(CROISSANCE AFRIQUE)- Au Gabon, le président Brice Clotaire Oligui Nguéma a exprimé le souhait de créer une société nationale de transit pour moderniser et sécuriser les chaînes logistiques du pays, un objectif ambitieux visant à transformer les infrastructures existantes.
Cette déclaration a été faite en marge de l’ouverture du séminaire gouvernemental qui s’est tenu le 10 août dernier, événement qui a rassemblé de nombreux acteurs politiques et économiques autour de cette question cruciale pour l’avenir du développement gabonais.
Cette initiative audacieuse cherche non seulement à réduire les coûts logistiques et à raccourcir les délais de livraison, mais aussi à renforcer significativement la compétitivité des secteurs clés, tels que l’agroalimentaire, la transformation des minerais, le bois et le pétrole.
Aussi, ces secteurs ont été expressément identifiés par le ministre de l’Économie, Henri-Claude Oyima, comme étant critiques dans le cadre du Plan national de développement économique (PNCD) 2026-2030. En encourageant une telle transformation structurelle, le gouvernement espère attirer davantage d’investissements étrangers et promouvoir une croissance économique durable et inclusive.
Le Gabon, qui est un pays situé en Afrique centrale et qui possède une biodiversité remarquable ainsi qu’une richesse en ressources naturelles, est actuellement classé à la 115e place sur 139 pays selon l’Indice de performance logistique établi par la Banque mondiale. Cette classification met en lumière les défis logistiques auxquels le pays est confronté. En effet, le Gabon subit des délais portuaires moyens qui s’élèvent à 11,4 jours pour les importations et 6,4 jours pour les exportations, ce qui est relativement long par rapport aux normes internationales. Ces inefficacités dans la chaîne logistique posent de sérieux problèmes à plusieurs secteurs cruciaux de l’économie gabonaise, en particulier les filières agro-industrielles, minières, et forestières, qui sont surtout vitales pour les ambitions du pays en matière de diversification économique. Face à cette situation, l’éventuelle création d’une société nationale de transit apparaît très prometteuse. Une telle entité pourrait jouer un rôle clé en centralisant les opérations douanières, en rationalisant les flux logistiques et en réduisant les coûts opérationnels. Ce faisant, elle faciliterait l’exportation de produits transformés, qui ajoutent plus de valeur, par opposition à l’exportation de simples matières brutes, aidant ainsi le Gabon à tirer plus de bénéfices de ses ressources naturelles.
L’exemple du Kenya Ports Authority (KPA) illustre parfaitement et de manière significative l’impact positif d’une gestion centralisée et efficace du transit, démontrant comment une telle approche peut transformer radicalement les infrastructures logistiques d’un pays.
Depuis sa création en 1978, la KPA a réussi à métamorphoser le port de Mombasa en un hub logistique majeur, devenant un point de convergence stratégique non seulement pour le Kenya, mais aussi pour les pays voisins enclavés tels que l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi. Cette transformation progressive a permis de fluidifier l’économie régionale en assurant une meilleure circulation des biens et services.
Pour le Gabon, l’établissements d’une société nationale de transit pourrait jouer un rôle équivalent, en facilitant l’intégration de ces pôles de croissance identifiés avec soin par le ministre Oyima. Cette société pourrait non seulement rationaliser le transit des marchandises, mais aussi renforcer les synergies économiques au niveau régional.
En améliorant l’efficacité logistique, elle favoriserait fortement le développement de secteurs clé tels que l’agroalimentaire, la transformation des minerais et du bois, tout en optimisant l’exploitation du pétrole, ce qui permettrait de financer la diversification économique tant attendue. De manière complémentaire, des projets d’infrastructures structurantes, tels que le chemin de fer Boué-Belinga-Mayumba et le port en eau profonde de Mayumba, viendraient renforcer encore davantage cette dynamique en améliorant considérablement l’accès aux marchés internationaux et en facilitant les échanges commerciaux.
Notons que ces initiatives, tout en stimulant la croissance économique, pourraient aussi offrir de nouvelles opportunités d’emploi et encourager l’innovation locale. Reste désormais à faire en sorte que ces projets se concrétisent, avec une planification rigoureuse et un soutien adéquat de la part des parties prenantes.
Mariam KONE