(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Cameroun, le gouvernement prépare de manière proactive une nouvelle approche pour solliciter les marchés financiers, illustrée par un décret présidentiel récemment signé le 18 août 2025.
Ce texte stratégique octroie au ministre des Finances, Louis Paul Motazé, le pouvoir de mobiliser jusqu’à 930 milliards de FCFA sur les marchés intérieur et internationaux. L’objectif principal de cette opération complexe est de soutenir financièrement les projets de développement ambitieux du pays, tout en s’efforçant de réduire les dettes courantes qui pèsent sur l’économie.
Parmi les précisions du décret, il est stipulé qu’une somme substantielle de 350 milliards de FCFA sera directement mobilisée localement. Ceci sera réalisé à travers des émissions d’obligations sur la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC) ou encore via le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC).
En outre, il est prévu que 250 milliards de FCFA soient obtenus grâce à des prêts directs d’institutions privées locales, consolidant ainsi l’engagement économique entre le secteur public et privé. De plus, une part importante, 330 milliards de FCFA, sera recherchée sur les marchés bancaires étrangers, renforçant ainsi les relations financières internationales du pays. Cette initiative représente une étape cruciale vers l’amélioration de la stabilité économique tout en ouvrant la voie à une croissance soutenue.
Cette opération constitue une pièce maîtresse dans une stratégie plus large visant à diminuer les Restes-à-payer (RAP), ces factures impayées par l’État qui imposent une lourde charge sur la trésorerie des entreprises locales, et par conséquent sur la vitalité économique du pays. Les RAP, souvent considérés comme un frein au développement économique, sont des engagements financiers non honorés par l’État, ce qui complique la situation des entreprises dépendantes de ces paiements pour garantir leur stabilité financière.
Ainsi, début 2025, en réponse à la pression croissante et aux besoins urgents de liquidités, Yaoundé avait déjà pris l’initiative d’emprunter 200 milliards de FCFA sur les marchés internationaux, espérant ainsi donner un coup de pouce aux finances publiques et encourager une reprise économique.
Avec ce nouvel apport financier, le total des fonds levés cette année pour réduire les RAP atteint désormais 530 milliards FCFA, confirmant l’engagement du gouvernement à prendre des mesures concrètes pour réaligner ses engagements budgétaires tout en soutenant la croissance des entreprises locales et l’économie nationale.
Les dernières statistiques dévoilées par la Caisse autonome d’amortissement, qui est l’organisme en charge de la gestion et du suivi de la dette nationale, indiquent un encours s’élevant à 14 105 milliards de francs CFA, ce qui représente 43 % du produit intérieur brut (PIB) au 30 juin 2025.
Cette situation démontre une progression annuelle de 1,8 %, en soulignant la dynamique économique et les défis liés à l’endettement. Face à ces chiffres, les autorités s’efforcent de se montrer rassurantes auprès de la population et des partenaires internationaux.
En effet, la stratégie d’endettement définie pour la période 2025-2027 prévoit un plafond de soutenabilité fixé à 50 % du PIB, un chiffre qui reste bien en dessous du seuil communautaire de 70 % habituellement appliqué dans la zone économique de la CEMAC.
Yaoundé, la capitale, insiste sur la mise en œuvre d’une politique de gestion de la dette qu’elle qualifie de « prudente », visant à garantir l’accès continu du pays aux financements internationaux indispensables à son développement, tout en s’attachant à rembourser progressivement les dettes intérieures accumulées qui constituent un fardeau pour son économie réelle.
Notons que cette approche réfléchie et équilibrée est essentielle pour maintenir la confiance des investisseurs et soutenir une croissance économique durable.
Zangouna KONE