(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Cameroun, un pays riche en biodiversité et en ressources naturelles, les exportations d’ananas, un produit clé de son agriculture, ont connu une diminution marquante de 18,1 % en moyenne entre 2020 et 2025. Cette information cruciale a été révélée dans le rapport sur la compétitivité de l’économie camerounaise, un document élaboré par le Comité de compétitivité du ministère de l’Économie, qui cherche à évaluer les performances des divers secteurs économiques du pays.
En parallèle, il est à noter que la baisse des ventes d’ananas vers les pays de l’Union européenne (UE), qui constitue le principal débouché du produit camerounais sur le marché international, a été particulièrement alarmante, atteignant un taux de 19,5 % sur la même période. Ce déclin significatif illustre les défis croissants rencontrés par le secteur de l’ananas, qui, malgré son potentiel prometteur, fait face à un recul notable de ses exportations totales, représentant une diminution de 18,1 %. Le rapport déclare avec insistance : « Le secteur de l’ananas enregistre un recul de ses exportations totales (-18,1 %) et une chute encore plus prononcée vers l’UE (-19,5 %). »
Cette citation met en lumière la gravité de la situation et suggère que des problèmes de compétitivité ou de conformité aux normes de qualité s’érigent comme des obstacles majeurs, affirmant que le seul accès au marché ne peut à lui seul résoudre ces problèmes structurels. Ainsi, la question soulevée par ces chiffres dépasse nettement la simple problématique de l’ouverture commerciale et appelle à une réflexion plus poussée sur les mesures à prendre pour revitaliser ce secteur agraire essentiel à l’économie camerounaise.
Le repli des exportations d’ananas enregistré au Cameroun en 2024 accentue considérablement la marginalisation du pays sur le marché international, où ses ventes demeurent déjà résiduelles et peu significatives par rapport à d’autres producteurs. Depuis 2019, les parts de marché du Cameroun stagnent à un modeste 0,1 %, bien en dessous de celles de la Côte d’Ivoire, qui s’élèvent à 0,9 %, selon les données fournies par le Comité de compétitivité. Cette stagnation alarmante n’a pas permis au pays de profiter de la hausse substantielle de la demande mondiale pour l’ananas, une augmentation qui a été officiellement établie à 7,3 % en 2023.
En dépit d’un potentiel agronomique reconnu et d’une biodiversité intéressante, le Cameroun reste ainsi en grande partie en marge de la dynamique d’expansion du commerce international de ce fruit tant prisé, perdant ainsi une opportunité cruciale de renforcer son économie nationale et de valoriser ses ressources agricoles tout en améliorant les conditions de vie de ses producteurs locaux.
Pour le Comité de compétitivité, le différentiel de productivité et l’étendue des superficies exploitées, par rapport aux autres pays producteurs, expliquent en grande partie cette performance en demi-teinte sur le marché mondial de l’ananas, « dont la demande potentielle est importante », un aspect qui mérite d’être pris en compte dans l’analyse des dynamiques du marché. En effet, l’ananas, reconnu pour sa douceur et sa saveur unique, continue de susciter un intérêt croissant de la part des consommateurs du monde entier, augmentant ainsi la pression sur les producteurs pour améliorer leur compétitivité.
En s’appuyant sur les données de la FAO, le rapport souligne que « les rendements de production d’ananas à l’hectare sont deux fois moins importants au Cameroun que dans un pays tel que le Costa Rica », révélant ainsi un déséquilibre significatif dans les performances agricoles entre ces nations. Ce pays d’Amérique du Sud, qui bénéficie d’un climat propice et de techniques agricoles avancées, est le premier exportateur mondial d’ananas, devant les Philippines, et il fait preuve d’une expertise qui lui permet de dominer le marché.
Notons qu’en 2023, ces deux producteurs détenaient respectivement 49,2 % et 14,8 % des parts de marché. Sur la période 2019-2023, les parts de marché du Costa Rica sont restées soutenues, à un peu plus de 47 %, illustrant la capacité de ce pays à consolider sa position dominante, tandis que le Cameroun peine à émerger malgré ses atouts naturels indéniables et son potentiel encore inexploité. Cette situation soulève des questions critiques sur les stratégies nécessaires pour relancer l’industrie de l’ananas au Cameroun et améliorer ses performances sur le marché international.
Abdoulaye KONÉ

