(CROISSANCE AFRIQUE)- Depuis quelques années, l’Afrique se débat dans une initiative, la Zlecaf, censée en théorie développer les échanges économiques sur le Continent. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, tous les décideurs sont embarqués dans cette aventure consommatrice de temps d’ énergie et de finances, sans possibilité de résultats au bout.
Mais attention, attention!!Le libre échange continental est une utopie. C’est ma conviction. Vouloir Instaurer le libre échange sur 30 millions de km2, entre 54 pays de niveaux de développement différents, sur des distances très longues, ça n’est pas réaliste. Surtout dans un contexte où la logistique ne suit pas. Comment peut-on faire boxer sur le même ring des boxeurs de niveaux complètement différents ? Comment peut- on par exemple demander à l’Afrique du Sud et au Burkina Faso, deux pays à niveau de développement differents et si lointains, de démanteler leurs frontières respectives et de supprimer leurs droits de douanes afin de mieux commercer entre eux ? Pourtant réalisé au niveau d’un groupe de pays très restreint qui veulent réaliser une fédération ou une Confederation économique, c’est une bonne chose.
Pour ma part, j’ai toujours défendu le principe d’échanges basés sur les avantages comparatifs. Donc l’idée d’une l’intégration concentrique, réfléchie et bien pensée, menée entre pays complémentaires économiquement, proches géographiquement et partageant presque les mêmes valeurs et visions.Je plaide aussi pour une libre circulation des biens et des personnes dans ces zones d’ intégration.
Je préfère un accord entre des pays ayant un minimum de base d intégration, interdisant par exemple l’importation depuis l’étranger de tel ou tel bien déjà produit par un pays membre, à des solutions intellectuelles, de suivisme, très jolies sur le papier du genre Zlecaf. Oui, nous ne devons pas avoir le complexe de protéger nos économies et d’aller â l’ industrialisation en dépit des règles de l’OMC. Tous les grands pays se protègent par les barrières non tarifaires, les crédits à l’exportation etc..
La Zlecaf, tel que pensé au plan continental, ainsi que des initiatives du genre monnaie continentale ou sous régionale, sans préalables comme une discipline communautaire, des règles de convergences et une vision commune constituent des pertes de temps.
Je suis favorable pour ma part à des accords bilatéraux ou multilatéraux réfléchis ; des accords concrets, palpables et réalisables sur le court et moyen terme et non à des initiatives qui s’ assimilent plus à du rêve.
Magaye GAYE, Économiste International