Technologies: Le numérique pour accroitre la portée du système éducatif en Afrique

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(CROISSANCE AFRIQUE)-En 2022, 60% de la population sur le continent africain avait moins de 24 ans[1]. Ce pourcentage devrait croître d’ici 30 ans, les Nations Unies estimant que le nombre d’habitants doublera, passant alors 2,4 milliards.

Le taux de croissance démographique de l’Afrique subsaharienne est à cet égard éloquent : en 2022, la taille de la population a augmenté à un rythme annuel de 2,5%. Si ce taux est équivalent à trois fois celui de la moyenne mondiale, il est également le plus élevé parmi les huit régions du globe.[2]

Une population aussi jeune nécessite une hausse des investissements dans les facteurs de développement socio-économique, au premier rang desquels l’éducation. En effet, face à cette croissance démographique, deux défis principaux émergent : il importe de rattraper le retard en matière d’accès à l’éducation, tout en s’adaptant à la hausse du nombre d’élèves à scolariser. Dans ce paysage, les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont un rôle essentiel à jouer, offrant de nombreuses alternatives pour améliorer la portée de l’éducation et ainsi de faire de l’Objectif de Développement Durable (ODD) n°4, – qui vise à ce que tout un chacun puisse suivre un enseignement de qualité, avec pour idée de promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie -, une réalité en Afrique.

Les nouvelles technologies pour transformer l’éducation sur le continent africain

Alors que le recours aux technologies numériques n’a cessé de croître dans nos vies quotidiennes au cours des deux dernières décennies, la pandémie de la Covid-19 a accéléré ce phénomène. Dans le secteur de la formation plus particulièrement, la pandémie a révélé les insuffisances et le manque de moyens freinant toujours à l’heure actuelle le développement de ce domaine prioritaire pour le développement socio-économique du continent. Parallèlement, la crise sanitaire a montré combien les TIC sont devenues essentielles pour le maintien du système éducatif.

La crise de la Covid-19 a en effet accru les inégalités en matière d’accès à l’éducation en Afrique, les pays ayant choisi, pour la très grande majorité, de fermer les écoles et universités, empêchant ainsi des millions d’élèves et d’étudiants d’avoir accès à ce droit essentiel.[3] Cette situation a ainsi posé un nouveau débat, interrogeant sur la manière dont il était possible de dispenser une éducation de qualité, inclusive et équitable. Ce faisant, il est apparu que l’intégration des nouvelles technologies dans le système éducatif était en mesure d’améliorer l’accès et la portée de l’enseignement, en favorisant par exemple l’accès à faible coût aux ressources pédagogiques, en multipliant les possibilités pédagogiques et offrant de ce fait une valeur ajoutée par rapport à l’enseignement traditionnel.

Conscientes de l’importance que revêt l’éducation, notamment dans le secteur des nouvelles technologies, – celles-ci constituant l’un des vecteurs de la croissance économique de l’Afrique de demain -, de nombreuses multinationales ont fait de la formation dans les TIC la pierre angulaire de leur action. Ainsi, en 2020, au Sénégal, en partenariat avec l’UNESCO, Huawei et Sonatel ont apporté leur concours au ministère de l’Éducation Nationale afin de soutenir le pays en matière d’enseignement à distance, et ainsi répondre aux mesures de distanciation sociale et de fermeture des écoles que la crise de la Covid-19 imposait.  

Sur le continent, l’opérateur Orange cherche également à rendre le numérique accessible à tous et propose, en conséquence, des contenus pédagogiques favorisant l’insertion socio-économique. L’entreprise a ainsi collaboré avec des spécialistes du secteur afin d’offrir des services d’éducation au plus grand nombre et ainsi faire progresser l’égalité numérique, en proposant par exemple des universités virtuelles en Tunisie et au Sénégal[4].

