
(CROISSANCE AFRIQUE)-Le secteur de l’agriculture est un sujet majeur sur le continent africain, représentant 23% du PIB du continent et 55 % des emplois.
Malgré un poids non négligeable dans l’économie, les problèmes dans le secteur de l’agriculture sont nombreux. Dans certains pays africains, 90 % des terres rurales ne sont répertoriées dans aucune base officielle. Etant donné que la gestion du registre cadastrale manque généralement de clarté, il n’est pas rare d’observer dans les tribunaux, des affaires dans lesquelles un terrain ou une propriété a été vendu à plusieurs personnes à la fois.
Le contrôle, l’appropriation, la défense et la reconnaissance des droits d’utilisation des ressources foncières engendrent des violences et des tensions impliquant divers types d’acteurs. C’est la raison pour laquelle les investisseurs internationaux et les entrepreneurs privilégient des placements moins risqués.
Se tourner vers la blockchain est la solution la plus prometteuse. En effet, Un système dématérialisé sans organe central recréera une confiance et une sécurité inviolable. Il bouleversera les métiers de tiers de confiance dont celui des notaires, garants des titres de propriété des terres.
On notera avec intérêt qu’en Afrique, l’Afrique du Sud, le Ghana, le Kenya, le Nigéria, la République Démocratique du Congo ou le Rwanda, utilisent déjà la blockchain dans le secteur de l’agriculture.
Au Ghana, l’ONG Bitland, fondée en 2014 par Narigamba MWINSUUBO, permet à des propriétaires d’enregistrer leurs parcelles dans un registre sauvegardé et sécurisé par la blockchain
Qu’est-ce que la blockchain ?
La blockchain est une chaîne de blocs ou conteneurs numériques, dans lesquels sont stockées des informations de toute nature.
La blockchain est, pour résumer, un registre numérique inaltérable, bâti sur la base d’un consensus, entre les participants, de toutes les étapes ou séquences d’une opération. Ainsi, une blockchain serait à même d’identifier pour chaque achat ou chaque vente d’une propriété, leur bonne utilisation « Franc CFA par Franc FCA », de la date de la mise à disposition des fonds jusqu’à celle de la dernière dépense.
Tous les intervenants contribuent à l’enrichissement à la base de données.
Pour garantir la fiabilité et l’intégrité des données, la blockchain fait appel à des « mineurs », choisis parmi ses intervenants (participants au projet financé, contributeurs ou lecteurs) qui, suivant des règles prédéfinies valident les informations avant de les inscrire (pour toujours) sur la blockchain. Les blocs d’informations, horodatés et ajoutés à la chaîne, ne peuvent plus être modifiés.
La mise en place de la blockchain dans le secteur de l’agriculture
L’innovation blockchain permettrait de digitaliser le cadastre et d’offrir ainsi une solution pérenne et fiable d’identification des terrains et immeubles.
De façon pratique, la blockchain capture et enregistre chaque transaction tout au long de la vente d’une propriété ou un terrain, permettant une transparence. Les administrateurs sont donc à ce moment en mesure de visualiser et de surveiller l’état des propriétés et des actes de vente en temps quasi réel, ainsi que d’avoir un accès instantané à un historique transactionnel complet et permanent.
Prenons par exemple deux citoyens – un acheteur et un vendeur – qui ont négocié la vente d’une maison et souhaitent enregistrer leur acte de vente auprès des autorités locales. Ils se rendront aux bureaux des services gouvernementaux, un représentant validera alors l’acte de vente dans le système alimenté par la technologie blockchain. Ce système enregistrera l’acte de vente en présence de l’acheteur et du vendeur. Il traitera également les approbations de ces derniers. Une fois la transaction approuvée, un transfert automatique de propriété sera effectué.
Cette technologie permettra notamment de rassurer les potentiels investisseurs.
Des problèmes persistent
Le premier problème réside dans l’identification des réels propriétaires afin d’éviter toute spoliation. Pour résoudre ce problème, la blockchain pourrait par exemple être synchronisée à un système d’authentification fort, à l’instar du système d’identification utilisé par les banques lors d’un paiement électronique. Les 40 % de terres rurales actuellement cadastrées en Afrique ont été immatriculées sur la base des connaissances traditionnelles des délimitations des terres que détiennent les chefs traditionnels, véritables cadastres vivants.
Le deuxième problème réside dans l’administration de la preuve du cadastre. Il faudrait dès lors trouver un consensus au niveau des administratives nationales.
[1] Julien Briot est un expert en compliance doté d’une solide expérience dans le financement de projets, l’énergie et le secteur bancaire, tant en France qu’à l’international (Luxembourg, Maghreb et Sénégal). Également auteur, conférencier et intervenant dans de prestigieuses écoles de commerce comme HEC Paris, il est convaincu de l’apport des nouvelles technologies à la compliance).
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