(CROISSANCE AFRIQUE)-Les acteurs de cette filière souffrent terriblement en ce moment du fait de cours internationaux très bas . Beaucoup d’entre eux disposent de stocks dévalorisés qui se négocient actuellement entre 30 à 50% de leurs valeurs d’achat. Dans ces conditions, ils arrivent difficilement à honorer le remboursement de leurs crédits et à faire tourner leurs business.
Les banques obnubilées par les risques de déclassement et de provisionnement qui pèsent sur les crédits menacent d’aller en contentieux. Les sociétés bénéficiaires n’ont plus les moyens adéquats pour poursuivre leur exploitation de manière optimale. Cette crise constatée sur le marché de l’anacarde impacte négativement par effet de contagion les activités connexes des promoteurs centrées sur le café et le cacao
Si la situation perdure, elle peut avoir des conséquences néfastes sur l’emploi, les recettes fiscales et la pauvreté en milieu rural. Je crains un risque systémique. L’État devrait se saisir rapidement de la question en vue de trouver des solutions pérennes. Une réunion de concertation entre les acteurs s’impose à mon avis.
L’État devrait aussi étudier la possibilité de baisser considérablement les taxes à l’ exportation afin d’augmenter les prix aux producteurs. Il doit redoubler d’efforts pour assurer la transformation d’au moins 80% de la production nationale sur place quitte à corser le cahier des charges des intérêts étrangers intéressés par la filière.
En attendant, les banques devraient être plus conciliantes en acceptant exceptionnellement le gel des créances en souffrance voire leur restructuration assortie de prêts complémentaires. Au niveau organisationnel et managérial, elles gagneraient à s’attacher les services de compétences avérées en matière agricole au lieu de se limiter uniquement à l’avis d’ analystes financiers peu expérimentés dans le domaine
La commission bancaire devrait de son côté moins dogmatique par rapport à ce genre de difficultés conjoncturelles indépendantes de la volonté des acteurs en dispensant les banques de déclasser et de provisionner automatiquement les risques y afférents . Les instructions de la Banque Centrale en matière de déclassement et de provisionnement devraient plus que jamais être repensées afin de les adapter à un environnement difficile.
Notons que la préservation à tout prix de la valeur d’un Franc CFA handicapant ne devrait pas occulter la nécessité de tenir compte des réalités humaines et socio-économiques sur le terrain.
Magaye GAYE
Économiste international
(Tribune): Faut-il craindre un risque systémique dans la filière anacarde en Côte d’Ivoire?
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