Depuis quelques mois, l’enthousiasme est palpable dans les cercles officiels maliens autour du lithium. Chaque annonce de gisement semble ouvrir les portes du progrès, chaque inauguration d’infrastructure minière donne lieu à des discours promettant richesse, emploi et transformation nationale. Cette euphorie, aussi légitime qu’elle puisse paraître, repose pourtant sur une illusion dangereuse : celle que les ressources du sous-sol suffiraient à développer un pays.
L’histoire récente et les comparaisons internationales nous enseignent une autre réalité, plus exigeante mais infiniment plus porteuse : ce sont les hommes, leur éducation et leur culture, qui déterminent le destin des nations.
Prenons l’exemple d’Israël. Ce pays, sans mines de diamants notables, abrite pourtant l’un des plus grands marchés de taille de diamant au monde. Son atout ? Une expertise technique de très haut niveau, transmise par une formation rigoureuse et une culture de la précision.
La Suisse, quant à elle, ne doit pas sa prospérité à des gisements naturels, mais à l’investissement massif dans l’éducation obligatoire et de qualité, qui a permis l’émergence d’industries à haute valeur ajoutée, notamment dans le secteur pharmaceutique et l’horlogerie de précision.
Même la Chine de Mao Zedong, avant ses réformes économiques, avait compris que toute révolution durable devait s’ancrer d’abord dans la culture et l’éducation des masses.
À l’inverse, la République démocratique du Congo, pourtant assise sur des ressources minières considérables (cobalt, or, cuivre…), reste embourbée dans une pauvreté structurelle et des conflits récurrents. Le sous-sol seul ne suffit pas à bâtir une nation.
Le #Mali ferait bien de retenir la leçon. Oui, le lithium est une opportunité. Mais sans capital humain éduqué, sans vision culturelle forte, il ne sera qu’un mirage de plus, au bénéfice d’intérêts extérieurs ou de quelques privilégiés.
L’avenir d’un pays ne se joue pas dans les entrailles de la terre, mais dans les esprits qu’on élève, les talents qu’on forme, les valeurs qu’on transmet. C’est sur ce chantier-là qu’il faut investir en priorité.
Abdramane Bathily, entrepreneur numérique et observateur du développement en #Afrique
