(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Nigeria, le Service des recettes internes de l’État de Kaduna (KADIRS) a pris une mesure drastique en mettant sous scellés 6 tours télécom, propriétés de géants de la télécommunication comme MTN, Globacom et ATC.
Cette action, motivée par le non-paiement de taxes s’élevant à 5,8 milliards de nairas (environ 4,1 millions USD), soulève des questions importantes sur la gestion fiscale des entreprises et ses conséquences sur la société.
Aysha Ahmad, secrétaire du Conseil d’administration et conseillère juridique de KADIRS, souligne l’importance de l’application de la loi pour assurer la justice fiscale. L’initiative de KADIRS, visant à fermer l’accès aux infrastructures des opérateurs télécom, intervient après plusieurs avertissements ignorés par ces derniers.
Shamsuddeen Lere, du KASUPDA, explique que cette démarche s’inscrit dans une volonté de l’État de faire respecter les obligations fiscales, essentielles au développement et à la prestation de services publics.
Par ailleurs, le scellage des tours entraîne un arrêt forcé des activités de maintenance, ce qui menace à terme la qualité du service télécom fourni aux abonnés. Dans un secteur aussi compétitif, l’impact pourrait se traduire par une perte de confiance et de chiffre d’affaires pour MTN, Globacom, et ATC, marquant un précédent significatif dans la gestion des biens et services publics.
Répercussions sur la maintenance et les services
L’incapacité pour les techniciens d’accéder aux sites pour des travaux essentiels de maintenance pourrait rapidement dégrader la qualité des communications. Les précédents, comme celui de l’État de Kogi en 2022, ont démontré que même un court laps de temps sans maintenance peut causer des interruptions significatives du service et mécontenter de nombreux usagers.
L’État de Kaduna, avec son objectif ambitieux de recueillir 120 milliards de nairas en recettes fiscales d’ici 2024, montre l’importance de la conformité fiscale pour le développement régional. Ce scellage des tours télécom représente non seulement une mesure de recouvrement fiscal, mais aussi un message clair adressé à toutes les entreprises opérant dans l’État.
Aussi, la situation à Kaduna n’est pas sans précédent; l’État de Kogi avait également procédé à la fermeture des sites télécom pour non-paiement de taxes. Ces actions reflètent une tendance croissante des autorités locales à utiliser le scellage des propriétés comme levier de conformité fiscale, soulignant l’importance de respecter les engagements fiscaux.
Pour rappel, les utilisateurs finaux, avec près de 9,9 millions d’abonnés à la téléphonie mobile et 7,4 millions à l’internet dans l’État de Kaduna, risquent d’être les plus touchés par ces mesures. La qualité de service en jeu pourrait entraver la communication et l’accès à l’information, illustrations tangibles des répercussions sociales et économiques d’un tel conflit fiscal.
Notons ce scellage des tours télécom par KADIRS met en lumière les défis auxquels sont confrontés les opérateurs télécoms et les gouvernements locaux dans la gestion des obligations fiscales. Ces mesures, bien que controversées, rappellent l’importance d’une collaboration entre les entreprises et les autorités pour le développement durable des services publics et l’accès ininterrompu aux communications pour la population.
Korotoumou Sylla