(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Gabon, la principale société énergétique annonce des factures impayées. Cette information intervient alors que les délestages d’électricité perturbent régulièrement le quotidien de nombreux foyers et que les pénuries d’eau représentent un défi constant pour les habitants, un chiffre marquant vient illustrer l’ampleur considérable de cette crise persistante : près de 100 milliards de francs CFA de factures demeurent actuellement impayées à la SEEG, la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon. Ce montant colossal souligne une réalité alarmante dans le secteur énergétique et hydrique.
Fait encore plus préoccupant, c’est l’État, censé être le principal garant de ces services vitaux en tant qu’actionnaire majeur et premier décideur du secteur, qui retient à lui seul 72 milliards de cette dette, tel que révélé par des données diffusées ces dernières années par des médias spécialisés, informations qui n’ont jamais été contredites par les autorités compétentes. Cette dette publique, constituant à elle seule presque trois quarts du total des montants réclamés, exerce une pression écrasante sur les finances déjà fragiles de la SEEG, à un moment critique où les demandes en ressources d’eau et en électricité ne cessent d’augmenter.
En raison de l’insuffisance des ressources financières nécessaires, l’entreprise fait face à de sérieuses difficultés pour assurer la maintenance adéquate de ses infrastructures vieillissantes, pour investir dans la modernisation indispensable de son réseau, et pour garantir la continuité et la fiabilité de ses services au quotidien. Cette situation paradoxale dans un pays naturellement riche en ressources se traduit par un défi de taille où la qualité de l’accès à ces services fondamentaux reste un objectif crucial pour le développement durable et la compétitivité économique sur le long terme.
L’appel à la « rigueur » lancé par la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG) met en lumière un problème bien plus préoccupant, traduisant une fragilité ancrée dans un modèle économique qui s’appuie sur des paiements sporadiques et incertains, tant du côté des particuliers que de l’État gabonais lui-même. Effectivement, les ménages se retrouvent à cumuler des arriérés de factures, souvent non par manque de volonté de s’acquitter de leurs obligations financières, mais plutôt en raison d’une incapacité économique réelle, témoignant d’une population parfois en difficulté.
Cependant, cette situation est exacerbée par le non-paiement massif de l’administration publique, ce qui souligne une contradiction flagrante et dérangeante. Il est en effet compliqué, et peut-être même hypocrite, d’exiger une rigueur financière et une discipline strictes de la part des citoyens lorsqu’ils constatent que leur propre État, censé donner l’exemple, est le premier à accumuler des dettes et à ne pas honorer ses engagements financiers.
Cette situation d’accumulation des arriérés apparaît ainsi comme la manifestation d’un déséquilibre financier profond et chronique qui va bien au-delà d’une simple question de civisme de paiement. Dépourvue d’une portion cruciale de ses revenus, la SEEG se retrouve à fonctionner dans un contexte de contrainte financière permanente. En conséquence, la qualité des services fournis a du mal à se maintenir en adéquation avec la demande croissante due à l’expansion démographique et à l’urbanisation accélérée du pays.
Notons que le rappel adressé aux abonnés, assorti d’un ultimatum fixé au 6 décembre, se veut ainsi être à la fois un signal d’alarme destiné à la population, soulignant l’urgence pour les usagers de régulariser leur situation, et un appel pressant à la réflexion sur la santé économique et la viabilité à long terme de l’entreprise, voire du secteur tout entier.
Zangouna KONÉ

