Excellence, Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement du Mali ;
Excellences, Messieurs les Premiers Ministres de la République du Burkina Faso et de la République de Côte d’Ivoire ;
Mesdames et Messieurs les Ministres membres des Délégations du Burkina Faso et de Côte d’Ivoire ;
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement du Mali et chers collègues ;
Mesdames, Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Chefs de Coopération représentant les Partenaires techniques et financiers ;
Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions et Organisations de coopération et d’intégration régionale et sous régionale;
Monsieur le Maire de la Commune Urbaine de Sikasso ;
Honorables Députés et Elus des Collectivités, Acteurs de la Société civile et du Secteur privé de la Région de Sikasso ;
Mesdames et Messieurs,
Honorables invités, en vos rangs, grades et qualités respectifs, tous protocoles observés ;
Permettez-moi tout d’abord, Excellences, Messieurs les Premiers Ministres, de vous exprimer notre reconnaissance et notre profonde gratitude pour votre présence personnelle au lancement de la Zone Economique Spéciale (ZES) entre les Gouvernements de la République du Burkina Faso, la République de Côte d’Ivoire et la République du Mali.
En coprésidant tous ensemble, la présente cérémonie, vous témoignez avec une ardente détermination, la forte volonté politique et la haute priorité que vous attachez à ce projet, sous le leadership éclairé de nos Chefs d’Etat respectifs.
Je voudrais aussi vous remercier avec déférence, pour la confiance placée au Ministère de l’Economie et des Finances du Mali, pour organiser et conduire le processus de préparation et de lancement de cette activité.
C’est donc un agréable plaisir et un immense honneur pour moi, de présenter le Projet de Zone Economique Spéciale (ZES) entre les Gouvernements du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire et du Mali, à l’occasion de la cérémonie solennelle de lancement de ladite zone, ici, à Sikasso, capitale du Kénédougou.
Excellences, Messieurs les Premiers Ministres ;
Mesdames et Messieurs les Ministres ;
Honorables invités ;
Mesdames et Messieurs ;
En capitalisant sur les progrès réalisés dans le cadre des réformes et des dispositions pertinentes des traités instituant la CEDEAO et l’UEMOA auxquels nos pays ont souscrit, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Mali, envisagent la création et la mise en place effective d’une Zone Economique Spéciale (ZES) en vue de lever les obstacles résiduels à l’intégration régionale, notamment : la faible complémentarité des économies nationales, l’insuffisance des infrastructures socioéconomiques de base, l’insécurité et un environnement économique et juridique peu incitatif à l’investissement privé.
L’initiative visant à concrétiser la création de la Zone Economique Spéciale a connu une évolution décisive lors des visites de travail effectuées au Burkina Faso les 3 et 4 avril 2018 et en Côte d’Ivoire les 5 et 6 avril 2018 par le Premier Ministre du Mali.
Ces visites avaient pour objet de renforcer la coopération avec les pays voisins et d’apprécier les efforts de développement en vue de créer un environnement plus sécurisé, plus stable et plus propice à l’émergence d’une Zone Economique Spéciale (ZES).
Excellences, Messieurs les Premiers Ministres ;
Mesdames et Messieurs les Ministres ;
Honorables invités ;
Mesdames et Messieurs ;
L’aire géographique de la Zone Economique Spéciale (ZES) est comprise dans un triangle constitué par les localités de Sikasso au Mali, Bobo Dioulasso au Burkina Faso et Korhogo en Côte d’Ivoire.
La délimitation de la zone reste à matérialiser lors des études techniques et socioéconomiques ultérieures.
Cependant, elle devrait capitaliser sur les dynamiques économiques et socio-culturelles en cours dans cette zone géographique.
En effet, ces localités frontalières des trois pays entretiennent depuis longtemps des dynamiques d’échanges et de développement autonome sur les plans économique, social et culturel à travers notamment le festival du « Triangle du Balafon » organisé chaque année.
Sikasso qui abrite cette manifestation illustre parfaitement la position stratégique à cheval sur les trois pays.
Située à 375 km au sud-est de Bamako, à 100 km de la frontière de la Côte d’Ivoire et à 45 km de celle du Burkina Faso, la ville de Sikasso, capitale de la région concernée au Mali, est une ville-carrefour entre les pays côtiers (Togo, Bénin, Ghana, Côte d’Ivoire) et les pays enclavés (Burkina Faso et Mali).
