(CROISSANCE AFRIQUE)-Le sommet lundi à Rotterdam, aux Pays-Bas, réunissait notamment l’Union africaine, le Fonds monétaire international et le Centre mondial sur l’Adaptation en soutien de l’adaptation de l’Afrique au changement climatique. Selon le président de la BAD, « une capitalisation de 250 millions de dollars, permettra d’intégrer des solutions d’adaptation au changement climatique. L’Afrique émet moins de 4% des émissions mondiales de CO2 mais paye le plus lourd tribut au réchauffement climatique.
Pour se prémunir d’une éventuelle crise alimentaire en Afrique qu’entraînerait la guerre de la Russie en Ukraine, la Banque africaine de développement a annoncé, le 29 mai, la création d’une Facilité africaine de production alimentaire d’urgence, dotée de 1,5 milliard USD
Cette somme est destinée à soutenir 20 millions d’exploitants agricoles, cette facilité va permettre d’offrir un accès à des semences résilientes au changement climatique, en maïs, en blé, en riz et en soja, et de stimuler la production de 38 millions de tonnes de denrées alimentaires, d’une valeur estimée à 12 milliards de dollars.
Ladite Facilité a été approuvée avec une rapidité incroyable. En 60 jours, la Banque a donné son feu vert à des opérations dans 24 pays pour un montant de 1,13 milliard USD, et « nous devrions atteindre 35 pays d’ici à la fin du mois », a déclaré Akinwumi Adessina de la BAD. Le chef de la Banque Africaine de développement a lancé un appel aux décideur d’y axer leur attention à l’Afrique qui a besoin de financements massifs pour lutter contre le changement climatique.
Par ailleurs, le continent se réchauffe plus vite que partout ailleurs dans le monde, et les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat montrent que l’on atteindra en Afrique les seuils critiques de réchauffement de la planète beaucoup plus tôt.
« Les effets seront dévastateurs : pertes de récoltes, effondrement des cheptels et des moyens de subsistance des éleveurs, mais aussi hausse de la mortalité infantile de 37 % en Afrique de l’Ouest et de 25 % en Afrique de l’Est. À la hausse de température d’un degré serait aussi corrélée une hausse de 11 % du risque de conflit en Afrique, car cela entraînerait des catastrophes et des conflits dus au climat. Le changement climatique est déjà à l’origine de 4,3 millions d’Africains déplacés », a-t-il expliqué, le président Adessina.
Selon les estimations de la Banque africaine de développement, les pertes de PIB par habitant pourraient osciller entre 16 et 64 %, dans un scénario de réchauffement élevé.
Face à ce déferlement, l’Afrique ne dispose pas des ressources nécessaires pour lutter contre le changement climatique. Le continent ne perçoit que 3 % de la finance climatique mondiale. Si la tendance se poursuit, le déficit de finance climatique de l’Afrique atteindra 100 à 127 milliards de dollars par an d’ici à 2030.
L’architecture de la finance climatique telle qu’elle existe aujourd’hui ne répond pas aux besoins de l’Afrique. Selon les projections de Perspectives économiques en Afrique de la Banque africaine de développement, mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris et les Contributions déterminées au niveau national en Afrique exigent 1 300 à 1 600 milliards de dollars entre 2020 et 2030, soit 118 à 145 milliards de dollars par an.
Le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP) est un programme spécifique à l’Afrique qui a le soutien des chefs d’État africains et qui entend mobiliser davantage de ressources pour lutter contre le changement climatique, afin de faire progresser les objectifs de l’Initiative d’adaptation pour l’Afrique.
La Banque africaine de développement et le Centre mondial pour l’adaptation sont en train de mobiliser 25 milliards de dollars pour ce programme – le plus grand effort d’adaptation au changement climatique jamais entrepris à l’échelle mondiale –, pour lequel la Banque africaine de développement s’est déjà engagée à hauteur de 12,5 milliards de dollars.
Notons que le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique dispose d’une facilité en amont, au GCA, et d’une facilité en aval, à la Banque africaine de développement. La facilité en aval de la Banque, qui sera capitalisée à hauteur de 1,75 milliard de dollars, permettra de quadrupler les financements supplémentaires des mesures d’adaptation, pour un montant de 7 milliards USD.
Pour rappel, « l’engagement qu’avaient pris les pays développés d’octroyer 100 milliards de dollars par an de finance climatique aux pays en développement ne tarde que trop à se concrétiser », a-t-il, conclu le président de la Banque Africaine de développement au Pays Bas.
Daouda Bakary KONE