(CROISSANCE AFRIQUE)-La campagne de cacao 2023/2024 au Ghana marque un tournant inquiétant pour le deuxième plus grand producteur de cacao au monde.
Avec une baisse alarmante de 55% de la production à fin juin, le pays a produit seulement 429 323 tonnes contre une moyenne de 800 000 tonnes lors des cinq dernières années.
Cette chute spectaculaire révèle la vulnérabilité de la production de cacao face à une série de défis, allant des conditions climatiques aux maladies, en passant par l’exploitation minière et la contrebande.
Les facteurs climatiques extrêmes, l’exploitation minière agressive et les maladies des cacaoyers ont considérablement affecté les rendements au Ghana. À cela s’ajoute un problème croissant de contrebande, exacerbé par la hausse des prix de l’or brun sur le marché international, poussant certains producteurs à vendre leur récolte illégalement pour un prix bien supérieur à celui fixé officiellement.
La politique de vente anticipée du cacao, pratiquée tant au Ghana qu’en Côte d’Ivoire, semble avoir joué en leur défaveur cette année. En fixant les prix à l’avance, les États n’ont pas pu anticiper la hausse spectaculaire des tarifs sur le marché mondial, rendant le prix officiel moins attractif par rapport aux offres des contrebandiers.
Cette dynamique a encouragé une part significative des producteurs à choisir la vente illégale, privant ainsi le pays de précieuses exportations officielles.
Les régions d’Ashanti et de Western South, qui sont au cœur de la production cacaoyère ghanéenne, ont été particulièrement touchées.
Leur production a drastiquement diminué, passant de 313 132 tonnes lors de la saison précédente à seulement 200 786 tonnes pour cette campagne. Cette baisse contribue majoritairement au déclin national et souligne l’impact régional différencié de cette crise.
L’impact économique sur l’État ghanéen ne se limite pas seulement à la réduction des revenus d’exportation. Le retard dans la livraison des fèves, lié à la contrebande et à la baisse de production, risque de compromettre les contrats internationaux et d’entacher la réputation du Ghana sur le marché mondial du cacao.
Face à cette crise, le gouvernement doit non seulement trouver des solutions immédiates mais également repenser sa stratégie agricole pour éviter la répétition de tels scénarios à l’avenir.
Notons que la campagne 2023/2024 aura été une année noire pour la production de cacao au Ghana. Entre la nature hostile, les maladies des cacaoyers, l’exploitation minière et la décision malheureuse des politiques de prix, le secteur cacaoyer ghanéen fait face à une des pires crises de son histoire.
Alors que le pays cherche à naviguer à travers ces eaux tumultueuses, la résilience et l’adaptabilité de ses politiques agricoles, ainsi que la lutte efficace contre la contrebande, seront cruciales pour assurer la survie et la prospérité de ce secteur vital pour l’économie nationale et la population du Ghana.
Korotoumou Sylla