50 % de la réussite » (Entretien Exclusif)

Date:

(Entretien Exclusif)-Lors du XXIe Forum de Bamako (25-28 mai), dont le thème était « Femmes, Paix, Sécurité et Développement », Mme Aïssata Touré COULIBALY, femme d’affaires aux multiples casquettes, participait à un panel de haut niveau consacré à l’entrepreneuriat féminin. Un témoignage très instructif sur les réalités économiques du pays.

APP – Figure emblématique du patronat et des femmes d’affaires du Mali, voulez-vous vous présenter plus précisément ?

Mme Aïssata Touré COULIBALY – Je suis chef d’entreprise, mariée et mère de quatre enfants. J’évolue principalement dans la filière d’exploitation de fruits et légumes frais à destination principalement du marché international de Rungis (France) et de quelques autres États de l’Union européenne.

Je suis notamment la Présidente de l’Association des femmes chefs d’entreprise du Mali et, à ce titre, la Présidente nationale du Réseau des Femmes Opératrices Économiques du Mali (qui compte 6 700 femmes) et également la Présidente sous-régionale des Femmes Opératrices Économiques de l’espace UEMOA (Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest), qui regroupe huit pays, et je représente toutes ces organisations au sein du Patronat du Mali. Il y a trois ans, j’ai également été nommée par décret présidentiel Commissaire à la Commission Justice et Réconciliation et Coordinatrice du Genre. Cela fait beaucoup de casquettes, j’en conviens !

APP – Mais n’avez-vous pas fait aussi une carrière dans la banque ?

Mme Aïssata Touré COULIBALY – Juste après mes études de gestion et d’administration, une grande banque libyo-malienne, la BALIMA devenue la BCS, s’est installée au Mali, et m’a recrutée. J’ai travaillé dans cette grande banque de la place pendant dix ans et acquis – je crois – une solide expérience. Mais, pour des raisons personnelles, j’en ai démissionné car mon salaire ne me permettait plus d’assumer mon train de vie et d’élever mes quatre enfants. Je me suis alors lancée dans le privé et ce fut une nouvelle aventure, où j’ai découvert l’entrepreneuriat, ses règles et ses risques.

APP – Lors du Forum de Bamako, qui vient de se dérouler à l’Hôtel Azalaï, vous avez participé à un panel de haut niveau présidé par l’ancien Premier ministre Moussa Mara et consacré précisément à l’entrepreneuriat féminin…

Mme Aïssata Touré COULIBALY – Ce Forum, associant quatre éléments extrêmement importants pour notre vie économique, est d’une parfaite actualité, tout comme ce panel consacré à l’entrepreneuriat féminin. En écoutant les interventions des unes et des autres, il m’a paru très intéressant de constater que nous avons pratiquement les mêmes problèmes. Que ce soit au Mali, au Cameroun, au Sénégal ou en Guinée, l’entrepreneuriat féminin a à peu près le même visage. Nous sommes toutes confrontées aux mêmes problèmes et aux mêmes défis. Et nous cherchons toutes à sortir de cette situation avec pragmatisme et efficacité pour que les femmes contribuent au mieux au développement économique de leurs pays respectifs.

Les banques accompagnent les entreprises en leur accordant des crédits, mais au Mali elles sont complètement à côté de la plaque et le font parfois à des taux avoisinant les 12 %, voire 18 %. Ce n’est pas normal. Il faut vraiment que les banques revoient leur stratégie car ces taux sont exorbitants pour toutes ces femmes qui sont dans l’informel, que ce soit dans l’agriculture, le commerce ou l’artisanat. Nous avons besoin de produits adaptés au profil de nos petites entreprises.

.

« Chef d’entreprise, c’est un vrai métier
et la formation, c’est 50 % de la réussite »

.

APP – Quelle est votre priorité pour trouver des solutions concrètes ?

Mme Aïssata Touré COULIBALY – Pour ma part, j’estime que la priorité est à la formation des jeunes femmes qui se lancent dans l’entrepreneuriat car elles y arrivent bien souvent par accident et non par vocation. Nombre d’entre elles se disent : « Je n’ai pas de travail, je n’ai pas de tuteur, ou bien je suis divorcée, je vais me lancer et ouvrir un petit commerce ». Mais beaucoup d’entre elles n’ont pas la moindre culture de l’entrepreneuriat, ce qui rend les choses encore plus difficiles et complexes, car certaines femmes touchent à tout et font plusieurs choses en même temps sans vraiment s’y connaître…

Il y a donc un gros déficit de formation. Or celle-ci me semble indispensable et prioritaire, avant même l’accès au financement dont on parle souvent. Une jeune femme ne peut s’asseoir et se dire « je vais exporter de la mangue », puis aller à la banque réclamer un prêt de 50 millions de CFA, si elle ne sait pas quoi en faire.

Il faut en amont un minimum de formation et pouvoir s’entourer de ressources humaines à la hauteur de son projet, car on peut être chef d’entreprise et ne pas tout connaître. Il faut pouvoir, par exemple, embaucher des gens compétents et les mettre aux bons postes de responsabilité pour pouvoir développer son entreprise. Chef d’entreprise, c’est un vrai métier et la formation, c’est la clé de 50 % de la réussite d’une entreprise. Et je parle d’expérience, car nous avons toujours le problème d’agents qui ne sont pas qualifiés pour le travail qu’on leur demande ! Suivez la suite de l’article à travers nos collègues d’AfricaPresse.paris…..

croissanceafrik
croissanceafrikhttps://croissanceafrique.com
Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Partager:

Populaires

Lire aussi
RELATIFS

Umoa-Titres: Impact et évolutions du marché financier régional sur les économies locales avec 21 000 milliards en 21 ans

(CROISSANCE AFRIQUE)-Depuis sa mise en fonction, le marché financier...

Meta face à une amende record de 202,2 millions d’euros au Nigeria

(CROISSANCE AFRIQUE)- Le géant américain des réseaux sociaux, Meta,...

Banques: Rawbank, une pionnière récompensée aux Euromoney Awards for Excellence 2024

(CROISSANCE AFRIQUE)-Rawbank, acteur financier de premier plan en République...