Par Journal Mali-Emergent
Modibo Mao Makalou est notre ‘Économiste de la semaine, Président-directeur du cabinet International business services (IBS Sarl). Fin connaisseur des services et l’administration publique, avec à la clé…. plus de quinze ans d’expérience, le natif de Beijing (Chine) est chargé de la gestion de l’administration de la société dans le domaine de l’intermédiation du commerce international et consulting économique. Dans cette semaine, il donne son analyse sur le contenu des accords de coopération monétaire entre les Gouvernements des 8 pays de l’Afrique de l’Ouest et le Gouvernement Français. Lisez !
Pourriez-vous nous expliquer le contenu des accords de coopération monétaire entre les Gouvernements des 8 pays de l’Afrique de l’Ouest et le Gouvernement Français ?
C’est le 25 décembre 1945 que la France a créée des monnaies spécifiques dans ses colonies y compris le franc CFA (colonies françaises d’Afrique). Ensuite en 1955, deux caisses d’émission seront créées une pour l’Afrique occidentale française (AOF) et une pour l’Afrique équatoriale française (AEF). Elles sont dotées d’un compte d’opérations ouvert auprès du Trésor français mais c’est en 1959 que la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) dont le siège sera à Paris remplacera l’Institut d’Emission de l’Afrique Occidentale Française et du Togo.
En effet, c’est au début des indépendances dans les pays africains francophones (ex-colonies françaises) à l’exception de la Guinée et de Madagascar que des conventions de coopération monétaires seront signées remplaçant ainsi les conventions bilatérales qui existaient. Ainsi, l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) sera créée le 12 mai 1962 entre la France et 6 pays africains : le Bénin (ex-Dahomey), le Burkina Faso (ex-Haute Volta), la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, le Niger et le Sénégal et le CFA deviendra communauté financière africaine. Aujourd’hui, l’UMOA compte 8 pays membres, le Togo rejoindra l’UMOA en 1963, le Mali qui avait quitté en juin 1962 sera intégré de nouveau en 1984, la Mauritanie quitta en 1973 et la Guinée Bissau fut admise en 1997 au sein de l’UMOA. En janvier 1994, l’union monétaire sera complétée par l’union économique à travers la signature par les 8 pays membre de l’UMOA du Traité de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (Traité de l’UEMOA).
Quelles sont les fonctions et les missions de la BCEAO ?
Les organes de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) dont le siège se trouve à Dakar sont : le Gouverneur, le Comité de Politique Monétaire, le Conseil d’Administration, le Comité d’Audit, et les Conseils Nationaux du Crédit, à raison d’un Conseil dans chacun des Etats membres de l’UMOA. Disposant de la forme juridique d’établissement publics international, la BCEAO assure les missions habituellement dévolues aux banques centrales : conduire et mettre en œuvre la politique monétaire et la politique de change, gérer les réserves officielles de change des États membres, superviser les établissements de crédit, veiller à la stabilité des systèmes bancaire et financier, et disposer du privilège régalien d’émettre de la monnaie sur le territoire des États membre de l’UMOA.
Pouvez-vous donner des éclaircissements sur les derniers changements intervenus entre l’UMOA et la France suite à la visite du Président Emmanuel Macron en Côte d’Ivoire en décembre 2019 ?
L’Accord de Coopération Monétaire qui a été signé le 21 décembre 2019 entre les pays membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo) et la France, remplace le précédent accord du 4 décembre 1973. La révision de l’accord porte sur quatre axes principaux :
- Les autorités de l’UEMOA ont indiqué leur souhait de passer du « franc CFA » à l’« ECO » ;
- La suppression de l’obligation de centralisation des réserves de change de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) sur le compte d’opérations du Trésor français ;
- Le retrait de la France des instances de gouvernance de l’UEMOA ;
- La mise en place concomitante de nouveaux mécanismes de dialogue et de surveillance des risques.
Le régime de change reste toutefois inchangé, avec le maintien de la parité fixe entre l’euro et la devise de l’UMOA (1 euro = 655,997 FCFA), ainsi que le maintien de la garantie de convertibilité assurée par la France (garant) qui met à la disposition de la BCEAO un accès illimité d’euros en cas d’épuisement des réserves officielles de change de l’UEMOA
Bamako, le 20 janvier 2021
Modibo Mao MAKALOU
MBA/Finance Internationale