(CROISSANCE AFRIQUE)-Au cœur de l’espace économique de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA), une contraction notable des volumes de prêts bancaires s’est opérée durant les quatre premiers mois de l’année 2024.
Cette période a enregistré une baisse marquée des crédits accordés par les banques commerciales, totalisant 5 763,60 milliards FCFA, en recul de 7,84 % par rapport à l’année précédente. Cette évolution trace les contours d’un environnement financier de plus en plus rigoureux, sous l’effet d’une politique monétaire restrictive mise en œuvre par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Cette contraction de 490,6 milliards FCFA s’explique par un durcissement des conditions d’emprunt, avec un taux débiteur moyen de 7,19 % en avril 2024 contre 6,77 % un an plus tôt, soit une hausse de 42 points de base (pdb).
La BCEAO a initié en juin 2022 une politique monétaire restrictives, maintenue jusqu’en décembre 2023, visant à renforcer la stabilité des prix dans l’ensemble de l’union. Cette orientation a contribué à durcir les conditions de refinancement pour les établissements de crédit, se répercutant inévitablement sur le volume des prêts accordés. Le taux débiteur moyen, s’élevant à 7,19 % en avril 2024 contre 6,77 % l’année précédente, illustre cette tendance au resserrement.
Les conséquences de cette politique monétaire se manifestent diversement à travers les pays membres de l’UMOA. Le Sénégal, par exemple, a été particulièrement touché avec une hausse significative de son coût de crédit, affichant un taux de 7,11% en avril 2024 contre 5,95% l’année précédente. Cette situation contraste avec celle du Burkina Faso et de la Guinée-Bissau, où une baisse du coût du crédit a été enregistrée. La Côte d’Ivoire, quant à elle, se démarque avec le taux débiteur moyen le plus bas de l’union.
La stratégie adoptée par la BCEAO afin de contrôler l’inflation et de préserver la stabilité financière de la zone UMOA n’est pas sans conséquences sur l’activité de prêt. En effet, l’augmentation des taux débiteurs moyens, reflétant le durcissement des conditions d’emprunt, a impacté négativement la capacité des entrepreneurs et des particuliers à accéder au financement, freinant ainsi potentiellement l’investissement et la croissance économique dans la région.
Alors que le contexte monétaire de l’UMOA reste sous surveillance, l’évolution des conditions de prêt et leur impact sur l’économie constitueront un enjeu majeur dans les mois à venir. Les analystes restent attentifs aux décisions de politique monétaire de la BCEAO, ainsi qu’à leur appropriation par les banques commerciales, facteurs déterminants pour la dynamique de crédit dans l’union. Les disparités entre les pays de l’UMOA, en matière de coût du crédit, invitent également à une réflexion sur les mesures susceptibles d’harmoniser les conditions d’accès au financement à travers l’espace économique.
Notons que la période allant jusqu’à avril 2024 marque un tournant dans la dynamique de crédit au sein de l’UMOA, révélant tant les défis de l’application d’une politique monétaire restrictive que les disparités existantes entre les pays membres. La gestion de l’équilibre entre la nécessité de contrôler l’inflation et celle de soutenir l’activité économique par le crédit reste un défi central pour la BCEAO et les acteurs financiers de la région.
Zangouna KONE