(CROISSANCE AFRIQUE)-Après nos deux récentes interventions médiatiques, respectivement à Radio France Internationale (RFI) et dans Quotidien Le Monde, concernant les dérives budgétaires au Sénégal et la responsabilité potentielle du FMI, je me réjouis de constater que les choses évoluent.
Plus que jamais .Il est impératif que la lumière soit faite sur cette affaire qui suscite tant de débats.
Heureusement, l’opinion publique prend enfin conscience de la situation et soulève, à juste titre, la question de la responsabilité des partenaires financiers.
Jusqu’à présent, cette dimension était abordée uniquement sous un angle national sans remettre en question le rôle des institutions de Bretton Woods. Ce contexte nous offre une occasion unique de repenser les relations entre l’Afrique et ces organisations internationales.
Contrairement à la Banque mondiale, qui, il y a une dizaine d’années, avait pris une décision contestée concernant la suspension d’un prêt à l’Ouganda et qui avait eu la courtoisie de répondre à nos préoccupations, le FMI, lui, reste muet. Depuis septembre, il n’a même pas daigné répondre à notre courrier, exprimant sans doute des inquiétudes partagées par de nombreux Sénégalais.
Lors de la récente intervention qu’il a accordée à une chaîne de télévision locale, M. Eddy Gemayel, alors chef de mission du FMI au moment des faits, a reconnu une responsabilité partagée. Une telle déclaration devrait logiquement ouvrir la voie à des enquêtes internes au sein de l’institution, que nous appelons de nos vœux depuis sept mois, afin d’éclaircir les circonstances exactes de cette situation.
En attendant, nous réitérons nos propositions à travers les mesures suivantes :
1 Le FMI doit rassurer les citoyens des pays membres, notamment du Sénégal, en renforçant la transparence et la communication, et en répondant enfin au courrier qui lui a été adressé.
2 Les conventions à venir doivent impérativement inclure une clause d’obligation de vigilance de la part des partenaires techniques et financiers, afin d’assurer un suivi rigoureux des concours qu’ils accordent.
3 La rotation des chefs de mission résident du FMI dans les pays d’accueil doit être accélérée pour garantir leur impartialité
4 Le FMI doit ouvrir une enquête en interne afin de situer d’éventuelles responsabilités et permettre aux citoyens des pays concernés d’avoir accès à une information claire et accessible.
Cette situation est une occasion de redéfinir les relations entre l’Afrique et les institutions financières internationales. Il est temps que les acteurs concernés assument leurs responsabilités et œuvrent pour un développement véritablement inclusif et respectueux des aspirations des peuples.
Magaye GAYE
Économiste international
Ancien cadre de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD)