(CROISSANCE AFRIQUE)-L’exportation illégale de bois du Mozambique vers la Chine, estimée à une moyenne annuelle de 500 000 tonnes entre 2017 et 2023, soulève des questions pressantes sur les effets économiques, sociaux et environnementaux de ce commerce illicite.
Ce phénomène, loin d’être anodin, met en lumière une réalité troublante qui s’ancre dans la corruption, le manque de gouvernance et les conséquences dévastatrices pour les écosystèmes et les communautés locales.
La contrebande de bois vers la Chine a infligé un manque à gagner considérable pour le Mozambique, évalué à environ 500 millions de dollars annuellement. Malgré l’interdiction de l’exportation de grumes en vigueur depuis 2017, cette pratique persiste, exacerbée par une corruption endémique et une coopération tacite de certains acteurs clés dans la chaîne de supplychain.
Corruption et commerce illégal
Une enquête menée par l’Environmental Investigation Agency (EIA) a révélé un réseau de corruption facilitant l’exportation illégale de bois. Des pots-de-vin versés à des fonctionnaires et des accords sous le manteau avec des entreprises de transport maritime internationales sont parmi les pratiques qui permettent à ce commerce illicite de prospérer, minant les efforts de conservation et de développement durable au Mozambique.
La déforestation accrue en Mozambique, qui a vu sa couverture forestière chuter de 88 % en 1980 à 43 % en 2020, illustre les dommages irréparables portés aux écosystèmes. Cette exploitation effrénée aggrave la situation environnementale, conduisant à une perte de biodiversité et à une augmentation de la vulnérabilité aux changements climatiques.
Conséquences pour les communautés locales
Les répercussions de ce commerce illégal sur les populations locales sont profondes. La perte des forêts, qui sont une source importante de nourriture, de médicaments et de revenus, menace la survie même de ces communautés. Elles sont également confrontées à une augmentation des conflits fonciers et à une destruction de leurs lieux de vie, compromettant ainsi leur avenir et celui des générations à venir.
Notons que l’ampleur et la persistance du trafic illégal de bois du Mozambique vers la Chine appellent à une réponse globale et coordonnée. Il est impératif de renforcer les mesures de contrôle, d’intensifier la surveillance et de promouvoir une gouvernance transparente pour éradiquer la corruption.
En outre, la coopération internationale et l’engagement des acteurs locaux sont cruciaux pour assurer la protection des forêts mozambicaines et garantir la durabilité des communautés qui en dépendent.
Moussa KONE