Avec une superficie de 71 790 km² (soit 5,8 % de la superficie totale du Mali) et une population de 3 434 000 habitants en 2017 (soit 18,2% de la population malienne), la région de Sikasso recèle d’énormes potentialités :
– existence de terres favorables à l’agriculture (6 000 000 d’ha) dont 14 079 ha de bas-fonds et plaines aménagées ;
– deuxième Région d’élevage du Mali avec 16% du cheptel national en 2017 : Bovins (1 913 598), Ovins (1 057 995) et Caprins (1 103 799) ;
– potentiel forestier important avec des forêts classées, des périmètres de reboisement, des réserves de faune et des zones d’intérêt cynégétique ;
– existence d’un cheptel important et un pâturage favorable à l’élevage ;
– existence de sites miniers dont les plus importants sont : Morila, Kalana et des zones d’orpaillages tels : Nampala, Soumaya ;
– initiatives et dynamisme d’un secteur privé local et de la diaspora.
Malgré ces potentialités, la région de Sikasso s’illustre par une situation contradictoire où la production agricole importante est concomitante à une malnutrition infantile étendue d’où « le paradoxe de Sikasso ».
En effet, l’ampleur de la pauvreté est la plus élevée dans cette région avec une incidence qui était de 66,2% en 2016 contre 65,1% en 2015 (EMOP), soit une augmentation de 1,1%.
Excellences, Messieurs les Premiers Ministres ;
Mesdames et Messieurs les Ministres ;
La concrétisation de la ZES est en phase avec les documents de planification de la Région de Sikasso notamment le Plan Stratégique de Développement Régional (PSDR 2011-2020) et le Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT 2010-2035) et cadre avec la vision de développement de la région, à savoir :
« Faire de la Région de Sikasso, une grande mégapole ouest-africaine dont l’économie moderne, compétitive et diversifiée, fondée surtout sur l’agroforesterie, constitue un facteur de stabilité sociale et d’ouverture vers des espaces sous-régionaux et internationaux plus dynamiques avec comme plaque tournante le nouveau district de Sikasso ».
La création de cette ZES est en cohérence avec le Cadre Stratégique pour la Relance Economique et le Développement Durable (CREDD 2016-2018), cadre unique de référence des politiques et stratégies nationales du Mali dont l’objectif global est : « promouvoir un développement inclusif et durable en faveur de la réduction de la pauvreté et des inégalités dans un Mali uni et apaisé, en se fondant sur les potentialités et les capacités de résilience en vue d’atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030 ».
Excellences, Messieurs les Premiers Ministres ;
Mesdames et Messieurs les Ministres ;
Honorables invités ;
Mesdames et Messieurs ;
Korhogo en Côte d’Ivoire relève de la région du Poro qui couvre une superficie totale de 13.400 kilomètres carrés.
Elle est située à l’extrême Nord de la Côte d’Ivoire et est limitée au Nord par la République du Mali, au Sud par la Région du Béré, à l’Est par les Régions du Tchologo et du Hambol et à l’Ouest par la Région de la Bagoué.
La Région du Poro, selon les chiffres publiés par l’Institut National des Statistiques (INS) et datant de 2014, est peuplée de 396.767 habitants. Ceci constitue pour la région un important réservoir de main-d’œuvre et donc un atout au service de son développement. La région compte quatre (04) départements : Korhogo ; Sinématiali ; Dikodougou ; M’Bengué.
A l’image de l’ensemble des régions de Côte d’Ivoire, l’économie du Poro est basée essentiellement sur l’agriculture. Le climat de type tropical dont jouit cette région est propice à une variété de cultures dont le coton, l’anacarde et la mangue occupent une place de choix.
A côté de ces trois (03) cultures en passe de devenir des cultures de rente, le maïs, l’igname, le riz et le tabac, produits jusqu’ici pour la consommation locale, pourraient eux aussi connaître un développement exponentiel, pour peu qu’un intérêt leur soit accordé.
Deuxième secteur d’activité après l’agriculture, le commerce bénéficie d’une animation relativement dynamique grâce à un réseau routier assez dense (3 600 Km) mais qui reste quelque peu dégradé (seulement 169 Km de bitume).
La mine de Tongon, exploitée par la Société Rand Gold fait partie des plus grandes mines d’or de Côte d’Ivoire. Elle est entrée en exploitation dans la région du Poro depuis 2007.
En ce qui concerne la ville de Bobo Dioulasso, elle est localisée dans la Région des Hauts-bassins.
Située à l’ouest du Burkina Faso, la région des Hauts-Bassins, est limitée au nord par la région de la Boucle du Mouhoun, au sud par la Région des Cascades, à l’est par la Région du Sud-Ouest et à l’Ouest par la République du Mali.
