Selon la Banque mondiale, les jeunes représentent 60 % de l’ensemble des chômeurs africains.Plus de 200 000 d’entre eux, rien que pour le Sénégal, arrivent chaque année sur le marché de l’emploi.
La situation est tellement préoccupante à l’échelle du continent au point où des milliers de candidats à l’émigration tentent, en prenant énormément de risques, de rejoindre une Europe barricadée. Pourtant ces derniers ont tout fait pour braver les incertitudes liés à l’avenir.Certains d’entre eux par dignité, ont investi les marchés comme vendeurs ambulants, coordonniers, tailleurs mobiles, portefaix etc..
Un beau jour, les autorités étatiques et municipales, sous prétexte de mieux organiser et moderniser les marchés les ont déguerpis ostensiblement ravivant ainsi la question du chomage des jeunes.On les chasse, ils reviennent. On déploie les forces de l’ordre, ils recidivent.
L’une d’entre elles d’un âge assez avancé me disait « j ‘ai quatre jeunes enfants à nourrir et je n ai pas les moyens, je n’ai que cette activité au marché et on veut la détruire, que vais je devenir? »Ces autorités appliquent ces mesures parcequ’ en Occident ont le fait.
C’est du mimétisme inacceptable.En effet, le marché n’a.pas la même vocation selon qu’ on se trouve en Afrique ou ailleurs, dans les pays développés..Chez nous, ce sont des.lieux de rencontres entre villageois et citadins, des espaces de dialogue culturels et religieux.
Des occasions de partage d ‘expérience mais aussi d’acheter peu chers lorsque les marchands ambulants sont autorisés à vendre.Hélas, pour cause de mimétisme, on applique aveuglément ce qui se passe en Europe et aux États-Unis Unis, qui n’ont pas évidemment les mêmes réalites socio-économiques que nous.
On préfère accorder la priorité aux automobilistes en leur réservant plus de places pour se garer mais aussi aux infimes privilégiés qui peuvent se procurer des boutiques. Tout ceci au détriment de la conservation de millions d’emplois précaires qui contribuent à la lutte contre la pauvrete.
Ce déguerpissement intempestif des marchands ambulants dans nos marchés est incohérent, contre-productif et lourd de danger.Voilà pourquoi les lieux publics de commerce en Afrique deviennent de plus plus des lieux fantômes, au lieu de conserver leur charme exotique, convivial, comme espace de prospérité partagée.
Il est temps de réfléchir à des formules endogènes qui puissent éviter les obstructions en matière de circulation dans les marchés tout en permettant au secteur informel d’exprimer naturellement se talents au grand bénéfice des populations
Magaye GAYE
Economiste international