(CROISSANCE AFRIQUE)-Le fondateur du groupe paramilitaire privé Wagner Evguéni Prigojine a péri dans le crash d’avion dans la région de Tver (nord-ouest de la Russie), a annoncé l’agence russe de transport aérien.
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a estimé jeudi qu’existaient «des doutes raisonnables» sur «les conditions» du crash aérien dans lequel le patron du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Prigojine, à l’origine d’une rébellion en juin en Russie, est présumé mort.
Un accident ou un acte de vengeance ? «Tout est possible, mais la version la plus probable reste l’exécution par le FSB et l’armée de l’air, ordonnée par Poutine et son désir de vengeance», a déclaré Sylvie Bermann, l’ancienne ambassadrice de France en Russie au micro de RTL ce jeudi matin, au sujet du crash de l’avion dans lequel se trouvait Evguéni Progojine.
Pour la diplomate, les assassinats d’opposants au pouvoir sont «habituels» en Russie – comme ce fut le cas de nombreux oligarques russes depuis le début de la guerre – «mais là, c’est assez spectaculaire», a-t-elle noté. D’autant plus que depuis la rébellion dirigée par Prigojine contre l’état-major russe «un deal étonnant avait été trouvé» et «la question plus ou moins réglée». Depuis cette marche contre Moscou, le chef de la milice Wagner «n’avait plus de rôle en Russie».
Il se trouvait depuis en Afrique, où «il jouait un rôle utile». «Cela va être difficile de le remplacer là-bas car il était un interlocuteur direct», analyse Sylvie Bermann. «L’armée ne pourra jouer son rôle» qui mêlait des activités «militaires» et «commerciales»
Alors que le président américain Joe Biden a estimé mercredi que «peu de choses se passent en Russie sans que Poutine n’y soit pour quelque chose», Olivier Véran, interrogé sur France 2, a abondé : «C’est par principe une vérité qu’on peut établir». «On ne connaît pas encore les conditions dans lesquelles ce crash a eu lieu. On peut avoir des doutes raisonnables», a fait valoir le porte-parole du gouvernement, sans explicitement évoquer la marque du Kremlin sur cet accident qui aurait coûté la vie à Evguéni Prigojine, son adjoint et huit autres passagers au nord-ouest de Moscou.
Evguéni Prigojine figure parmi les victimes de la catastrophe de l’avion privé Embraer Legacy reliant Moscou à Saint-Pétersbourg, constate l’agence russe de transport aérien Rosaviatsia. Elle publie la liste des passagers péris dans le crash. Outre le fondateur du groupe paramilitaire Wagner, plusieurs de ses proches collaborateurs, dont Dmitri Outkine, considéré comme son bras droit au sein du groupe, sont morts.
Par ailleurs, l’aéronef effectuait son vol sur la base d’un permis d’utilisation de l’espace aérien délivré en bonne et due forme. L’avion s’était écrasé plus tôt dans la journée du 23 août dans la région russe de Tver, faisant au moins huit morts. Une enquête pour violation de règles de transport aérien a été ouverte en lien avec le crash.
Pour rappel, Olivier Véran explique qu’Evguéni Prigojine est avant tout «l’homme des basses œuvres de Poutine. Ce qu’il a commis est indissociable de la politique de Poutine qui lui avait confié la responsabilité de mener ces exactions à la tête du groupe Wagner». «Prigojine laisse derrière lui des charniers. Il laisse derrière lui une pagaille dans une grande partie du globe, je pense à l’Afrique, à l’Ukraine, à la Russie elle-même», a encore insisté le porte-parole du gouvernement.
Pour l’ancienne ambassadrice française, la mort de Prigojine est un moyen pour Poutine d’affirmer son pouvoir, à un an des élections présidentielles. «C’est un avertissement à ceux qui pourraient être tentés de se rebeller contre lui», a-t-elle avancé avant de nuancer ses propos : «Mais peu de personnalités politiques auraient une chance de rivaliser.
Notons qu’en réalité cette élection ne sera qu’un plébiscite». Poutine rechercherait par ailleurs à envoyer un message aux membres de l’armée «qui ne seraient pas loyaux», à l’instar de ceux qui ont participé à la révolte de Prigojine.
Daouda Bakary KONE