L’avenir des exploitations familiales en Afrique, thème choisi pour célébrer les 10ans d’IPAR(Initiative Prospective Agricole et Rurale) et par delà rendre hommage à Monsieur Jacques Faye, cofondateur de la structure nous donne l’occasion d’apporter notre réflexion sur la matière.
Les symboles collent bienavec le contexte et surtout s’agissant de la situation de
l’agriculture familiale enAfrique occidentale.
Nous devons sûrement nous interroger sur son avenir mais avant de s’y lancer il serait plus adéquat de faire l’état des lieux.
En réponse à cette exigence nous devons dire que la situation actuelle est préoccupante.
Beaucoup d’années se sont écoulées et il semble que la situation de nos exploitations
familiales est stagnante.
Quels sont les véritablesproblèmesde nos exploitations ?
Pour y répondre nous pourrions citer sans être exhaustif :Une main d’œuvre vieillissante avec une moyenne d’âge de 54ans
• Appauvrissement de nos sols qui traduit un manque de fertilité
• Vétusté de nos équipements agricoles (semoirs, houes, charrues, hilaires et autres)
• Productivitéréduite
• Faiblesse des rendements
• Raccourcissement du cycle des pluies et diminution des volumes
• Effets induits du changement climatique.
La combinaison de tous ces facteurs nous conduità des conséquences néfastes pour le monde agricole. L’exode rural et la diminution des revenus laissent peu d’espoirs à nos populations rurales.
Cette précarisationavancée doit nous interpeller quant auxrésultatsescomptés.
Le colloque doit se donner les moyens et stratégies pour sortir dans un premier temps notre agriculture de son état actuel. Nous ne sommes pas sûrs que Monsieur Jacques Faye à qui nous rendons hommage serait fier de l’immobilisme qui caractérise notre agriculture.
Par son expertise, son implication volontariste pour ne pas dire altruiste au service du mouvement paysan, Monsieur Jacques Faye aurait résolument indiqué des pistes de réflexion à même de venir à bout de cet état stationnaire.
Il ne s’agit pas de faire porter la responsabilité à quelques acteurs. Les décideurs politiques, les acteurs de la recherche, les organisations paysannes, le conseil agricole, les organismes internationaux (FAO, PAM) et autres ONG sont tous responsables.
Tout d’abord une volonté politique affirmée serait une exigence première. Il arrive souvent que l’on s’interroge sur la floraison de séminaires, ateliers et autres rencontres y afférant sans déboucher sur une amélioration qualitative des conditions de vie du monde paysan.
Le calvaire de la baisse des revenus combiné à l’insécurité laissent peu de place à des horizons prometteurs pour notre agriculture. Selon la FAO seul 24% de la population rurale arrive à assurer leur sécurité alimentaire.
La fonction nourricière de nos exploitations familiales n’est pas assurée. Ce potentiel
agricole ne peut pas être exploité au maximum à cause des différentes contraintes énoncées.
Souhaitons que ce colloque soit celui de la rupture qui va nous donner des résolutions fortes capables de répondre au cri de cœur de nos paysans. Diagnostiquant cet état de fait il y a lieu de reconnaitre que certains acteurs se complaisent dans cette situation. Rien ne peut expliquer que cet état de régression perdure.
L’agriculture familiale ne doit pas se limiter à une fonction de production mais elle doit
marquer de son empreinte les niveaux environnementaux, socioéconomiques et culturels
Les différents sommets sur le climat ont fini de convaincre de la nécessité d’aller au-delà des colloques et autres séminaires.
Il nous faut des alternatives résilientes avec des actions ou mesures qui s’adaptent à la
nouvelle situation. L’irruption des effets du changement climatique ne nous laisse aucun répit.
Ne serait-il pas temps de nous édifier sur la proposition faite en 2014 par le Ministre Papa Abdoulaye Seck de faire de l’agro-business une alternative crédible vue la situation
préoccupante qui prévaut toujours dans le monde paysan ?
En tout cas l’accaparement des terres commence à créer au sein du monde rural des inquiétudes.
L’objectif primordial est d’apporter des changements significatifs à l’agriculture familiale dans nos pays et pour ce faire tous les acteurs doivent jouer leur partition.
La stratégie consistera en un plaidoyer fort des organisations paysannes ce qui permettra de conscientiser les décideurs politiques de la nécessite d’une réforme foncière et surtout d’une nouvelle politique agricole qui prend en compte les objectifs visés mais également les mutations qui se sont opérées au niveau du monde rural.
Cette nouvelle politique agricole visera à :
• Réviser les subventions octroyéesaux paysans.
• Renouvelerl’équipement agricole avec une petite de mécanisation.
• Impulser une nouvelle dynamique organisationnelle et en … plus accru et surtout.
• Intégrer résolument les préoccupations des paysans.
• Financer les producteurs pris isolement à travers leurs organisations faitières
• Articuler les actions des différentes organisations paysannes.
• Approfondir les questionsrelatives aux conseils agricoles, l’approvisionnement en
intrants
• Aménager des périmètres d’utilité communautaire
• Permettre l’utilisation collective des moyens de productions lourds tels tracteurs,
forages etc.
Les questions que sont l’emploi, les changements climatiques, la croissance
démographique et la recherche interpellent au plus haut point les pouvoirs publics. La diffusion des espèces adaptées à la nouvelle situation due aux changements climatiques doit retenir l’attention des organismes de vulgarisation.
En définitive, c’est par la capacitation accrue du paysan jumelée à une dotation correcte
d’intrants dans un cadre organisationnel efficient que les conditions d’une agriculture
performante et productive seront une réalité. Et c’est seulement à partir de ce moment que la sécurité alimentaire sera assurée par les exploitations familiales et par de là l’émergence d’un nouveau type d’agriculteur.
Ndiamé THIAM
Technicien Agricole Toub@Productions
Email : ndiambe2018@gmail.com
Source : croissanceafrique.com