Par Magaye GAYE
Économiste international
Ancien Cadre de la BOAD
Les banques de développement, censées impulser un véritable changement dans les économies africaines, semblent parfois se tourner vers des stratégies qui, loin de renouveler les modèles de développement, réactivent des figures du passé
De nombreux séminaires sont organisés où sont invités des anciens responsables gouvernementaux, tels que des ex-Premiers ministres, censés être des leaders capables de guider le continent vers un avenir prospère.
Pourtant, cet attachement au passé semble souvent un frein au véritable progrès que l’Afrique attend.
En effet, l’Afrique d’aujourd’hui n’a pas besoin de réhabiliter des expertises ou des valeurs d’un autre temps.
Les discours qui reviennent constamment sur des concepts tels que la « banque d’investissement », le « recours systématique aux partenaires multilatéraux », le « PIB », la « lutte contre l’inflation » ou encore le « cadrage macroéconomique » sont certes importants, mais ils font partie du vocabulaire qui a montré ses limites.
Au-delà de ces notions, l’Afrique s’est aussi longtemps appuyée sur des approches techniques et stratégiques qui, bien que présentées comme innovantes à leur époque, n’ont pas réussi à impulser un développement durable et inclusif.
Par exemple, la focalisation excessive sur les grandes infrastructures « phares » sans ancrage local, les plans d’ajustement structurel dictés par des institutions externes qui ont parfois fragilisé les économies, ou encore la dépendance aux matières premières sans diversification économique réelle.
Ces méthodes, qu’on a trop longtemps utilisées, n’ont pas permis de créer les emplois, de réduire les inégalités, ni de développer des économies résilientes.
Le véritable changement ne se trouve pas dans la répétition des recettes qui n’ont pas permis de faire décoller les économies africaines.
L’avenir du continent réside dans un changement de paradigme. L’Afrique doit sortir des schémas classiques et s’appuyer sur de nouvelles compétences, des talents jeunes et créatifs, ainsi que sur des approches innovantes.
Les solutions de demain passent par une capacité à penser autrement : remettre en question les modèles de développement hérités, encourager l’émergence de leaders capables de penser le futur et, surtout, libérer le potentiel d’une génération prête à réinventer l’Afrique.
La question est donc : pourquoi continuer à placer en avant des figures du passé alors que l’Afrique a besoin d’un renouveau ?
Pourquoi faire appel à des experts qui ont gouverné dans un contexte où les défis contemporains étaient absents ?
La réponse réside peut-être dans la peur du changement ou dans une certaine forme de confort intellectuel qui privilégie l’ancien au détriment de l’audace. Ou dans des stratégies de positionnement politiques d’actuels dirigeants de banques qui songent peut etre à des échéances electorales présidentielles
Pourtant, il est grand temps de se tourner vers l’avenir en favorisant l’émergence de nouveaux talents et d’un environnement propice à une transformation véritable et durable.
Aujourd’hui, plus que jamais, l’Afrique a besoin de penser autrement. Il est impératif de trouver de nouvelles solutions, d’appliquer des stratégies fondées sur des compétences émergentes et de repenser la coopération entre les acteurs publics et privés. Il est temps de tourner la page et de passer à l’étape suivante du développement africain.
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On ne fait pas du neuf avec vieux