(CROISSANCE AFRIQUE)- L’activité des institutions de microfinance dans l’espace UEMOA a affiché une dynamique positive, malgré une conjoncture économique et financière difficile. À la fin de septembre 2024, le total des dépôts collectés a atteint 2 459,6 milliards FCFA, marquant une progression de 2,8%, soit une hausse de 66,8 milliards FCFA. Par rapport au troisième trimestre 2023, les dépôts ont enregistré une augmentation nette de 10,7%.
Cette tendance favorable est observée dans presque tous les pays de la sous-région. Par exemple, au Sénégal, les dépôts ont crû de 32,4 milliards FCFA (5,9%), tandis qu’en Côte d’Ivoire, la hausse a été de 15,7 milliards FCFA (2,6%) et au Togo de 8,5 milliards FCFA (2,1%). En revanche, la hausse des dépôts a été plus modeste au Burkina Faso (5,2 milliards FCFA), au Mali (3,3 milliards FCFA), au Bénin (2,2 milliards FCFA) et en Guinée-Bissau (364 000 FCFA), tandis que le Niger a enregistré une baisse de 576,8 millions FCFA.
En ce qui concerne l’encours des crédits octroyés par les Services financiers décentralisés (SFD), celui-ci a connu une augmentation de 4,7%, soit 118,4 milliards FCFA, atteignant 2 656,7 milliards FCFA à la fin septembre 2024. Sur une base annuelle, l’encours des crédits a progressé de 12,2%. Au sein des pays de l’UEMOA, des hausses notables ont été observées, notamment au Togo (35,8 milliards FCFA, 9,9%), au Sénégal (32,2 milliards FCFA, 4,4%), et en Côte d’Ivoire (29,3 milliards FCFA, 4,8%).
À l’inverse, la Guinée-Bissau a maintenu un encours des crédits constant à 15 millions FCFA, tandis qu’au Niger, celui-ci a chuté de 3,8% (508,4 millions FCFA). Au 30 septembre 2024, les crédits octroyés par le secteur de la microfinance représentaient 7,5% du total des crédits des établissements de crédit de l’UEMOA, en légère hausse par rapport aux 7,2% du trimestre précédent.
Les crédits se répartissent comme suit : 50,4% sont des prêts à court terme, 30,9% à moyen terme et 18,7% à long terme. En termes de bénéficiaires, 51% des crédits vont à des hommes, tandis que les femmes et les groupements reçoivent respectivement 20,8% et 28,2% des financements. En moyenne, chaque client a emprunté 139 306 FCFA auprès des SFD, représentant une augmentation de 3,9% par rapport au trimestre précédent, due à une augmentation des crédits (+4,7%) et une légère hausse du nombre de clients (+0,7%).
Au troisième trimestre 2024, les SFD ont mobilisé 43,4% de l’épargne auprès des hommes, 22,2% auprès des femmes et 34,4% par des groupements. L’épargne mobilisée par le secteur de la microfinance a représenté 5,5% de l’épargne totale collectée par les établissements de crédit, en hausse par rapport aux 5,3% du trimestre précédent.
En ce qui concerne la nature de l’épargne, la majorité est constituée de dépôts à vue, représentant 56,5% des parts, suivis par les dépôts à terme (21,5%) et d’autres types de dépôts (22%). En moyenne, chaque client a déposé 128 973 FCFA au cours des trois derniers mois, soit une augmentation de 2,1% par rapport au trimestre précédent. Le Bénin, le Niger et le Togo comptent chacun deux institutions dans cette situation, tandis que le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Mali en ont chacun une.
Malheureusement, le troisième trimestre 2024 a vu une détérioration de la qualité du portefeuille de crédits des SFD, avec un taux brut de dégradation qui a atteint 8,9%, en hausse par rapport à 8,2% le trimestre précédent et bien au-dessus de la norme maximale de 3%. Par rapport à l’année précédente, ce taux a grimpé de 7,5%, ce qui est attribué à une augmentation des créances en souffrance (+13,2%), dépassant la croissance des crédits totaux (+4,7%).
Notons que sur le plan administratif, au 30 septembre 2024, neuf institutions de microfinance étaient sous administration provisoire, contre huit au trimestre précédent et treize à la même période l’année précédente.
Daouda Bakary KONE