(CROISSANCE AFRIQUE)- L’hôtel Azalai a servi de cadre le lancement officiel et le dédicace du nouveau livre « L’Eveil des silencieuses » de Sadya Touré le samedi, 03 juin 2023. A cette occasion, les hommes de lettres, les amoureux de la lecture, les amis, les collaborateurs et les parents de l’auteur étaient magnifiés l’écriture et félicités cette écrivaine pour sa plume au service de ceux ou celles qui n’ont voix.
En effet, ce livre « L’éveil des silencieuses » est un roman publié le 17 février 2023 dans les éditions l’harmattan guinée. C’est un récit dans lequel, la narratrice parle de la vie de deux héroïnes : Doussou et Aliyah, deux femmes maliennes dont les vies sont bâties de souffrance, de trahisons, de désillusions, elles combattent toutes les deux, l’épreuve de veuvage. N’étant pas préparées et n’ayant jamais songé à cette situation tragique, elles apprendront à leurs dépens qu’est ce que la vie en absence leurs compagnies. Elles livrent ensuite un combat de tous les jours pour leurs enfants. Aussi, elles subiront seules les rituels liés à la tradition, qui vont raviver, pour ces veuves la douleur de la perte des âmes chères qu’elles ont aimées et qui les protégeaient.
Concernant le style de l’écriture, dans ce roman l’auteure utilise le verbe facile, c’est comme elle voudrait que le problème évoqué soit compris tous au tôt que possible et qu’une solution soit trouvée. « Le livre est bien écrit de part sa simplicité aussi la maitrise de l’écriture. L’auteure est cohérente du début à la fin de son texte malgré le volume ça c’est très important », selon le critique littéraire Sékou Fofana.
Ensuite, M. Fofana a souligné la pertinence des thèmes soulevés dans le roman. « Les sujets principaux sont des sujets d’actualité. L’esclavage par ascendance qui était un sujet tabou, aujourd’hui on en parle. Il faut contribuer à en parler, continuer à en parler de sorte que cette pratique cesse dans notre société. L’amour, qui dit l’amour, c’est un sujet eternel, on peut en parler des jours et des jours. Je pense que le mérite de l’auteure c’est d’avoir osé de parler de ce qui est interdit de ce qui fait fâcher des gens, mais dans la littérature on s’en fout de qui n’est pas content. Si quelqu’un n’est pas content, il n’en qu’à ne pas lire livre. Je pense qu’il faudrait continuer à parler du sujet avec l’auteure partout au Mali ici, au nord et au sud », a-t-il expliqué.
En tant critique littéraire, Sékou Fofana donne conseille à l’écrivaine Sadya Touré, celle qui a osé tremper la plume dans la plaie pour qu’il ait une prise de conscience collective. « J’aurais conseillé à l’auteure de laisser plus de suspens, un peu plus de suspens pour permettre aux lecteurs de deviner certaines réponses », a-t-il conseillé.
L’auteure de ce livre, Sadya Touré n’est pas contre les pratiques traditionnelles positives, mais elle dénonce celles qui sont néfastes.
« Je ne suis pas contre les pratiques traditionnelles, mais je suis contre toute pratique traditionnelle néfaste ! Toute pratique qui s’appuie sur l’argument de la tradition pour justifier la déshumanisation, l’atrocité, la souffrance des êtres humains. Toute pratique qui n’apporte pas du positif ou de la valeur ajoutée à l’humanité, mais qui au contraire crée des injustices n’a pas sa place dans le monde. Je suis pour les pratiques traditionnelles qui élèvent l’Homme, qui mettent l’humain au centre de tout, qui valorisent des valeurs humaines, car l’Humain est sans doute l’une des plus complètes et entières créations du Créateur de l’Univers », a-t-elle expliqué.
En effet, Sadya Touré a expliqué le projet d’écrire ce roman lui est venue lorsqu’elle travaillait sur un programme d’assistance juridique et judiciaire aux victimes d’esclavage par ascendance, et que dans le cadre de ses missions professionnelles, qu’elle avait recueilli des témoignages des victimes, de la communauté des villages concernés. D’après elle, ce problème est et reste méconnu de la plupart des maliens. Aussi, selon l’auteure, l’assassinat tristement célèbre de Diogou Sidibé à Kayes montre encore que ce sujet de société reste d’actualité et qu’aucune action de plaidoyer n’est de trop contre ces pratiques. Ainsi, en tant qu’écrivaine contemporaine, elle a ressorti dans ce roman « L’Eveil des silencieuses », la complexité de la société malienne, le déni dans sa conscience collective sur certaines pratiques, la polygamie, les us et coutumes qui reste profondément ancrée dans ses traditions.
Signalons que ce roman en mettant en scène ses veut briser le silence autour de l’esclavage par ascendance au Mali, qui reste une pratique encore acceptée dans certaines contrées. Ce roman personnifie cette tragédie, et met des émotions sur le vécu de ces communautés dites esclaves.
Enfin, il explique surtout la complexité de la société malienne, le déni dans sa conscience collective sur certaines pratiques, certains effets de la polygamie et des règles tirées des us et coutumes de la société malienne qui restent profondément ancrées dans ses traditions.
Hamadoun Alphagalo