Elle couvre une superficie totale de 25 479 km² soit 9,4 % du territoire national.
De par sa position géographique, la région des Hauts-Bassins et en l’occurrence Bobo-Dioulasso a toujours constitué une véritable plaque tournante en matière de transport international et national aussi bien pour les marchandises que pour les personnes. La population est estimée à 1 776 803 habitants en 2012.
Honorables invités ;
Mesdames et Messieurs ;
Comme on peut aisément le constater, ces différentes villes et leurs territoires regorgent d’un potentiel en ressources naturelles peu exploitées et disposent de certains facteurs de production (électricité, pistes rurales, routes nationales, aéroports) favorisant la concentration d’entreprises dans les domaines de l’agrobusiness, de l’agro-industrie, de la logistique et le développement de chaînes de valeurs dans les filières disposant d’avantages comparatifs ou compétitifs.
L’ambition de la ZES est de mettre en synergie toutes les opportunités de développement entre les trois (03) pays de manière à rendre leurs économies plus complémentaires, en particulier dans la zone transfrontalière.
L’objectif visé par le projet de la ZES est de créer des opportunités d’investissements et un environnement juridique et commercial favorable notamment dans les domaines de l’agro-business, des technologies de l’information et de la communication, de la culture, du tourisme, des services médicaux, des industries manufacturières et des services financiers.
Il s’agira spécifiquement de :
– Bâtir une infrastructure résiliente ;
– Développer les chaines de valeur agricoles prioritaires allant de la production, la conservation, le transport, la transformation à l’accès aux marchés afin de favoriser le développement économique ;
– Renforcer la productivité et la compétitivité des entreprises implantées dans la Zone ;
– Accroitre les échanges intra-communautaires et les exportations en s’appuyant sur une infrastructure qualité.
Telle que projetée, la ZES offrira un environnement propice pour réaliser l’intégration économique des trois pays concernés dans les chaînes des valeurs mondiales et réaliser des projets de développement qui leur permettront de régler toutes les problématiques liées aux différents défis industriels.
Ceci parce qu’elle sera une région géographique dotée d’infrastructures adéquates dans laquelle les lois économiques sont plus libérales, c’est-à-dire plus avantageuses pour les entreprises, que celles pratiquées dans le reste du pays.
Elle permettra ainsi d’attirer les investissements étrangers, de créer des emplois et d’améliorer l’accès à la technologie.
Excellences, Messieurs les Premiers Ministres ;
Mesdames et Messieurs les Ministres ;
Cet évènement, en plus de l’aspect économique, revêt une dimension socioculturelle qui mettra en exergue les relations séculaires de solidarité et de brassages culturels et sociaux impressionnants qu’entretiennent les localités concernées par la ZES.
L’implication de l’ensemble des acteurs concernés est souhaitable, c’est-à-dire les ministères et les structures techniques, la société civile, le secteur privé, les collectivités territoriales, les partenaires techniques et financiers.
L’opérationnalisation de la ZES nécessite des fonds financiers conséquents, et l’appui des partenaires techniques et financiers tels la Banque mondiale, la BAD, la BADEA, la BOAD, la BIDC, etc. est sollicité. Il en est aussi de nos institutions et organisations régionales et sous régionales d’intégration régionale et de coopération notamment la CEDEAO dont je salue l’accompagnement dans ce projet.
La mise en œuvre de ce projet nous permettra de relever ensemble les défis économiques, industriels et socio-culturels actuels et futurs et de mettre en commun leurs ressources en vue de leur insertion rapide dans la chaine de valeur mondiale; d’encourager la création et le renforcement de projets industriels publics et prives a caractère multinational et intégrateur; de promouvoir les PME/PMI pour soutenir une croissance économique durable et inclusive et pour promouvoir la création d’emplois décents ;de privilégier une approche commune basée sur une mutualisation des ressources comme un meilleur moyen pour alléger ce poids dans la réalisation de la ZES; d’accroitre les flux d’investissement dans leurs Etats et d’accélérer leur intégration économique;
Sous l’égide de nos Hautes Autorités, nous sommes à partir de ces moments solennels engagés pour mettre en place un groupe inter Etats pour assurer le pilotage de sa réalisation.
Bon vent à la Zone économique et sociale du triangle Sikasso, Korhogo et Bobo Dioulasso.
Je vous remercie pour votre amiable attention
Daouda Bakary KONE Journaliste économique, fondateur et directeur de la publication du site d’information économique croissanceafrique.com
Mail: croissanceafrik@gmail.com