Cette baisse de chiffre qui contredit les prévisions de l’actuel ministre des mines pourrait inquiéter de nombreux observateurs et analystes économiques. Contrairement aux propos du ministre Lamine Traoré qui affirmait que le Mali pourrait récupérer la place du soudan en devenant le 2ème de producteur d’or en Afrique, la production industrielle d’or du Mali s’est établie à 63,4 tonnes l’année dernière soit une baisse de 2,6% en 2021. Il faut signaler que le ministre Maliens avait expliqué que la production industrielle d’or pouvait atteindre les 80 tonnes, si les indicateurs de prévisions et les perspectives avaient été maintenus.
En 2020, la production industrielle d’or avait augmenté de façon inattendue pour atteindre 65,1 tonnes. Mais la contre-performance enregistrée cette année rappelle que le pays a encore des efforts à fournir pour atteindre son objectif de deuxième producteur africain d’or.
Trois compagnies minières, dont deux canadiennes (Barrick et B2Gold) et une australienne (Resolute Mining) représentent plus des deux tiers de la production industrielle du pays, environ 49 tonnes. Les autres compagnies qui ont contribué à ce résultat sont notamment le sud-africain AngloGold Ashanti, le britannique Hummingbird Resources ou encore le canadien Robex Gold.
En novembre 2021, dernier, le ministre actuel du Mali, chargé des mines avait affirmé que « Nous pouvons passer du troisième producteur d’or au deuxième rang en Afrique. Le Mali perd jusqu’à 15 tonnes par an – soit environ 860 millions de dollars au prix d’aujourd’hui – de la production artisanale d’or qui est sortie clandestinement du pays. Ses taxes à l’exportation favorables encouragent également les fournitures à entrer illégalement dans le pays avant d’être expédiées ».
Alors que les activités minières n’ont pas été affectées par la situation politique dans le pays, le ministère n’a pas encore donné les raisons de cette contre-performance. Pendant ce temps, la production minière artisanale est restée stable à 6 tonnes d’or environ, ce qui porte la production d’or totale à 69,4 tonnes, contre 71,2 tonnes l’année dernière. Au regard des faits, cette ambition de (deuxième rang en Afrique) exprimé par le du ministre Traoré n’a pas été respectées.
Pourtant, le gouvernement malien de Transition souhaitait accroitre la production nationale d’or et avait déjà la solution toute trouvée pour y arriver. C’est du moins ce qu’il faut retenir des propos tenus par le ministre malien des Mines Lamine Traore qui, dans une interview accordée à Bloomberg, a indiqué que la formalisation du secteur artisanale sera la clé.
Il s’agissait, pour lui, de rendre obligatoire la détention d’un permis minier pour toutes les personnes actives dans l’exploitation artisanale et à petite échelle (ASM). Avec le soutien de la Banque mondiale, le pays entend également créer 200 coopératives afin de mieux encadrer le négoce de l’or, notamment au niveau des intermédiaires entre les grands acheteurs et les mineurs ASM. Tenez-vous, ces deux chantiers permettraient, apprend-on, d’augmenter la production annuelle d’or de 15 %.
Seulement, cette hausse rapportée aux 71,2 tonnes d’or annoncées par le Mali en 2020 (dont 6 tonnes grâce au secteur artisanal), signifie que le pays allait produire près de 82 tonnes d’or chaque année, soit encore loin des près de 100 tonnes produites en Afrique du Sud l’année dernière, selon le World Gold Council (WGC). Mais ces données restent encore que des annonces.
Notons que s’il reste donc des efforts à faire pour supplanter l’Afrique du Sud comme dauphin du Ghana dans le classement des producteurs africains d’or, le Mali pourrait néanmoins se démarquer du Soudan. Parce que tout simplement les statistiques disponibles, y compris celles du WGC (gold Gold Concil) et de la Banque mondiale, classent en effet tour à tour (année) le Mali ou le Soudan comme troisième producteur du continent.
Daouda Bakary Koné
SOURCE: Journal, Le Mali Emergent