Favoriser un meilleur accès au monde du travail de demain grâce aux TIC

Les défis soulevés par la crise de la Covid-19, couplés à la volonté d’un grand nombre d’acteurs de répondre aux ODD, constituent des ingrédients incroyables mis au service de l’innovation. L’acquisition de compétences liées aux technologies numériques s’avère donc primordiale pour les jeunes générations, actuelles et futures, tant en matière d’éducation que d’accès à l’emploi. En effet, en Afrique subsaharienne seulement, 230 millions d’emplois requerront des compétences numériques et technologiques d’ici moins de dix ans[5]. Il importe donc d’améliorer les apprentissages pour préparer les nouvelles générations au monde du travail et aux métiers de demain.

Former les jeunes talents aux TIC constitue de ce fait un prérequis pour la transformation à venir des métiers et des business models dans un continent qui s’inscrit progressivement dans la voie de la quatrième révolution industrielle. L’accroissement du nombre de start-ups et des opérations de financement les caractérisant soulignent l’esprit d’innovation qui caractérisent de plus en plus les populations. Répondant à un besoin identifié ou cherchant à faire bouger les lignes dans une Afrique plurielle et dynamique, celles-ci voient dans le numérique la clé permettant de répondre à leurs ambitions.

En Afrique bien plus qu’ailleurs, l’économie numérique et les nouvelles technologies ont le pouvoir de libérer la créativité et l’esprit d’entreprendre. Avec la crise de la Covid-19, de nombreux secteurs d’activité se présentent comme particulièrement porteurs d’opportunités : la GreenTech, l’AgriTech ou encore l’EdTech. Ce dernier exemple plus particulièrement, contraction des mots « Éducation » et « Technologie », apparaît extrêmement porteur. Les start-ups se développant dans ce secteur ont levé 291 millions de dollars en 2021, contre 124 millions en 2019, soit une augmentation de 134%[6]. Cela illustre ainsi un signal fort de l’appétence des populations pour le numérique.

Pour accompagner ces évolutions, de nombreux acteurs privés ont développé des programmes de formation afin de former les jeunes talents aux technologies de pointe et ainsi leur permettre d’être les forces moteurs de la transformation numérique de demain. A travers la ICT Academy, projet lancé en 2016, le géant chinois des télécoms Huawei enseigne aux étudiants des meilleurs collèges et universités spécialisés dans les TIC, des formations dans le cloud, l’intelligence artificielle ou encore la 5G. Ces technologies disruptives constituent en effet un rôle crucial dans la transformation des industries, comme souligné lors du Huawei Connect Bangkok 2022. Depuis six ans, grâce à la Huawei ICT Academy, plus de 63 000 talents ont été formés dans la région Northern Africa, qui regroupe les 28 pays, essentiellement francophones, au-dessus de l’équateur.

Orange a également déployé au Sénégal et en Tunisie des espaces d’innovation et d’apprentissage appelés les Orange Digital Centers (ODC). Inaugurés en 2019, ces derniers déploient des dispositifs gratuits permettant de développer son entreprise et/ou ses compétences numériques, et ainsi répondre aux enjeux et défis que le monde de demain soulèvera.

Les actions déployées par l’ensemble des parties prenantes de l’écosystème tech jouent un rôle crucial dans la formation d’un capital humain qualifié, tout en favorisant la recherche et la promotion de l’innovation, qui sous-tendent la compétitivité et la productivité des pays, la croissance économique et de facto, le développement social.

Cependant, si favoriser un meilleur accès au marché de l’emploi et aux métiers de demain requiert de former les populations aux usages du numérique, il importe également de déployer des infrastructures de qualité, abordables et durables, sans quoi il sera impossible de favoriser l’accès de tous aux nouvelles technologies. Or, sans égalité numérique, la portée du système éducatif restera un miroir aux alouettes.

Les infrastructures, pilier de l’éducation numérique en Afrique

Si les infrastructures numériques sont essentielles au développement socio-économique de l’Afrique, de nombreuses inégalités persistent entre les zones urbaines et rurales, l’écart de connectivité étant abyssal entre les territoires. En 2020, le taux de pénétration de l’Internet mobile s’élevait ainsi à 16% en milieu rural contre 40% en zone urbaine[7]. Pourtant, près de 58% de la population de l’Afrique subsaharienne vite en zone rurale[8]. Par ailleurs, en 2020 toujours, environ 70% de la population dans cette région du continent n’avait pas accès à un réseau 4G[9].

Cet écart de connectivité est notamment dû au manque, voire à la défaillance des infrastructures numériques, empêchant ainsi les populations d’avoir accès à des services de base tels que l’éducation. Les investissements nécessaires pour garantir un accès universel à Internet en Afrique sont de l’ordre de 100 milliards de dollars d’ici 2030[10]. Or, les États seuls ne peuvent financer un tel coût, notamment après deux années marquées par une période de forte récession économique due à la crise de la Covid-19.

Conscients de ce manque à combler, de nombreux acteurs privés ont développé des initiatives permettant de répondre au défi de la connectivité. En Afrique du Sud, Google a ainsi déployé officiellement en août 2022 son système sous-marin de fibre optique du nom d’Equiano. Celui-ci permettra alors d’accroître l’offre de connectivité Internet à haut débit dans le pays, mais également dans la région d’Afrique australe, tout en réduisant le coût.

La firme Huawei développe également des projets afin de répondre au défi de la connectivité sur le continent. Elle a notamment déployé le programme RuralStar afin de palier le problème des zones dites blanches. Lancé dans 10 pays africains, parmi lesquels le Mali, le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou encore le Cameroun, ce projet vise à mettre en œuvre une « autoroute réseau » au profit des zones reculées, afin que les habitants de ces dernières puissent avoir accès à la connexion. Tout comme le projet TECH4ALL qui s’articule autour de trois grands axes, – respectivement promouvoir l’inclusion numérique, aider les populations les plus marginalisées à accéder aux nouvelles technologies et favoriser le progrès économique ainsi que le développement durable du continent -, RuralStar a pour vocation d’éliminer les inégalités de couverture réseau dans les zones les plus enclavées. En améliorant la connectivité, l’équipementier chinois cherche ainsi à promouvoir une éducation équitable et de qualité, accessible à tout un chacun sur le continent africain.

L’éducation est le feu qui allume l’innovation, il est donc essentiel d’y accorder un investissement conséquent, tant d’un point de vue humain que financier. Si les projets et initiatives développés par les acteurs privés sont à saluer et à multiplier, ces derniers doivent toutefois conjointement appeler les décideurs publics à favoriser un environnement propice à la transformation numérique, tout en augmentant les investissements dans le capital humain et les infrastructures numériques, entre autres. Ce faisant, le voyage vers l’industrie 4.0 en l’Afrique pourra pleinement advenir, en permettant notamment aux populations de répondre aux défis et enjeux à venir.


[1] « Quel système éducatif pour répondre aux besoins du développement numérique en Afrique ? », La Tribune Afrique, juillet 2022.

[2] « Projections démographiques : l’Afrique va demeurer la population la plus jeune au monde d’ici 2050 », Afriquinfos, juillet 2022.

[3] « L’éducation en Afrique à l’heure de la Covid-19 : implications et perspectives », La Tribune Afrique, juin 2021.

[4] « Faire progresser l’égalité numérique en Afrique », Orange, 2020.

[5] « Les compétences numériques en Afrique subsaharienne : une opportunité à 130 milliards de dollars », Agence Ecofin, juillet 2019.

[6] « Les EdTech en Afrique : former davantage et mieux », We Are Tech Africa, avril 2022.

[7] « The State of Mobile Internet Connectivity 2020 », GSMA.

[8] Banque mondiale – Données 2020.

[9] « L’Afrique et ses télécommunications, entre “eldorado rêvé” et réalités », Morgan Philips Group.

[10] “Connecting Africa Through Broadband. A strategy for doubling connectivity by 2021 and reaching universal access by 2030.”, Broadband Commission for sustainable development, October2019.

croissanceafrik
croissanceafrikhttps://croissanceafrique.com
Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

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